Dans les locaux de Radio Soummam l’atmosphère est depuis maintenant plus d’une année très tendue, du fait des reaménagments apportés à la grille radiophonique qui n’ont pas été sans faire des mécontents au sein même de cette station. Des voix se sont élevées pour dénoncer les nouvelles orientations aux relents “idéologiques” de l’actuelle direction de cette station régionale.
L’affaire de Radio Soummam, en est désormais une, et a même été inscrite à l’ordre du jour de l’APW de Béjaïa lors de sa dernière session ordinaire. Des élus ne vont pas par mille chemins pour accuser l’actuel directeur de vouloir faire de Radio Soummam sa “propre boîte”, avec à la clef et par touches successives une volonté à peine voilée d’ “arabiser” une station pourtant émettant en Kabylie. Pour le président de l’Assemblée populaire de Béjaïa, le responsable Radio Soummam n’apprécié guère le débat contradictoire. “Les choses sont claires pour nous. Nous voulons que Radio Soummam réponde aux aspirations de notre localité, et ce, en amorçant une manœuvre de rétropédalage. C’est-à-dire, revenir à l’ancienne programmation” a souligné Hamid Ferhat au cours de son intervention, en précisant au passage que la situation qui couve à Radio Soummam est au bord de l’explosion.
“Il y a au sein même de cette Radio, un mécontentement qui s’exprime. D’ailleurs, le directeur de la Radio algérienne a été saisi par écrit par des professionnels de cette station”, dit-il, en faisant remarquer que l’APW de Béjaïa a inscrit la situation à Radio Soummam à son ordre du jour pour l’intérêt de celle-ci. Il a rappelé au passage, les efforts que déploie l’APW pour la construction du nouveau siège de la Radio Soummam. Là-dessus, il est à signaler que les locaux de Radio Soummam sont dans un état de délabrementtrès avancé. Et c’est le personnel de cette station qui en pâtit le plus ! Dans la foulée d’un réaménagmement qui ne dit toujours pas son nom, sinon obéissant à des considération larvées , plusieurs animateurs et producteurs d’émissions ont appris, eux aussi, et à leur corps défendant, via des coups de téléphone fatals, leur exclusion de l’antenne. Ainsi les voix des Sadek Ouali, Lilia, Célina et Hakim Assoul se sont intempestivement essoufflées suscitant au passage mille et une interrogations. Pour dire vrai, ces voix ont été bel et bien bâillonnées, les unes par l’ex-directeur et les autres par l’actuel responsable de la Radio locale.
Sinon comment expliquer qu’au moins six animateurs ont été “exclus” les uns après les autres en quelques mois seulement.
L’exclusion de Célina, par qui le scandale a éclaté, obéirait à des considérations linguistiques -Voir notre édition du 14 février 2010-
D’un débit à la mitrailleuse, elle a fait de la promotion de la langue de Si-Mohand son cheval de bataille. Aux cotés d’enseignants du département de la langue et de la littérature amazighes de l’université de Béjaïa, Célina et ses invités poètes s’exprimaient de bout en bout en tamazight. Ce qui n’a pas été, selon elle, du goût d’Ahmed Belaidi, lequel procède, par touches successives, à l’arabisation de Soummam-FM.
Akli Kaci a été également remercié par l’actuel directeur de la Radio locale. Il n’arrive toujours pas à saisir le pourquoi de son éviction.
Mais une chose est néanmoins claire, il est écrivain et enseignant de tamazight au lycée technique de Béjaïa donc capable de contrarier les projets “inavoués” de M. le directeur.
Il est à rappeler, par ailleurs, que Radio Soummam de Béjaïa, s’est distinguée l’année dernière, à la faveur de la troisième édition du micro d’or en remportant trois prix.
Le jury du micro d’or de la Radio nationale a discerné le premier prix de la meilleure émission politique à l’actuel directeur de Radio Soummam, Ahmed Belaïdi.
Quant à Malek Hmaïdi et Nadia Cheurfa, les deux journalistes ont eu droit au mêmes faveurs que leur collègue A. Belaïdi.
B. B
Radio-Bouira : Rompre avec la langue de bois et valoriser la proximité citoyenne
23 Décembre 2010 Salas O. A
A côté du téléviseur, la radio est l’appareil que l’on retrouve dans quasiment tous les foyers. Il nous poursuivra jusqu’à dans nos automobiles. Il intégrera même nos téléphones portables. D’emblée, cet ancêtre du TSF est physiquement à proximité du citoyen-auditeur. Le tout est de savoir si cette proximité caractérise aussi “les sujets” qu’il traite et que ses ondes émettent.
De toute façon, et par essence, en terme de teneur, la Radio locale est censée assurer un service public de proximité. Ceci est d’autant plus légitime qu’elle est à “l’écoute” d’un environnement limité dans l’espace. Il est évident que cet environnement est enrichi d’un ensemble de comportements sociaux, culturels et économiques. Il est donc tout naturel que les radios locales,ou régionales dont les stations régionales de Kabylie (Radio Soummam, à Béjaïa, Radio Bouira et, pour bientôt, Radio Djurdjura, à Tizi Ouzou) collent à la réalité de leurs environnements, qui les différencient, en terme linguistique et qui dit langue, dit aussi culture, d’autres régions du pays.
Déjà, et nonobstant la nature des programmes retenus par ces radios de Kabylie, dont bientôt Radio Djurdjura, ces stations sont d’emblée un acquis participant à la réhabilitation de la culture berbère génériquement et kabyle tout particulièrement.
Ouverte il y a maintenant plus de dix ans, Radio Soumamam, la doyenne a, tout de suite, focalisé, non seulement l’intérêt des auditeurs de Béjaïa, mais elle a aussi “capté” des Kabyles implantés dans un rayon de 200 km à la ronde.
Cette unanimité ne durera cependant que le temps de se rassasier de “taqbaylit”. L’auditeur, et c’est tant mieux, se concentrera sur le contenu que véhicule “ taqbaylit”. La langue redevient, tant mieux, un moyen de communication, qui informe le citoyen sur sa proximité, souligne ses préoccupations et “l’intègre” sans heurts et sans le dépersonnaliser dans un “ensemble nation” façonné par une diversité. Cet “ensemble nation” est, dans la forme, mis en relief par la Radio de Bouira qui émet depuis déjà plus de deux années.
Parce que la population, estimée à plus de 700 000 habitants, est, du point de vue linguistique, hétéroclite, la station fonctionne avec les deux langues : Le kabyle et l’arabe. Ce qui permet à un citoyen de Takerboust et à celui de Souk El Khemis d’être informé de la même manière sur le mouvement “incessant de son wali”. Ce qui permet au premier d’en savoir plus sur, à titre indicatif, “lawayed n’Tuddar” (les coutumes du village) et le second, à titre indicatif aussi, sur “alam el maraâ” (l’univers de la femme )”. Il est vrai, et même si le politiquement correct empêche le premier et le second de le crier sur les toits, chacun des deux aimerait avoir la station à lui tout seul. “Pourquoi vous ne parlez pas seulement en kabyle ?”, interrogeait, en direct, un auditeur, les premières semaines du lancement de la Radio. Cette intégration, qui du reste est compréhensible, est en fait justifiée par la frustration d’avoir été jusque-là un citoyen négligé.
Cela étant, les considérations linguistiques passeraient au second plan, dès que Radio Bouira décide de rompre avec la langue de bois, qui caractérise aussi bien l’arabe que le kabyle. Pour ce faire, ses micros et ses studios doivent être ouverts au débat contradictoire et cesser de faire à longueur d’ondes, les louanges de l’autorité locale. Un autre aspect caractérise la jeune Radio de Bouira : la tendance à moraliser son auditoire, par le biais d’un discours (qu’il soit en arabe ou en kabyle) à la limite du prêche. Et là, la Radio n’est plus dans son rôle, celui de soulever les préoccupations des citoyens.
En attendant, qu’elle colle à la réalité terre à terre, Radio Bouira et les autres participent d’une manière implicite à un “travail sur la langue”, au sens Saussurien. Le kabyle qui passe de l’oralité, à l’écrit et qui grâce, à la création romanesque est en train de passer à l’écriture, aborde aussi dans les studios le texte journalistique, une autre écriture inconnue de Bélaid Ath Ali.
Salas O. A.
11 mois de retard… U Mazal !
23 Décembre 2010 Omar Zeghni
La Radio Djurdjura toujours sans voix
La Radio Djurdjura dont le montant du projet s’élève à plus de 7,5 milliards de centimes n’est toujours pas achevée.
Le taux d’avancement du projet est estimé à 85%. La réception prévue pour le premier novembre dernier est retardée et à présent aucun délai n’est fixé, pour son inauguration officielle.
Lancé le 5 juillet 2008, pour un délai de réalisation ne dépassant pas les dix-huit mois, le projet portant réalisation de la radio locale à Tizi Ouzou tend à s’éterniser. Alors que les autorités ont, à maintes reprises, affiché leur optimisme, la Radio Djurdjura ne voit toujours pas le jour au grand dam de la population. Il faut dire que cet optimisme “officiel” est contrarié par l’amère réalité sur le terrain. En effet, une visite effectuée sur le chantier nous a permis de constater le retard enregistré dans la réalisation des derniers travaux de finition. Une vingtaine d’ouvriers s’affairaient hier matin, aux travaux d’embellissement de l’édifice construit en R+2. Avec 900 m2 de surface bâtie, 12 bureaux et un studio. Le projet est toujours en état de chantier et rien n’indique que la fin des travaux sera pour demain, au vu du dispositif et matériaux toujours sur place. Le visiteur de la structure en chantier, située à l’intérieur même de la maison de la culture Mouloud-Mammeri, est vite accroché par le désordre y régnant. Vite on aura l’impression de faire face à un chantier qui s’éternise. L’entrée principale n’est toujours pas dégagée et donne au chantier une piètre image. Son aménagement fait partie de la nomenclature des travaux à réaliser pour les jours à venir. A l’intérieur de la bâtisse, quelques travaux de finition, notamment au niveau du préau et le studio sont à achever. Hier encore, l’opération de pose du plafond se poursuivait pour le premier studio mais on nous a assuré que cela ne prendra que “deux heures”. Idem pour l’embellissement de la structure. Alors que les deux étages sont pratiquement achevés, les ouvriers s’occupaient hier matin, du rez-de-chaussée. Selon des déclarations recueillies sur les lieux, il ne reste que les “dernières retouches” pour livrer la bâtisse. Cependant, une source proche du projet nous fera savoir que la cadence des travaux a connu ces dernières semaines un important ralentissement des travaux, ce qui risque de remettre aux calendes grecques, la réception et l’ouverture de la radio. Même s’il ne reste que les travaux de finition et l’embellissement de la structure, le rythme des travaux n’est pas pour arranger les choses et permettre d’en finir avec les travaux de réalisation de l’édifice et passer ainsi à l’autre étape, la plus importante, celle du volet technique, pour rendre radio Djurdjura opérationnelle. Le changement opéré récemment, dans le corps administratif de la wilaya y est, selon nos sources, pour beaucoup dans ce relâchement constaté sur le terrain.
Il y a lieu de souligner dans ce sillage que les quinze mois de délai impartis aux entreprises qui se sont succédées, sont largement dépassés. Il y a eu d’abord la mise en demeure lancée, par les services de la direction de l’administration locale, maître de l’ouvrage, à l’encontre de l’entreprise Azerou, initialement chargée du projet, qui a abouti à la résiliation de la convention, qui liait les deux parties. Deux entreprises prendront le relais avec la promesse de livrer le projet avant le 31 octobre 2010, pour une inauguration annoncée avec faste. La partie radio du projet est actuellement finalisée, le matériel technique d’une valeur de dix millions de dinars est disponible à savoir la console technique et le parc roulant ont été déjà affectés pour la radio de Tizi Ouzou. Il ne reste que la structure et les moyens humains dont le recrutement s’effectuera juste après la réception définitive de la Radio Djurdjura.
“La radio émettra huit heures par jour”
Lors de notre visite effectuée, hier, sur les lieux, nous avons constaté que les travaux de réalisation du mur rideau sont en cours. C’est pratiquement l’une des principales raisons du retard accumulé jusque-là. Une source proche de l’entreprise estime que le retard est d’abord lié probablement à l’approvisionnement en verre qui sert pour la réalisation du mur rideau. “On s’approvisionne à partir des wilayas de Annaba et d’Oran, cela complique notre tâche et provoque des retards dus aux difficultés de passer des commandes après le brouillage du réseau téléphonique”, déclare notre source. Cependant il y a lieu de noter dans ce sillage qu’une partie des travaux dudit mur a été refaite pour non-conformité de la matière au cahier des charges. En visite sur les lieux, le wali de Tizi Ouzou avait exprimé des réserves sur certains points. Sur un autre registre, la Radio Djurdjura fonctionnera dès son lancement avec un créneau horaire de huit heures par jour, de 6h à 14h. La grille des programmes qui sera retenue sera essentiellement basée sur l’information de proximité et le traitement des problèmes de la population, qui y trouvera un canal d’expression idéal pour faire valoir ses revendications. Sur ce point, on apprend que les services des télécommunications de la wilaya de Tizi Ouzou ont déjà pris attache avec la TDA chargée de la diffusion du signal, un choix de terrain a été fait au niveau de la localité de Redjaouna pour accueillir l’émetteur du signal radiophonique. Renvoyée à maintes reprises, les citoyens de la wilaya de Tizi Ouzou espèrent enfin écouter leur radio locale à l’instar des autres régions du pays. Après Bouira et BéjaÏa, qui se sont dotées de Radio locale , la capitale du Djurdjura, restée longtemps à la traîne, compte rattraper le retard à travers une radio qui incarnera toute la richesse de cette région de Kabylie.
Omar Zeghni