Ce ministre qui dit «Nous n’arrivons pas à identifier les raisons qui poussent les jeunes à partir ailleurs» ou son accolyte qui dit «S’il y a des solutions miracles pour les harraga nous sommes preneurs» ne sont que des menteurs. Pourquoi ?
Tout simplement parce que pas besoin de sortir de l'ENA pour en savoir les causes : la malvie causée par une dictature intégriste depuis l'indépendance, une alliance pouvoir-islamiste, avec son lot d'interdits et de frustrations (matérielles, sexuelles, ...), une aliénation culturelle au second degré (el jazira, etc...) et une misère intello-socio-écononomique. Les jeunes ne sont pas dupes et cherchent par tous les moyens à s'échapper à cet enfer et vivrent ! Ces "responsables" qui sombrent dans un fatalisme plutôt que de remettre en cause leurs mauvais choix politiques, me rappellent à plusieurs égards les Carthaginois qui sacrifiaient leurs enfants pour leur religion.
On sait par diverses sources antiques (Tertullien entre autres) que les Carthaginois pratiquaient des sacrifices de jeunes enfants en l'honneur de divinités tutélaires de la ville.
L'Expression 27 janv 2009
Le Néo-tophet
LE MINISTRE DE LA JUSTICE, TAYEB BELAÏZ, AVOUE SON IMPUISSANCE
«Le phénomène des harraga nous dépasse»
27 Janvier 2009 -
Quand un pays perd ses jeunes et quand de hauts responsables de l’Etat, payés avec l’argent du contribuable pour trouver des solutions, avouent publiquement leur échec, c’est qu’il y a un grave problème.
Voilà ce que nous apprend le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, à propos de l’un des plus graves phénomènes qui touche la plus importante frange de la population: «Nous n’arrivons pas à identifier les raisons qui poussent les jeunes à partir ailleurs», a déclaré, hier, M.Belaïz qui répondait aux questions des sénateurs.
Quand un pays perd ses jeunes et quand de hauts responsables de l’Etat, payés avec l’argent du contribuable pour trouver des solutions, avouent publiquement leur échec, c’est qu’il y a un grave problème. Le phénomène des harraga ankylose le gouvernement.
Chargé de prendre soin du dossier, l’équipe en place n’arrive même pas à établir une biopsie. Les travaux de recherche lancés il y a des mois, par la Commission interministérielle pour identifier la souche du mal, sont toujours à la case départ. Cet aveu d’échec confirme une nouvelle fois que le gouvernement est en panne d’idées et il est incapable de trouver une issue à la question des harraga. Interpellé, à plusieurs reprises sur cette question, le ministre a fini par lâcher: «La Commission interministérielle qui travaille depuis plusieurs mois sur ce dossier n’a pas abouti réellement à cerner les véritables causes qui sont à l’origine de ce phénomène», a-t-il avoué du haut du perchoir du Conseil de la nation.
Hormis le facteur déterminant du chômage, M.Belaïz reconnaît que l’Exécutif ne maîtrise pas les éléments qui incitent des milliers de jeunes à tenter l’aventure en haute mer. Sans boussole et sans trop fouiller dans les archives et consulter des experts en la matière, la réponse est visible et elle se confirme au quotidien. Le gouvernement n’a qu’à ouvrir sa fenêtre ou descendre carrément sur le terrain pour voir de visu la réalité et trouver le mot de passe du modem. Les ingrédients sont palpables. La mal-vie, l’absence des moyens et des espaces de loisirs, le manque d’encadrement et de débats ainsi que l’absence de perspectives...sont autant d’éléments qui font nourrir chez les jeunes ce sentiment d’angoisse et d’exclusion les poussant jusqu’à braver les dangers en haute mer. Au lieu d’ouvrir le débat et s’inviter dans les quartiers, le gouvernement s’engouffre dans les théories des experts et verse dans un débat à huis clos à la recherche d’outils capables de solutionner le problème, ignorant complètement la réalité. La déclaration du ministre de la Justice vient s’ajouter à celle du secrétaire général de l’instance exécutive du FLN et ministre d’Etat, Abdelaziz Belkhadem. «S’il y a des solutions miracles pour les harraga nous sommes preneurs», a répondu M.Belkhadem à un confrère qui l’interrogeait sur les ondes de la Chaîne III, à propos des solutions que propose le gouvernement pour résorber le phénomène des harraga. Dans son intervention, M.Belaïz a invité les partis et les universitaires à proposer des alternatives. Voulant défendre le gouvernement, le ministre a déclaré que la responsabilité de ce phénomène n’incombe pas uniquement au gouvernement mais elle implique également les partis politiques et les associations. «Aucun parti politique n’a crée une commission d’enquête pour détecter les raisons de ce problème», a-t-il déploré en précisant toutefois que «le gouvernement était le seul à avoir installé une Commission nationale pour prendre en charge le dossier». Les propos résument parfaitement l’impasse dans laquelle se trouve le gouvernement dans cette complexe équation de la jeunesse. Pourtant, ni les moyens ni les initiatives ne font défaut. Le projet des 100 locaux dans chaque commune, la rencontre gouvernement-walis en 2007, la politique nationale de la jeunesse, la commission nationale pour la sauvegarde de la jeunesse et les différents dispositifs d’emploi. Malgré tout, ces dispositifs et les moyens financiers qui les accompagnent, n’ont pas permis au gouvernement de maîtriser le problème et de convaincre cette «rebelle» jeunesse à renoncer à l’aventure. Celle-ci continue à braver la mer dans l’espoir de trouver le bonheur sous d’autres cieux. Deux ans après la rencontre gouvernement-walis où le chef de l’Etat a exhorté ses cadres à prendre en charge les problèmes de la jeunesse, le résultat est loin, très loin d’être satisfaisant. De grands espoirs ont été attendus de cette rencontre, mais les résultats sont décevants. La saignée continue sur nos côtes. Selon les chiffres officiels, notre pays a enregistré plus de 3600 cas de harga.
De janvier à octobre 2008, les Forces navales algériennes ont intercepté, dans le cadre de la lutte contre l’émigration clandestine, 1533 émigrants clandestins. Durant l’année 2007, 1530 harraga ont été interceptés, dont 1485 Algériens. En 2006, pas moins de 1016 personnes ont été arrêtées contre 335 harraga et 29 corps repêchés en 2005. Ces statistiques indiquent clairement que le nombre des harraga enregistre une courbe ascendante. Il faut noter que ces derniers représentent 70% de la population.
Un potentiel que le gouvernement n’a pas su sauvegarder pour construire son développement. Bien au contraire, le gouvernement a encore aggravé la situation en introduisant des sanctions à l’encontre de toute personne qui quitte le pays d’une manière illégale.
Nadia BENAKLI
Un responsable de l’association des Disparus de la mer à Oran a annoncé avoir alerté le gouvernement sur l'affaire des 600 dépouilles « de harragas » algériens que les autorités Espagnoles ont décidé d’incinérer.
Les 600 dépouilles se trouvent au niveau des services de la morgue à « Alicante » depuis très longtemps.
Le responsable a indiqué que l’association attendait une décision du ministre de la solidarité, Djamel Ould Abbas, « qui a été informé de ce sujet par les autorités espagnoles et les associations algériennes qui activent dans ce domaine humanitaire, afin de rapatrier les 600 dépouilles de harragas et les inhumer dans leurs pays. On essaiera de nouveau de rencontrer le ministre précité ainsi que le ministre des affaires étrangères pour les inciter à intervenir afin, et d’un commun accord avec les responsables de l’autre rive de la méditerranée, d’empêcher l’opération d’incinération».
Sce : El-Khabar
source: http://www.lexpressiondz.com/
L’ÉCRIVAIN YASMINA KHADRA À L’ANCIEN CHEF DE GOUVERNEMENT
«Démissionnez M.Belkhadem!»
20 Janvier 2009 -
Tout cerveau qui s’exile est un assassinat, tout espoir qui s’éteint est une trahison et tout aveu d’impuissance de la part d’un décideur est une catastrophe.
Les dernières déclarations de Abdelaziz Belkha-dem, représentant personnel du chef de l’Etat, sur le phénomène des harraga ne cessent de susciter des réactions.
«S’il y a des solutions miracles pour les harraga nous sommes preneurs», avait en substance déclaré, récemment, M.Belkhadem, avouant l’impuissance du gouvernement à venir à bout des problèmes de la jeunesse algérienne. Des propos défaitistes qui ont fait sortir de sa réserve l’intellectuel et écrivain algérien, Yasmina Khadra.
Dans une lettre ouverte adressée à M.Belkhadem, l’auteur de L’attentat a invité, en des termes directs, le n°1 du FLN, à la démission.
«Il existe un miracle en chaque chose, M.Belkhadem. Le miracle de réussir là où d’autres ont échoué. Le miracle de démissionner quand on ne peut plus rien donner...Voyez-vous? Il suffit de vouloir», a écrit M.Khadra dans sa lettre.
Pour Yasmina Khadra, les propos de M.Belkhadem à propos des harraga sont irrecevables. Un discours n’est, selon lui, solvable que lorsque ses répercussions sur le terrain sont payantes. «Il ne suffit pas d’occuper une tribune pour dominer son monde, encore faut-il le convaincre, parvenir à lui mettre la main à la pâte et le mener au bout de l’ensemble des défis que l’on est supposé relever», a-t-il expliqué.
Durcissant le ton, l’auteur de la lettre a rappelé à l’ancien chef de gouvernement que si un responsable politique a des obligations et des problèmes à résoudre, il a aussi le devoir de rendre le tablier s’il a conscience de son inutilité. Des propos qui ne laisseront certainement pas muet M.Belkhadem, prompt à réagir à ses contradicteurs. Très sévère, Yasmina Khadra recadre la problématique de la jeunesse en estimant que le «constat est désespérant» et de s’exclamer: «Comment peut-on sévir contre une jeunesse effroyablement désenchantée alors qu’il est question de la sauver de l’ennui en train de la chosifier? Comment ose-t-on jeter en prison de jeunes gens qui ont choisi de risquer leur vie au large de la mer plutôt que de moisir au pied des murs défigurés ou à l’ombre de cafés sinistrés?» et d’apostropher M.Belkhadem: «Depuis quand les geôles sont-elles des cures thérapeutiques, un antidote, une panacée?» soulignant qu’«incarcérer les harraga est un non-sens, une absurdité, un traitement contre-nature».
Yasmina Khadra explique encore que cette démarche (l’emprisonnement des harraga) «(...) dénote l’inaptitude de nos responsables à s’assumer, préférant faire porter le chapeau à ceux-là mêmes qui ploient sous d’intenables carcans. Il n’est pire cruauté que de faire, des souffre-douleur, des boucs émissaires».
L’auteur de «Le Dingue et le bistouri» poursuit en écrivant: «L’Algérie est un paradis, M.Belkhadem, un paradis dont les rêves sont ailleurs, ce qui pousse des milliers d’adolescents à sauter dans des embarcations de fortune pour aller à leur recherche, parmi les naufrages mortels et les insolations irréversibles», a-t-il souligné. Allant plus loin dans son réquisitoire, l’écrivain algérien épingle les élus de la nation qui ont failli à leur mission et à tous les niveaux: «Que sont devenues nos idoles dans cette quête névrotique de l’enrichissement suspect qui a fait de nos maires, de nos walis, de nos députés, de nos sénateurs, enfin de l’ensemble de nos faiseurs de société, des faiseurs de désillusions?». Dans sa lettre ouverte, Yasmina Khadra a décrit une jeunesse désespérée, laminée, lessivée, dévitalisée et qui n’éprouve plus le besoin de survivre à son désarroi grandissant. «Notre jeunesse souffre, M.Belkhadem. Elle a épuisé toute sa patience, toutes ses prières et tous ses ras-le-bol», écrit-il encore.
Il a également raconté une jeunesse qui ne croit plus en ses dirigeants. «Notre jeunesse ne fait plus confiance à vos promesses parce que vous ne les avez jamais tenues», explique-t-il.
Dans le même ordre d’idées, Yasmina Khadra qui n’a pas manqué d’énumérer les préoccupations de la jeunesse algérienne (travail, débouchés, formation adéquate, respect et confiance), a appelé les responsables à assainir ses lendemains en lui proposant des projets concrets, un devenir fiable, des repères probants, bref, une vraie feuille de route reposant sur un programme clair et réalisable.
Plus loin dans son analyse de la situation, il a accusé les dirigeants d’incompétence et de culpabilité auxquelles renvoie directement le désespoir de cette frange de la société. Il les a invités en ce sens à cesser de la considérer comme une tare sociale ou une tracasserie politique.
Et Yasmina Khadra de conclure: «Tout cerveau qui s’exile est un assassinat, tout espoir qui s’éteint est une trahison et tout aveu d’impuissance de la part d’un décideur est une catastrophe. Alors, lequel des miracles choisir: celui de la rédemption ou bien celui de la démission?».
Karim AIMEUR