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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 21:41
el Watan


 Bouteflika ne s'est pas recueilli sur la dépouille mortelle d'ali Tounsi : Contrainte physique ou acte politique ?
Bouteflika ne s’est pas recueilli sur la dépouille mortelle d’ali Tounsi : Contrainte physique ou acte politique ?

Le contexte singulier de la disparition du premier policier du pays nécessite un acte de présence plus significatif.




Il l'a modernisée et disciplinée malgré des erreurs de gestion : L'empreinte de Ali Tounsi à la tête de la police

Le président Abdelaziz Bouteflika s’est contenté d’un message pour présenter ses condoléances à la famille du défunt Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), assassiné jeudi. Le chef de l’Etat ne s’est donc pas recueilli sur la dépouille mortelle du DGSN et n’a pas non plus assisté à son enterrement qui a vu la présence de nombreux hauts dirigeants civils et militaires. Deux frères du président, à savoir Saïd et Nacer, y étaient. Cette absence du premier magistrat du pays aux obsèques signifie-t-elle un acte politique ou s’agit-il d’une contrainte physique ? La question a été assurément posée par plus d’un ! Surtout dans un pays où l’on affectionne le langage crypté et où l’on se jette volontiers dans des lectures des plus rocambolesques sur des luttes d’influence au sommet de l’Etat.

Certes, rien de protocolaire n’oblige le chef de l’Etat à assister aux funérailles d’un haut responsable, mais le contexte singulier de la disparition du premier flic du pays nécessite un acte de présence plus significatif. L’assassinat du DGSN dans son bureau par un proche collaborateur est des plus surprenants et ne peut que ternir davantage, aussi bien sur le plan national qu’international, l’image d’un pays déjà suffisamment écorché par la masse de scandales de corruption qui éclaboussent de hauts responsables de l’Etat. Des médias étrangers n’ont pas hésité à faire un lien entre l’assassinat du patron de la police et la campagne de lutte contre la corruption en cours depuis quelques mois.

Pourquoi donc le chef de l’Etat n’a pas opéré une sortie publique lors de ce douloureux événement ? Certains observateurs expliquent cela par son état de santé qui, faut-il le rappeler, il a été opéré d’un ulcère hémorragique à l’hôpital parisien du Val-de-Grâce en décembre 2005. Ainsi, le président, qui ne ratait aucune occasion pour se mettre sous les feux de la rampe, est de moins en moins présent sur le plan médiatique. Depuis sa réélection pour un troisième mandat en avril 2009, ses déplacements, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’étranger, se comptent sur les doigts d’une seule main.

S’il s’est rendu à l’enterrement du général-major Smaïn Lamari, mort le 27 août 2007, le président a brillé par son absence aux cérémonies de recueillement et aux enterrements à la fois de l’ancien président du Sénat, Bachir Boumaza, décédé le 6 novembre 2009, du général-major Mostafa Beloucif, ancien ministre de la Défense du temps du président Chadli Bendjedid, mort le 15 janvier dernier, et du général à la retraite Larbi Belkheir, décédé le 28 janvier dernier. Si elles n’ont jamais cessé, les interrogations sur l’état de santé du président reviennent avec insistance ces derniers mois.

Certes, il a reçu, il y a plus d’une semaine, le vice-président syrien Farouk Al Charaâ, comme aussi, il a pris part en janvier dernier en Ethiopie au 22e Sommet du comité des chefs d’Etat et de gouvernement chargé de la mise en œuvre du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique). Néanmoins, son agenda semble réduit aux rendez-vous les plus importants. Même si d’autres raisons ont été invoquées par les médias, le chef de l’Etat n’a pas reçu l’envoyé spécial de l’Elysée, Claude Guéant, le 22 février, ni même le vice-ministre saoudien de l’Intérieur, chargé des Affaires de sécurité, le prince Mohamed Ben Nayef Ben Abdelaziz Al Saoud, le 9 février, qui a pourtant ramené avec lui un message du roi Abdallah Ben Abdelaziz Al Saoud. Le secret et le silence qui entourent l’évolution de son état de santé fait courir toutes sortes de rumeurs.

Pourtant, à sa sortie de l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris le 17 décembre 2005, le président Bouteflika avait promis de ne rien cacher au peuple. Il avait déclaré à la télévision algérienne, en compagnie de son médecin traitant, le professeur Messaoud Zitouni, qu’« on ne peut pas être responsable de la Oumma et cacher des choses à son peuple ».



Par M. A. O.



Il l’a modernisée et disciplinée malgré des erreurs de gestion : L’empreinte de Ali Tounsi à la tête de la police

Cet ancien colonel de la Sécurité militaire a accepté d’être à la tête de cette institution dans un contexte sécuritaire extrêmement difficile. En 15 ans, il a porté les effectifs de la police à 170 000 agents dont 9000 femmes. Il l’a modernisée et disciplinée. Le défunt Ali Tounsi peut se targuer, de là où il est, qu’il a désormais mis en place les bases d’une institution républicaine riche par ses hommes, et ce, en dépit de toutes les frasques ou les erreurs de gestion qu’il aurait pu commettre durant son mandat de 15 années. Il faut reconnaître à cet ancien colonel de la Sécurité militaire d’avoir accepté de prendre les rênes de l’institution dans un contexte très difficile, marqué par une violence inouïe et une vie sociale des plus dures. C’était le 21 mars 1995.



La Sûreté nationale qui devait entamer sa refonte, à la lumière de l’ouverture politique de 1989, s’est retrouvée confrontée au terrorisme, auquel elle n’était pas du tout préparée ni matériellement ni humainement. L’armée est déjà impliquée sur le terrain, en vertu de l’instauration de l’état d’urgence décrété au début des années 1990. Ali Tounsi a en fait succédé à deux policiers, Mohamed Tolba de 1991 à 1994, et Mohamed Ouadah, de 1994 à 1995, époque où le nombre de policiers assassinés avait largement dépassé le millier, sans compter les blessés et ceux portés disparus, enlevés par les terroristes. Une période où les policiers vivaient coupés de leurs familles, vivant souvent dans des casernes, ou dans des hôtels, et ayant comme seule préoccupation les opérations antiterroristes et avec des moyens dérisoires.

C’est d’ailleurs de cette catégorie de policiers actifs que Ali Tounsi va s’occuper en priorité ainsi qu’à la réorganisation de l’administration centrale. Ses sorties sur le terrain lui ont appris à mieux connaître l’institution et ses hommes. L’effectif s’est rétréci sensiblement pour descendre sous la barre des 60 000 hommes, pour 31 millions d’Algériens. Un chiffre très loin des normes universelles, qui prévoient 1 policier pour 300 habitants. Un plan de renforcement des effectifs, des équipements, du parc roulant, de l’acquisition d’armement et d’infrastructures est mis en place et commence à porter ses fruits. Les inaugurations des Brigades mobiles de police judiciaire se multiplient sur le territoire des zones urbaines.

Contre toute attente, et en dépit de la menace de mort qui pesait sur le métier du policier, l’engouement des jeunes pour une carrière au sein de la Sûreté nationale n’a pas été freiné. Les sorties de promotions se succèdent tout au long de l’année. En moins de dix ans, l’effectif des policiers a doublé, pour dépasser les 120 000. Ce qui a appelé à un renforcement des établissements de formation qui ont atteint le nombre d’une dizaine au moins. En 1998, le défunt a rouvert les portes de la Sûreté nationale aux femmes, après avoir été fermées durant les évènements de 1988. Il consacre l’école de Aïn Benian, ouverte en 1991, à la formation d’agents de l’ordre public (féminin) et une autre école à Constantine, pour former des officiers femmes.

En moins de dix ans, l’effectif des femmes dans les rangs de la police dépasse les 9000, ce qui constitue un acquis considérable même si l’effectif reste en deçà des aspirations. C’est aussi en 1999 que Ali Tounsi inaugure l’Institut national de la police criminelle de Saoula, un outil de formation pour la police judiciaire. Il pèse de tout son poids pour que le laboratoire scientifique de criminalité soit à la hauteur de ses homologues du bassin méditerranéen, et dépasse ceux du monde arabe. Des campagnes de recrutement de jeunes diplômés de toutes les universités a permis à ce centre de recherche criminalistique de devenir un véritable outil de travail mis à la disposition de la justice et des enquêteurs.

En parallèle, les cérémonies d’inauguration de sièges de sûreté de daïra et de commissariats se multiplient pour combler l’énorme déficit. Il avait à ce titre affirmé aux députés qui lui rendaient visite en 2001, que 350 daïras étaient dépourvues de structures de police sur un total de 555. Ce renforcement des unités s’est accompagné de la professionnalisation qui permet aux policiers de recourir à des moyens de lutte modernes. Dans ce cadre, l’institution s’est dotée de plusieurs hélicoptères équipés de caméras pour la surveillance aérienne qui permet de suivre et de chercher des personnes ou des véhicules suspects, ou encore suivre un mouvement de foule après des matchs ou lors des manifestations publiques. Il faut reconnaître au défunt d’avoir été le premier à avoir introduit des modules de droits de l’homme au niveau des écoles de police, au moment où les bavures policières faisaient les unes de la presse nationale.

Il se montrait impitoyable à l’égard de ses éléments contre lesquels des plaintes pour abus d’autorité ou de pouvoir sont déposées par les citoyens. Pour ces derniers, il lance les premières unités de police de proximité, pour être à leur écoute. Mais au fond, il savait que pour construire une police digne de ce nom, il fallait commencer par construire l’homme. Dans la préface du livre de Aïssa Kacemi sur l’histoire de la police algérienne, sorti en 2001, il a écrit : « De nombreuses idées et projections exprimées modestement par l’auteur préfigurent déjà les grandes orientations stratégiques qui guident et structurent le développement de la Sûreté nationale en ce début de millénaire : la formation et le perfectionnement permanents des personnels, l’amélioration constante de la qualité des prestations des services de police, le rapprochement et la proximité avec les citoyens, la communication. »

Mais, pour atteindre ces objectifs, il tenait beaucoup à restaurer la discipline. En 15 ans, il a fini par l’inculquer à ses 170 000 hommes, en dépit de tout ce qu’il a pu générer comme lutte de clans à l’intérieur de l’institution et surtout d’erreurs de gestion qui ont brisé des carrières et des familles. Ses ennemis ne semblent pas lui tenir rancœur. Ils étaient tous présents à son enterrement. Ce qui fait de lui un homme, ou plutôt un chef pas comme les autres…



Par Salima Tlemçani

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