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11 mars 2009 3 11 /03 /mars /2009 21:56


BAHIA FARAH

"Aṭas ay sebṛeγ
ad ṛuḥeḍ neγ ad zewjeγ..."



L'Expression
COLLOQUE SUR LA VIE ET L’OEUVRE DE BAHIA FARAH À BOUIRA
Une artiste, une gloire et une mémoire
12 Mars 2009 -

 

Une femme qui, avec son courage et son talent, a bravé tous les interdits.

Parler de grandes personnes qui ont écrit, en lettres d’or, l’histoire de la culture algérienne, cela contribue davantage à dépoussiérer leur mémoire. Une manière de réactualiser tout ce qui a été donné, par des hommes et des femmes artistes, afin que soit diversifié notre patrimoine culturel. A ce titre, et pour que la mémoire de nos artistes soit préservée, la direction de la culture de la wilaya de Bouira a, sous le patronage du ministre de la Culture, organisé un colloque de trois jours en hommage à Bahia Farah. C’est la première fois dans l’histoire de Bouira qu’un hommage est rendu à cette diva.
Avant-hier, après le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe de l’artiste, ainsi que sur la tombe de son époux, Mohamed Temmam, célèbre miniaturiste algérien et musicien surdoué, au cimetière El Kettar à Alger, la famille des deux artistes a rejoint la wilaya de Bouira, terre natale de Bahia Farah.
Le grand compositeur Kamal Hammadi a, de son côté, honoré Bouira par sa présence. Car, il est venu directement de France pour participer à ce colloque, et aussi rendre hommage à son amie Bahia Farah. Abdelkader Bendaâmache était aussi présent à cet événement. Pour ce qui est du reste du programme de la manifestation, une autre conférence sur le chant féminin de la guerre de Libération a été animée, durant la journée d’hier par Abdenour Abdesslam et Ramdane Lesheb. Pour la dernière journée, un grand spectacle aura lieu aujourd’hui au niveau de la Maison de la culture, et sera animé par de grands noms de la chanson kabyle, à l’instar d’Akli Yahiaten, Taleb Rabah...
Dans le hall de la Maison de la culture, une galerie de photos retraçant la vie et le parcours de l’interprète-chanteuse Bahia Farah. Un moment de souvenirs pour les uns et une découverte pour les autres. Puis, une conférence sur la vie et l’oeuvre de l’artiste, coanimée par les deux grands invités, Kamal Hammadi et Abdelkader Bendaâmache.
L’assistance qui suivait avec un grand intérêt les témoignages des conférenciers, semblait faire un voyage à travers les années parisiennes, l’époque où la majorité des artistes algériens faisaient des miracles en art, loin du bercail. Kamal Hammadi a beaucoup parlé de cette époque. Slimane Azem, Allaoua Zerrouki, Mohamed El Jamoussi (Tunisien) et Hocine Slaoui (Marocain), ainsi que Mohamed El Kamel se côtoyaient dans le monde de la musique. Et c’est en travaillant avec toutes ces artistes célèbres que Bahia Farah s’est fait un nom.
Un nom qui retentira à travers les âges. «C’était une femme aux grandes qualités artistiques, et d’une générosité exemplaire», témoignait Kamal Hammadi, qui garde en mémoire les mille et un souvenirs de l’artiste disparue. Pour lui, Bahia Farah, la femme qui a réussi, dès son jeune âge, à se faire une place dans la cour des grands, mérite tous les hommages. Le nom de l’époux, Mohamed Temmam, ou comme l’appelaient ses amis de la musique, «Sid-Ali», suscite tant d’intérêt.
Naissance à Bouira en 1917, Bahia Farah s’envole pour Paris à l’âge de 14 ans, où elle a décidé d’inscrire son nom comme une artiste sans égal. La preuve: son parcours d’interprète-chanteuse, de danseuse de talent, ainsi que les témoignages de ses contemporains, tout cela ne fait que conforter cette réalité. Bahia Farah, de son vrai nom Bounouar Fatma-Zohra, qui était orpheline, a non seulement fait montre de courage en bravant les interdits de l’époque, notamment le métier de danseuse, mais elle a participé à la création d’une identité culturelle. Bien que son nom soit resté longtemps oublié, son talent, lui, restera à jamais gravé dans les mémoires. Aussi, un quart de siècle après sa mort (le 1er avril 1984), Bahia Farah, par sa voix à la fois profonde et généreuse, dans le duo qu’elle a enregistré avec le monument de la chanson algérienne, Slimane Azem, Attas Issebregh restera éternelle. D’ailleurs, c’est à partir de cette chanson que le nom de Bahia Farah a commencé à retentir dans tous les milieux artistiques de l’époque. Comme elle a fait des duos avec plusieurs chanteurs de renom, à l’exemple de Allaoua Zerrouki, Akli Yahiaten et les autres. Son nom ne s’identifie pas uniquement à la chanson et à la danse, car, elle a aussi, pendant la guerre de Libération, été chargée de la sensibilisation au profit de la cause nationale. Elle était également membre actif dans les rangs d’une section de la Fédération de France.
Après l’Indépendance, Bahia Farah retourne en Algérie, où elle a travaillé plusieurs années aux côtés de cheikh Noureddine et Chérif Kheddam. Elle a laissé un riche répertoire. Environ une cinquantaine de chansons, mais les oeuvres qui ont été enregistrées ne dépassent pas une vingtaine. Elle décède à l’âge de 67 ans à Alger.
Bahia Farah faisait partie de cette génération d’artistes oubliés. Ceux qui se sont donné à fond, en musique, peinture, danse et autres domaines de l’art, et n’ont fait ce travail que pour exprimer l’amour qu’ils portaient à l’art. Il appartient aux générations qui ont pris le relais, de faire une pause et de lire dans les pages d’histoire culturelle, pour en savoir beaucoup plus de l’Algérie qui a donné naissance à des artistes de renom.

Ali CHERARAK

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DDK 12 mars 2009

Bouira Maison de la culture de Bouira, colloque sur Bahia Farah
Une dame, un parcours

 

Dans la matinée du mardi, premier jour de ce colloque qui se poursuivra jusqu’à jeudi, une cérémonie de recueillement sur la tombe de Bahia Farah et celle de son époux, le grand miniaturiste  Mohamed Temmam a eu lieu au cimetière d’El Kattar d’Alger. L’inauguration a eu lieu en présence de la famille de la défunte et de nombreux visiteurs, dont un invité de marque en l’occurrence Kamal Hamadi. Une exposition permanente d’articles de presse et de photographies de Bahia Farah était tenue sur les lieux.  Une conférence sous le thème “Aperçu sur la vie et l’œuvre de Bahia Farah”, animée par Abdelkader Bendameche et Kamel Hamadi a été organisée au niveau de la salle des conférences de la maison de la culture.  Abdelkader Bendamache , lors de sson intervention reviendra, dans sa communication sur la vie et le parcours de Bahia Farah, depuis ses débuts comme danseuse de ballet jusqu’à son ascension fulgurante dans le milieu artistique. Une carrière riche et mouvementée couronnée par des duos d’anthologie avec Slimane Azem, Zerrouk, Allaoua. Des duos qui ont fait d’elle une célébrité. Son combat durant la révolution après son intégration au sein de la troupe artistique du FLN, était une des étapes les importantes de la vie de l’artiste, sur laquelle est revenu le conférencier. “Bahia Farah faisait partie de la troupe artistique du FLN qui sensibilisait les gens sur la cause nationale. Il est très important de le souligner”, expliquera M. Bendamache. Abordant le même sujet, Kamel Hamadi, lui, qui a côtoyé et travaillé avec l’artiste apportera un témoignage poignant en disant que “même si elle n’avait pas fait d’études, Bahia Farah était une femme militante qui dirigeait beaucoup de femmes à Paris à l’époque du colonialisme’’. “Elle aimait beaucoup son pays”, temoignera-t-il. Evoquant le parcours artistique de la défunte, Kamel Hamadi expliquera que celle-ci interprétera quelque unes de ses chansons et beaucoup d’autres écrites par elle-même, par son époux et Missoum. L’ouverture du débat aux questions du public présent a vu des interventions parfois intéressantes. Notons, cependant, celle d’une intervenante relative à la thématique des chansons interprétées par l’artiste. M. Bendameche rétorquera en disant que la thématique de Bahia Farah traitait souvent de l’exil, même si le thème de l’amour revenait quelque fois dans ses chansons. Soulignons également le témoignage de la belle-sœur de la défunte qui dit découvrir pour la première fois une autre facette de la vie de Bahia Farah. Il est par ailleurs utile de signaler que le colloque s’est poursuivi hier encore. Au programme de cette deuxième journée, une conférence de presse intitulée : “Aperçu sur le chant féminin de la guerre de libération”. Cette dernière sera animée par Ramdhane Lasheb et Abdenour Abdeslam. Durant la même journée, un témoignage de Kamel Hamadi est également programmé. Enfin pour le dernier jour, un spectacle de clôture est prévu à la Maison de la culture. Il verra la participation d’artistes de renoms parmi lesquels on citera Djamel Allam, Akli Yahiatene, Seloua et une pléiade d’autres chanteurs.

Djamel Moulla


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Kamel Hamadi - Abdelkader Bendameche

Le père et le “fils adoptif”

 

Kamal Hamadi

C’est une grosse bouffée d’oxygène venant droit d’une Algérie à trois cent pour cent algérienne  qui nous a permis de respirer, autour d’un café, Monsieur Kamal Hamadi (nous y reviendrons dans nos prochaine éditions) et Abdelkader Bendameche, un autre monsieur de la culture et “fanatique” d’algérianité. Les quelques deux heures que nous avions passé ensemble à discuter, plutôt à écouter s’agissant de nous,  nous ont plongé dans un passé culturel que l’inculture aux commandes à empêcher de devenir notre avenir. 

Les deux artistes ont réussi à nous rendre nostalgiques d’une époque que nous n’avons pas vécue. Nous savourions les yeux grands comme ça  de  succulentes petites anecdotes et des fragments de vie d’artistes partis dans l’anonymat. Bendali, Slimane Azem, Temmam, Farid Ali et beaucoup d’autres maquisards de la culture ont été rappelés avec émotion à la souvenance. “Tu te rappelles …”, s’interpellent, à notre grand bonheur, de temps à autre les deux hommes, les deux complices. Oui, la complicité est flagrante. Le téléphone sonne, c’est celui de Kamal Hamadi. Au bout du fil sa femme, la grande Noura  qu’il avait laissée à Paris le temps que durera le colloque sur Bahia Farah. "Je suis avec des amis et mon fils adoptif (Abdelkader Bendameche)", dit-il à sa bien aimée avec le sourire. “Le fils adoptif” aussi  ne se départit pas d’un sourire  contagieux. Il nous parlera d’honnêteté intellectuelle et de plagiat, un mal qui ronge la culture. Il nous parlera à titre indicatif et sans avancer de nom, de l’usurpation de 9000 textes (poésie) par une seule personne.  Terrible !

Mais toute cette vérité remontera un jour à la surface, y croit dur comme fer Monsieur Bendameche. L’homme ne cache pas son optimisme. “Ce colloque à Bouira en est la preuve”, argumentera-t-il. Lors des débats qui avaient suivi sa communication, un citoyen dans le public reprochait : “Comment se fait-il que c’est aujourd’hui que nous découvrons Bahia Farah ? Où étiez-vous”. Ce à quoi répondra le conférencier : “Et vous, où étiez-vous ?”. Autrement dit la culture, l’algérianité dans toute sa splendeur, est l’affaire de tous. De toute façon, elle est plus celle du citoyen avec un grand C que celle des cols blancs   

T. Ould Amar

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