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25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 20:37

 

 

 

Source : Liberté

 

...On ne vous entend pas beaucoup sur ce qui se passe en Algérie. Pourquoi ce silence ?

 

 Je suis intervenu au début, notamment sur de rares télés et radios françaises, mais lorsque je me suis aperçu que j’étais présenté comme un militaire, j’ai préféré m’abstenir. Dans la confusion programmée, la lucidité n’a pas sa place, et mes propos ont été déformés ou interprétés de façon malveillante sur certains sites algériens toujours prompts à sortir la tronçonneuse dès que je remue un muscle. Lorsque les esprits s’interdisent de changer d’avis, la sagesse voudrait que l’on n’insiste pas. Ce qui se passe en Algérie m’interpelle au plus profond de ma personne. Je suis attentif au moindre soubresaut et je m’inquiète des tournures que prennent les dialogues de sourds chez nous. J’attends du concret, et le concret se voile la face. On tourne autour du pot sans oser crever l’abcès. Par exemple, ces conciliabules qui s’enchaînent chez M. Bensalah à propos des réformes, qu’apportent-ils aux attentes du peuple algérien ? J’ai le sentiment d’assister à un casting. Les gens qui défilent chez M. Bensalah ne représentent qu’eux-mêmes. Ils ont échoué dans leurs missions et ont le tort de penser qu’ils sont encore utiles à quelque chose. Les vraies réponses sont ailleurs. Il faudrait écouter les harragas, les hittistes, les offensés, les “indignés”, tous les Algériens. J’ai appris que la communauté algérienne établie à l’étranger n’a pas été sollicitée.
Or, elle recèle d’énormes potentialités, d’expériences louables. Il y a fausse donne quelque part, et je suis excédé par la redondance post-digestive qui caractérise ce débat qui devrait s’élargir à l’ensemble des susceptibilités politiques, sociales et culturelles algériennes. On ne fait pas un festin à partir des restes d’un repas consommé la veille. Nous avons besoin d’entendre d’autres sons de cloche, et les chansons que l’on nous ressasse à longueur des nullités sont en passe de nous rendre cinglés. D’ailleurs, ne le sommes-nous pas déjà un peu ? Il faut laisser s’exprimer les artistes, les consciences, les chercheurs, les universitaires ; ils sont les fibres sensibles de la nation, les vrais bâtisseurs de ses rêves et de ses ambitions.
L’Algérie a besoin d’une expertise et non de bavardages oiseux et inféconds, d’un programme clair et net capable de stimuler les foules laborieuses. M. Bensalah aurait dû revoir la liste de ses interlocuteurs. L’exclusion nous a conduits droit dans le mur. Désormais, il va nous falloir ramasser nos morceaux avec un maximum de précautions. Nous voulons découvrir d’autres figures de proue. L’Algérie n’est pas ménopausée. Elle continue d’enfanter, et l’avenir ne s’opère que dans les aspirations des nouvelles générations. Il faut donner sa chance à tout Algérien en mesure d’apporter sa pierre à l’édifice national et cesser de croire que lorsqu’on n’est pas d’accord avec certaines choses, on est un ennemi. Je ne suis pas d’accord avec un tas de gens, aussi bien dans le pouvoir que dans l’opposition, et à aucun moment je n’en ai nourri une quelconque animosité. Lorsque mon fils ne partage pas mes idées, cela ne l’empêche pas de partager mes repas, ma vie et mon bonheur. L’Algérie appartient à chacun d’entre nous, et nous sommes tous, grands et petits, responsables de son devenir. Encore faut-il s’éveiller à cette responsabilité. Beaucoup de gens sont persuadés qu’incriminer les autres les absout de leurs torts. C’est archifaux. Ce charisme d’hercule forain qu’exhibent certains dirigeants et certains opposants me rappelle le galop aérien de ces chevaux de cirque qui se la pètent pour amuser la galerie. Nous n’en sommes plus là, désormais. Nous n’avons ni le temps de frimer ni celui de nous donner en spectacle. Il y a urgence. La mondialisation effrénée ne pardonnera pas aux traînards. Il existe, parmi les Algériens, des compétences à la pelle. Il suffit de s’effacer devant elles, de les “autoriser” à sauver les rares meubles qui nous restent. J’en ai rencontré des contingents en Europe, en Asie, aux Amériques.
Ils sont banquiers, industriels, savants, chercheurs émérites, inventeurs. Tous portent l’Algérie dans leur cœur, et tous ne trouvent pas d’interlocuteurs pour faire bénéficier notre pays de leur génie et de leur savoir-faire. Nombre d’entre eux sont découragés dès lors qu’ils sont accueillis froidement dans nos ambassades. Un autre danger se profile à l’horizon. La montée virulente du racisme en Europe et les dangers qui gravitent autour de nos ressortissants pourraient, si les choses venaient à s’enfieller davantage, provoquer un retour massif de nos émigrés au bercail. C’est peut-être improbable, mais l’anticipation est la faculté de prendre une longueur d’avance sur le cours de l’histoire car un malheur est vite arrivé. Les lendemains sont des espaces en jachère, ils appartiennent à ceux qui savent les investir. Ce n’est pas en se contant fleurette qu’on aura des chances de se réveiller. Notre convalescence a trop duré, et dans la simulation grotesque qui est devenue notre sport national favori, nous manquons grossièrement de crédibilité. La question qui se pose à nous n’exige qu’une réponse à deux possibles : allons-nous enfin prendre au sérieux notre destin ou bien sommes-nous trop immatures pour n’en avoir cure ?

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