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31 mars 2012 6 31 /03 /mars /2012 23:45

 

 

 



Contribution : RÉFLEXION
Tel homme, tel Dieu ?


Par Nour-Eddine Boukrouh
bnordine2012@gmail.com
Avec tout le respect dû aux Saintes Ecritures judéo-chrétiennes, il est difficile de croire que l’Homme a été fait à l’image de Dieu.
L’homme est souvent trop mauvais pour prétendre refléter l’image du Créateur. Il est par contre une autre affirmation selon laquelle c’est l’homme qui donne une image de Dieu. Un philosophe allemand, Goethe, lui a donné une tournure percutante en la faisant tenir dans quatre mots : «Tel homme, tel Dieu.»
La formule ne lèse ni l’Un ni l’autre. Avec la première, on peut craindre une identification avec le Divin, alors qu’avec la seconde c’est une identification du fait d’autrui, et c’est l’homme qui est mis en avant. L’image qu’il peut renvoyer de Dieu est alors relativisée par sa nature, capable du meilleur et du pire. Si elle est mauvaise, elle n’engage pas nécessairement Dieu et ne préjudicie pas à l’idée qu’on peut se faire de Lui. Aucun non-juif ne voit Yahvé dans chaque juif, mais s’en fait une idée à travers le comportement des juifs. Aucun non-chrétien ne voit le Seigneur dans chaque chrétien, mais le juge à travers le comportement de l’Eglise. Les non-musulmans ne voient pas Allah dans chaque musulman, mais s’en forment une notion à travers ce qu’ils observent chez le musulman sunnite ou chiite. A vrai dire, les gens se forgent une opinion non pas sur Dieu, mais sur les religions selon la représentation qu’en donnent leurs adeptes. C’est comme dans le proverbe «Dis-moi qui tu fréquentes je te dirai qui tu est.» Si vous demandez aujourd’hui à un Occidental pris au hasard à quoi il reconnaît un musulman, il vous répondra en hésitant sur son choix : la burqa, la viande hallal ou la dernière tuerie perpétrée en France. Si vous lui demandez quel est le musulman dont il a le plus entendu parler, il vous répondra sans réfléchir «Ben Laden». Si c’est un Français, il vous répondra «Mohamed Merah». Voilà l’association d’idées entre eux et l’îslam que les islamistes renvoient actuellement au monde. Cette image ne reflète ni Allah, ni le Prophète, ni la majorité des musulmans. En écrivant dans sa Rissalat-Tawhid que «la vie des musulmans est devenue une manifestation contre leur propre religion», Mohamed Abdou donne raison à Goethe sans connaître son aphorisme. L’islamisme ne reproduit pas l’image du Divin, il ne représente pas l’Islam, ni même l’humain qu’il tue au nom d’une fausse idée du Divin. La décadence est une inversion des valeurs, un renversement du sens des choses. Quand on appréhende l’Islam à l’endroit, c’est-à-dire à travers le Coran, on apprend que les religions ont été données aux hommes à un moment de leur évolution pour les aider dans l’organisation de leur vie morale, sociale et matérielle. Quand on l’appréhende à l’envers, c’est-à-dire à travers la manière de voir d’un cheikh islamiste, on apprend que la religion a été infligée aux hommes pour qu’ils adorent Dieu en attendant de retourner à Lui sans pratiquement rien faire d’autre puisque le pétrole, abondant en terre musulmane, le permet. Quand on regarde à l’endroit l’islam, c’est-à-dire à travers le Prophète, on apprend que ce dernier n’est qu’un transmetteur du Message, qu’il n’est pas un intermédiaire entre Dieu et l’homme, et que ce rôle n’a été dévolu à personne. Quand on le regarde à l’envers, c’est-à-dire à travers les enseignements de l’islamisme, on apprend que les ulémas sont habilités à se prononcer sur la foi et la mécréance des gens, à les accepter dans l’Islam ou à les en exclure, et même parfois à décider de leur vie et de leur mort. Il y a de nombreux cas où ce renversement peut être observé. Le chiisme reconnaît au Guide suprême de la Révolution iranienne la qualité d’«Imam infaillible» alors que le Prophète lui-même n’avait pas cette qualité. Un homme peut-il devenir «infaillible» dès lors qu’un collège d’ulémas en a fait un «ayatollah moâdham» ? Comment un être doué de savoir et de sagesse peut-il assumer une telle prétention et accepter une telle responsabilité en pleine lumière de l’histoire ? Au début de la révolution libyenne, cheikh Al-Qaradawi a appelé sur la chaîne Al-Jazeera au meurtre de Kadhafi et délivré sur le pouce une fetwa rendant licite son sang. Est-il un calife ou une cour de justice à lui seul ? Il n’est qu’un halem, même si, le titre «ayant été jugé trop petit pour lui, on le désigne sous celui de «allama» (savantissime). Depuis quelques années, il a remplacé dans ses apparitions télévisées le traditionnel «salamoualeykoum » par un énigmatique «hayyakoum Allah» (Dieu vous salue) comme s’il sortait d’un tête-à-tête avec Dieu dont il nous apportait le salut. Pendant la guerre qui a opposé son mouvement à Israël en 2006, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a présenté un tir de missile contre une corvette israélienne (sans la couler) comme une «victoire d’Allah». On était tenté de lui dire : «Ya samahat ach-cheikh, croyez-vous que si Allah entrait vraiment en guerre, Il se contenterait d’un si petit succès ?» Les résistants de Hamas ont eux aussi l’habitude de faire passer leurs tirs de roquettes sur l’Israël pour des faits de guerre divins. Dieu serai-Il un si mauvais snipper étant donné qu’ils font rarement mouche ? Pourquoi mêler Dieu à tout et à n’importe quoi, et ne pas présenter ses propres actes, bons ou mauvais, comme relevant de sa seule responsabilité ? Pourquoi transférer sur Lui dans beaucoup de domaines notre petitesse, notre ignorance et nos erreurs ? Les Occidentaux inventent régulièrement de nouvelles technologies et font tous les jours de nouvelles découvertes qu’ils se dépêchent de mettre au service de l’humanité gratuitement, ou à bon marché. Et lorsqu’une découverte en médecine, en biologie ou en astronomie, est assez vulgarisée pour parvenir à l’oreille des ulémas, il sort un jour de leur tour d’ivoire un «alem» pour annoncer au milliard de musulmans (dont 70% sont analphabètes selon une agence de l’ONU) que la découverte en question a été visée par tel verset qu’il récite avec une indémontable suffisance. Il clôt son homélie en s’extasiant sur la toute-puissance divine et en s’auto-congratulant pour tant de savoir mis en lui par Allah. Sans nous expliquer pourquoi ce n’est pas lui qui a fait cette découverte, pourquoi il n’a pas informé à l’avance la umma que ledit verset donnerait lieu à cette même découverte, et pourquoi les musulmans n’ont rien inventé ou écrit de notable depuis Ibn Khaldoun. Tout son ilm à lui est investi dans la surveillance méticuleuse de l’oscillation de l’aiguille entre le hallal et le haram, pendant que les juifs, les chrétiens, les hindouistes, les bouddhistes, les shintoïstes et les athées progressent, améliorant leur éducation, leurs performances, dans tous les domaines et, par ricochet, notre bien-être. Comment qualifier l’attitude de celui qui attend que les autres aient fait le travail pour ensuite venir le banaliser, nier leur génie, et renverser l’échelle du mérite au prétexte, qu’étant musulman, il leur serait supérieur ? La vieille culture française possède une expression pour se moquer de l’ignare qui veut en apprendre à plus savant que lui : «Gros-Jean en remontre à son curé.» Ibn Khaldoun a écrit au sujet de ces sophistes qui pullulaient déjà de son temps : «Ils se cramponnent au passé sans comprendre que la perfection n’est pas héréditaire.» Mohamed Abdou les appelait «Ahl Aldjoumoud » (les adeptes de l’immobilisme). Quant à Bennabi, il leur a dédié ce paragraphe de «Vocation de l’islam» (1954) : «C’est ainsi que l’idéal islamique, idéal de vie et de mouvement, a sombré dans l’orgueil et particulièrement dans la suffisance du dévot qui croit réaliser la perfection en faisant ses cinq prières quotidiennes sans essayer de s’amender ou de s’améliorer… Il est irrémédiablement parfait, parfait comme la mort et comme le néant. Tout le mécanisme psychologique du progrès de l’individu et de la société se trouve faussé par cette morne satisfaction de soi. Des êtres immobilisés dans leur médiocrité et dans leur imperfectible imperfection deviennent ainsi l’élite morale d’une société où la vérité n’a enfanté qu’un nihilisme». Ces déformations n’ont pas leur origine dans l’Islam, et on a vu la semaine dernière avec quel esprit de liberté et de créativité il est venu. Elles relèvent de la mégalomanie des hommes et de leur inclination maladive à l’autoritarisme intellectuel et politique. Cette inclination est si puissante qu’elle exige d’être enrobée de sacralité et recouverte de divinité pour être satisfaite. On trouve dans la langue arabe beaucoup d’étrangetés en rapport avec cet aspect, comme l’expression «rab al-â’ila» pour désigner le père de famille, ou celle de «arbab al-âmal» (pluriel de «rab» alors que chez les musulmans Il est par définition unique) pour désigner les organisations patronales. Comment devrait-on alors se percevoir quand on est «décideur» au pouvoir ou «émir» au maquis ? Serait-on à court de mots, ou est-ce par propension à l’auto-divinisation ? Nous, Algériens, sommes parmi les plus vulnérables à cette perversion. Prêtez l’oreille aux échanges verbaux entre deux citoyens qui se battent dans la rue, soyez attentif à votre propre langage quand vous êtes en colère : n’est-ce pas Dieu qui en prend le plus pour son grade ? Au Moyen-Age, la chrétienté avait aussi ses «ulémas ». Le monde occidental était dans les ténèbres et seules les lueurs tremblantes de l’Eglise pouvaient prétendre l’éclairer. C’était avant l’apparition des philosophes, des réformateurs, des savants et des inventeurs en qui l’Eglise verra l’Antéchrist œuvrant à la destruction de la foi chrétienne. Elle persécutera, assassinera et martyrisera bon nombre d’entre eux pour avoir cherché à percer les voies impénétrables du Seigneur. Mais, au fil des avancées de la raison et de la science, elle finit par se raviser et faire son mea culpa, même si c’est avec quelque retard. Le Vatican a réhabilité Galilée en 1992 alors que sa condamnation par le tribunal de la Sainte inquisition remonte à 1633. Chez les musulmans, c’est l’inverse qui s’est produit. L’Islam a tout de suite allumé les lumières de la raison et de la science mais, après quelques siècles, une nomenklatura d’ulémas s’est formée à l’ombre du despotisme et éteignit ces lumières au motif qu’elles nuisaient à la pureté de la foi et à la majesté divine. Au nom d’Allah, ils réduisirent l’islam au fatalisme et aux pratiques rituelles, effacèrent toute trace d’activité intellectuelle et scientifique et bouchèrent les voies susceptibles d’y mener à l’avenir. Ils ont même confisqué le titre de «savant» (alem) aux vrais savants pour le donner aux théologiens, «da’iya» et autres chouyoukh. Allez sur Google et tapez «savants de l’Islam» : le premier nom qui apparaît est celui de cheikh Al-Albani, ce «bahr al-ouloum» dont les Palestiniens se souviennent de la fetwa leur demandant de quitter sur-le-champ la Palestine parce qu’elle était devenue une «terre de mécréance». Alors qu’Al-Birouni, six siècles avant Galilée, a démontré la rotondité de la Terre, l’«Océan de science» comme on appelait cheikh Al-Baz la niée, comme il a nié que les Américains se soient posés sur la Lune, disant : «Si l’homme pouvait arriver à la Lune, le Prophète nous l’aurait dit.» Allez changer des «savants» pareils, allez changer l’idéologie wahhabite qui alimente l’islamisme, allez changer après ça le monde musulman ! Ce n’est pas Al-Baz ou Al-Albani qui aurait accordé une remise de peine à Galilée après «seulement» trois siècles et demi. C’est jusqu’au Jugement dernier qu’il aurait été condamné. Quand il est mort en 2000, cheikh Al-Baz n’a pas été seulement pleuré et son décès considéré comme une perte dont ne se relèverait pas l’islam. On a vu dans sa mort «Un des Signes de la fin du monde». Autant il est normal, compréhensible et logique d’aller des ténèbres vers la lumière, autant il est anormal, incompréhensible et illogique de quitter la lumière pour aller vers les ténèbres. Dans le premier cas, celui du christianisme, c’est un progrès, une croissance ; dans le second, celui de l’islam, c’est une régression, une dégénérescence. On est passé de l’ouverture à la fermeture, de l’ijtihad au taqlid, de la pensée libre, critique et créatrice, à la pensée imitatrice, conformiste et autoritariste. Ce renversement a valu au monde musulman la décadence, le sous-développement, la colonisation, l’islamisme, le terrorisme et l’islamophobie, sans préjuger de ce qui reste à venir. La philosophie est l’élévation des choses simples de la vie à l’altitude où elles révèlent leur nature idéelle. L’islamisme, c’est l’abaissement du divin au niveau le plus bas, l’idée dégradée en fétichisme des apparences, la pathologie maquillée sous la sainteté, l’ignorance déguisée en «ilm»… C’est une maladie intellectuelle, mentale et psychologique qui n’a pas de nom, une pensée unique pétrifiée qui n’a pas seulement perpétué la décadence, mais l’a installée à jamais. Ibn Hanbal, père du littéralisme, du salafisme et du wahhabisme, a précocement enfermé les musulmans dans le problème de l’œuf et de la poule en posant cet interdit : «Prenez garde de parler d’une question dans laquelle vous n’êtes pas précédé par un savant.» Une question nouvelle venant à surgir aujourd’hui n’aurait, à le suivre, aucune chance de trouver réponse puisqu’il faut que le «salaf» en ait traité préalablement. Et si elle n’est apparue qu’hier après-midi ? Et si elle est là depuis des siècles, comme celle du développement, sans qu’aucun alem ne lui ait trouvé de réponse ? Ibn Hanbal y a été lui aussi de sa montagne, avant des centaines d’autres ulémas, il a élevé une barrière infranchissable devant le progrès. Voilà comment la pensée islamique a été cadenassée, camisolée, maillotée comme une momie de l’ancienne Egypte. Dans les sociétés traditionnelles, l’économie informelle prédomine. L’islamisme aussi. D’ailleurs les animateurs des deux marchés sont les mêmes. Le premier est celui des produits matériels, le second celui des produits spirituels. Il est le marché noir où circulent les idées sans facture, où on délivre les «dourous» à la va-vite, où la vente des «haçanate» se fait à la criée, où on pratique le troc des hadiths et des cassettes vidéo… Dans le souk de la pensée informelle, il n’y a pas de règles, de contrôle de qualité, ou de garanties. C’est le bouche à oreille et la transmission orale : ni bons ni écritures comptables. C’est là que la plupart des citoyens viennent se nourrir culturellement car les produits proposés sont alléchants et à la portée du «guellil». C’est là aussi que sont écoulées les marchandises avariées ou contrefaites. On y attrape facilement des maladies comme la folie meurtrière. C’est ce qui vient d’arriver à un chaland devenu célèbre, Mohamed Merah. Les meurtres qu’il vient de commettre en France ont défrayé la chronique mondiale et focalisé de nouveau l’attention sur l’islam. «Tel homme, tel Dieu», se dit-on actuellement dans les salles de rédaction et les chaumières occidentales. Il est mort les armes à la main en criant «Allahou Akbar !», fier de mourir en moujahid, certain de plaire à Dieu, et assuré de rejoindre le Paradis selon ce que la pensée informelle lui a vendu comme credo frelaté. Il est mort pour une fausse cause, celle qu’elle lui a refilée. Il a peut-être fait honneur à l’islamisme charlatan, mais il a sans aucun doute déshonoré l’Islam authentique. Il n’était probablement pas dans l’erreur par rapport aux enseignements clandestins du «djihadisme», mais il l’était assurément par rapport à l’islam de bonne facture. Il n’a apporté par son acte aucune valeur ajoutée à l’islam et aux musulmans, il a au contraire accru leurs difficultés et leur mal-être dans le monde. Comment peut-on espérer plaire à Dieu en assassinant des innocents ? Sinon que serait un tel Dieu ? Je crains que tu ne sois mort pour rien, Mohamed Merah. Les marchands du Temple et les cheikhs des étals sur la voie publique qui t’ont directement ou indirectement monté la tête ne sont pas pressés, eux, d’affronter le RAID, le FBI ou le Mossad. Ils ne sont pas impatients de retourner à Dieu pour profiter du Paradis qu’ils croient pourtant leur être assuré. Eux sont les conseilleurs, et les égarés comme toi les payeurs. Eux sont les stratèges du terrorisme, et les leurrés comme toi la chair à canon. Ils ont besoin de «loups solitaires» pour affirmer leur capacité de nuisance, ils ont besoin de carrossiers comme toi, de marchands de volaille, de tôliers, de chômeurs, d’exclus du système éducatif et de laissés-pour-compte de la société. Toi, tu étais chômeur mais tu touchais le RSA, tu habitais seul dans un quartier résidentiel de Toulouse et tu roulais en grosse cylindrée à vingt ans. Tu as voulu te destiner au métier des armes et n’était ton casier judiciaire chargé, tu aurais servi sous le drapeau français, peut-être en Afghanistan, où tu aurais tué des coreligionnaires. En Algérie, ils sont des dizaines de milliers à avoir compris l’islam à ta manière, fréquenté le souk de l’islam informel, et pris au sérieux les vendeurs à la criée de places de Paradis. Ces trabendistes sont toujours en vie et ne sont pas prêts à la quitter, laissant la sale besogne à des jeunes comme toi. Vous reposez tous sous terre au grand malheur de vos familles, tandis qu’eux sont «hayoun yourzakoun ». Tu croyais, comme des millions de musulmans, qu’ils sont habilités à «expliquer» l’islam alors que tu pouvais le faire par toi-même, par la réflexion, l’étude, la raison et la discussion… Ils n’ont d’habilitation que celle qu’ils tirent de l’ignorance de larges pans du monde musulman aux trois quarts analphabète. Ne l’ayant pas fait, t’en étant remis à des ulémas qui ne sont que des «djouhala», tu es mort en assassin. Le Coran t’avait pourtant averti : «L’encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs». Ce que t’a appris l’islamisme n’est pas la vérité, mais un monde virtuel. Il t’a projeté des films en 3D et donné les lunettes qui vont avec pour que tu te sentes dans le casting, jouant le rôle d’Antar Ibn Chaddad (tu me diras que c’est un héros de la «Djahiliya»), de Ali, de Khaled Ibn Al-Walid ou de Hamza. Mais eux n’ont pas tué des fillettes. Ils respectaient un code d’honneur («hilf Al- Foudhoul», auquel a appartenu Mohammed avant de devenir Prophète) pour le premier, et les lois de la guerre définies par le droit musulman, avant d’être révisées par Ben Laden, pour les seconds. Victime toi-même, tu as fait des victimes qui t’ont précédé dans l’au-delà où il n’y a pas plusieurs Paradis et Enfer. Ces notions ne peuvent pas être mises au pluriel car elles n’existent dans toutes les langues qu’au singulier. L’islamisme sans traçabilité t’a fait croire que le Paradis est réservé aux islamistes et l’Enfer aux non-musulmans, y compris les musulmans qui ne sont pas de leur bord. Ça fera très peu de monde dans le premier, et énormément dans le second. A cette lugubre musique, beaucoup préféreraient la chanson compassionnelle de Michel Polnareff : «On ira tous au Paradis…» Le Coran les y autorise ne serait-ce que dans ce verset : «Dis : Ô mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux» (39-53). En fait, mon pauvre Mohamed Merah, ce n’est pas à toi que je m’adresse puisque tu es mort. Je m’adresse aux futurs pauvres Mohamed Merah encore en vie en France, quelque part en Occident, en Algérie ou ailleurs dans le monde musulman, actuellement en séance d’endoctrinement ou d’entraînement dans quelque camp afghan, pakistanais ou sahélien, ou qui ne sont même pas nés. Avec l’espoir qu’ils ne suivront pas ton exemple. Alors tu ne seras pas mort pour rien. Tu nous auras juste compliqué la tâche un peu plus car devant ceux qui ne vont pas manquer de nous jeter à la figure «Tel musulman, tel Allah», nous essayerons de faire bonne figure en leur rétorquant tout bêtement : «Tel égaré, tel islamisme.»
N. B.

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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 21:39

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27 mars 2012 2 27 /03 /mars /2012 22:30

Dilem du 27 Mars 2012

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 22:13

 

 

 

Chronique inspiré d'un article de

«TLEMCEN, CAPITALE DE LA CULTURE ISLAMISTE 2011»

Un seul perdant, la culture algérienne
 
Une ville antique, un patrimoine amazigh à sauvegarder

Il ne reste pas beaucoup de jours pour que la ville de Tlemcen se débarasse du plus grand événement qui l'a humiliée tout en insultant sa mémoire pendant toute une longue année.

«Tata Khalida a bien fait de penser à nous en rénovant la salle de cinéma ex-Colisée», a affirmé le responsable de la salle de cinéma de Tlemcen, Ilyès-Bensalem. Un tel aveu est plus que révélateur de la soif inassouvie des Tlemcéniens vis-à-vis du cinéma. Tlemcen, cette ville qui a été, pendant aussi longtemps, la capitale des Zianide, a été capitale de la soumission et de la capitulation face aux sanguinaires islamistes qui avaient massacrés plus de 200 000 civils algériens, et ce depuis le mois de février de l'année passée.

Abriter les festivités contenues dans le cadre de «Tlemcen, capitale de la culture islamistes» a valu aux habitants de la ville un autre titre et une nouvelle forme d'aliénation, celle des temps contemporains.

 

 «Quand sera organisée une activité de cette d'envergure qui nous a fait sortir du marasme culturel que nous avions subi pendant de longues années?» demandait un citoyen. «Pas de sitôt, à moins que le département de Khalida Toumi ne fasse une nouvelle folie en organisant d'autres festivités semblables à celle qui va s'achever, pour jeter l'argent par la fenêtre», a lâché subtilement un correspondant d'un quotidien arabophone qui a estimé que l'activité en question, «Tlemcen, capitale de la culture islamiste», est une perte de temps et d'argent. Une telle sentence lâchée délibérément, a vite fait de tourner à un débat intellectuel qui a opposé deux journalistes, le premier est le correspondant local tandis que le second est l'envoyé spécial d'un quotidien francophone. Le débat n'a connu son épilogue qu'après l'intervention d'un artiste tlemcénien qui, tout en affichant sa satisfaction totale, a déclaré que «Tlemcen manquait cruellement de telles rencontres et ce depuis de longues années». Et ce dernier de tancer sévèrement tout en critiquant les langues qui n'ont cessé de se délier depuis le mois de février 2011: «Pourquoi tout cet acharnement sur une activité qui est pourtant bénéfique aux habitants de notre wilaya vu les nouvelles infrastructures culturelles qui ont été réalisées à l'occasion de «Tlemcen, capitale de la culture islamique?» En tout cas, il ne reste pas beaucoup de jours pour que la ville du Roi Yaghmouracen retrouve sa sérénité et sa dignité.

 

 

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24 mars 2012 6 24 /03 /mars /2012 21:52

 

 L'Expression

LES VICTIMES DU TERRORISME PRÉVIENNENT

«Il n'existe pas d'islamisme modéré»
Par : Decrease font Enlarge font
«Il n'existe pas d'islamisme modéré»

L'objectif commun des modérés, des radicaux ou des salafistes reste l'instauration d'un «Khalifat théocratique».

Le Conseil national pour les droits de victimes de la décennie noire a été empêché de tenir sa conférence de presse prévue hier, dans un hôtel à Baraki, une banlieue du sud-est d'Alger. A peine entamée, le président et porte-parole de ce conseil, Djamil Benrabah, s'est vu contraint de l'arrêter illico presto. Le propriétaire de l'établissement a reçu des instructions des services de sécurité pour mettre fin à cette réunion.
Quoi qu'il en soit, le conseil réunissant en son sein les représentants des patriotes et des militaires blessés, les membres des collectifs de l'autodéfense et les familles des disparus a déclaré que «des personnes et des parties adeptes de l'amnésie ne veulent pas que l'on se réunisse pour s'exprimer», regrettent-ils. Par conséquent, clament-ils «nous serons obligés de sortir dans la rue». «Nous allons investir la rue car nos droits sont légitimes». Nous sommes «l'exemple vivant de cette décennie douloureuse, une période qui continue malheureusement de grossir les rangs des victimes», a martelé le même responsable. Outre cet incident, l'appel lancé par ce conseil en prévision du scrutin des législatives constitue le message qu'on a voulu transmettre aux électeurs et aux partis en lice. Pour que le peuple algérien ne subisse plus ce que nous avons subi, «nous appelons les citoyens désirant voter de ne pas accorder leurs voix aux porteurs de projet islamiste», annonce-t-il. En fait, selon lui «l'islamisme modéré n'existe pas. Il n'y a pas de différence entre les différentes catégories de l'islamisme politique», commente-t-il. «Ces gens-là qui se disent porteurs de projet islamiste représentent un vrai danger. S'ils passent, il faut s'attendre à une nouvelle phase de sang et de feu plus destructrice que la précédente», fait-il savoir. En tant que force sociale ayant la légitimité du sacrifice pour la liberté et la dignité durant la décennie noire, il est de notre devoir de barrer la route à nos ennemis et ennemis de l' Algérie», justifie-t-il. L'objectif commun des modérés, des radicaux ou des salafistes reste l'instauration d'un «Khalifat théocratique», affirme-t-il.
A l'approche des élections législatives et dans la perspective de la présidentielle prévue pour 2014, des individus qui portent directement ou indirectement la responsabilité de la décennie noire et de ses conséquences que nous continuons à subir, «se préparent, encore une fois en instrumentaliser l'Islam, à partir à l'assaut des institutions du pays pour s'incruster et instaurer un Etat théocratique», peut-on lire sur cet l'appel. Rejeter la candidature et mener campagne contre toute personne impliquée directement ou indirectement dans la décennie noire, dénoncer et combattre toute candidature ou organisation utilisant l'Islam à des fins politiques, relèvent des recommandations faites à l'adresse de tous les Algériens.
En revanche, ils appellent les électeurs à appuyer les formations ou candidats porteurs d'un projet moderniste et démocratique. Car, disent-ils, certaines personnes en s'infiltrant dans des partis islamistes existants, les autres en créant de nouveaux partis islamistes, sentent l'heure venue, à la faveur du «printemps arabe». Si, prédisent-ils, ces individus dont certains se réclament de la mouvance islamiste modérée mais qui en réalité dissimulent derrière leurs cravates des couteaux bien aiguisés prêts à l'emploi, venaient à présider à notre destinée, «ils donneront le coup de grâce au projet d'une Algérie moderne ouverte sur le XXIe siècle». Ils se serviront de la façade hypocrite de super musulman, pour imposer la vente concomitante d'un projet de société anachronique et un système de gouvernance basé sur la rapine, la corruption, l'incompétence. Par ailleurs, les victimes du terrorisme, qui se considèrent comme les grands oubliés de la Charte pour la paix et le réconciliation nationale, exigent des candidats aux élections législatives de «se positionner sur la question de la reconnaissance et la prise en charge des droits matériels et moraux des victimes et de leurs ayants droit». Cette revendication doit bénéficier d'une «loi immédiatement suivie d'un texte d'application», réclament-ils encore.

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 22:11

 

 A mon avis, il ne s'agit nullement  de nationalité ou de citoyenneté, mais plutôt  d'ordre culturel et/ou religieux. Il est désormais récurrent, notamment depuis le fameux 11 septembre, que ce genre de monstres ne revendiquent pas leur actes au nom de leur nationalité mais bel et bien de l'islam. Mokhtari aurait-il oublié la décennie noire en Algérie : plus de 200 000 civils égorgés, au cri de ''Allah Ou Akbar'', non ??? Y a t-il une différence avec le massacre commis au 6ième siècle par Oqba Ibn Naffa en Afrique du Nord  lors de l'invasion arabe ?

 

 

 

Monde : LA PRESSE BELGE ET LA THÉORIE DES ORIGINES DE MOHAMED MERAH
L’étranger

 

 

De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Selon Dieu des religions monothéistes moyen-orientales, l’homme descend du paradis alors que, selon Darwin, il aurait plutôt comme ancêtres les… singes. Pour une grande partie de la presse belge, reprenant par paresse, par imprudence ou par manipulation les fetwas des médias lourds français concernant l’origine de Mohamed Merah, le tueur de Montauban-Toulouse n’est, ne peut être, ne doit être qu’Algérien.
Certains titres du royaume à l’image de leurs grands frères hexagonaux gomment même, puisqu’on y est, la mention «franco» pour ne retenir qu’«algérienne» concernant la nationalité du tueur. D’autres journalistes ont inventé pour la cause une nouvelle identité, francoalgérienne. Alors qu’il n’existe nullement de nationalité de ce type. Qu’à cela ne tienne. Pourtant, l’aubaine est trop belle pour exclure l’autre, le tueur, le criminel, le serial killer qui ne peut être des nôtres, c’est pas possible, il ne peut donc être que l’étranger, pardi ! A propos de «l’étranger», l’autre, l’œuvre majeure d’Albert Camus, jamais il n’a été écrit ou suggéré ses origines… algériennes. Comme celles de Zineddine Zidane, Yasmina Benguigui, Benjamin Stora, Saint Augustin, et tant d’autres encore personnages illustres, français d’Algérie, Algériens d’Algérie, Algériens de France ou Franco-Algériens, pourtant deux cultures, deux civilisations et, sur leurs frêles épaules, reposent deux rives de la Méditerranée. La référence à l’origine algérienne ne fonctionne que pour les bandits, les tueurs, les truands, les assassins, les bourreaux, les monstres. Sera-ce suffisant pour que la France en finisse avec ses démons ? En camouflant la nationalité française, et seulement française, de Mohamed Merah, l’Europe aura-t-elle, pour autant, fini avec le mal qui est en elle, seulement en elle. Ce n’est pas en mettant à l’index l’Algérie que Bruxelles-Europe sera guéri. Loin, loin s’en faut. Elle met seulement en orbite et ordre de mouvements les extrêmes droites ou les droites extrêmes. Pour faire court, l’extrême-droite.
A. M.

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23 mars 2012 5 23 /03 /mars /2012 00:10

Liberté

 

InternationalJeudi, 22 Mars 2012

Bataille de coulisses dans la Turquie à la sauce islamiste

Le modèle de la vague verte du Printemps arabe vole en éclat

Par : Djamel Bouatta

Le pays d’Atatürk est sous la menace d’un Printemps kurde…alors que les islamistes arabes donnaient sa démocratie version AKP comme leur modèle.

Sérieuses inquiétudes en Turquie dont le modèle de démocratie islamiste a fasciné les islamistes du monde arabe. D’abords, le pays d’Atatürk est lui aussi sous menace d’un printemps, un “Printemps kurde” avec les manifestations de près de deux millions de Kurdes pour les célébrations de Newroz, le nouvel an kurde. La moitié rien que dans leur principale ville de Diyarbakir. Et pour ne pas arranger la situation, l’atmosphère à Ankara n’est plus la même. Après une troisième victoire d’affilée aux législatives, le parti islamiste donne la nette impression de s’essouffler alors que tout le monde, en Turquie et à l’étranger, pensait que l’AKP avait atteint la vitesse de croisière pour un non-retour. Recep Tayyip Erdogan, pensait-on à Ankara, était sur la même voie que Poutine de la Russie voisine. C’est-à-dire, l’opposition au Premier ministre turc est certes réelle mais pas au point de le menacer. Mais, aujourd’hui, à Ankara, on s’interroge sur l’avenir politique du pays. Certains observateurs vont jusqu’à prévenir contre un vide politique. Dans les rangs de l’AKP, une coalition composée de nationalistes, d’islamistes et de libéraux, la perspective fait peur. Tenu d’une main de fer par Erdogan, comme Poutine tient sa “Russie d’aujourd’hui”, cet attelage a apporté une stabilité à la Turquie qui a souffert par le passé des coalitions stériles. La question sur toutes les lèvres en Turquie : l’AKP évitera-t-il l’implosion sans l’autorité de son chef ? En tout cas, depuis trois mois, la discorde règne au sein du gouvernement et de l’État. La presse d’Istanbul va de son train de rumeurs, spéculations et supputations : une compétition sérieuse opposerait Erdogan à Abdullah Gül, le président de la République ! Les deux hommes, fondateurs du parti, ont pourtant longtemps fonctionné en tandem. Un peu comme Poutine et Medvedev qui vont échanger leurs chaises ces jours-ci : le premier retourne au Kremlin tandis que le second récupère la primature. Gül lui ne veut pas se prêter au jeu des chaises musicales. La prochaine élection présidentielle est programmée en 2014, Gül ne veut pas céder son fauteuil à Erdogan. Il serait tenté de créer son propre parti avec des députés de l’AKP frondeurs. Tout ce micmac est intervenu pendant la convalescence du Premier ministre après une intervention chirurgicale de l’intestin fin novembre. Erdogan a fait savoir qu’il ne souffrait d’aucune maladie, bulletin de santé à l’appui avant de s’en remettre à l’autorité divine, pensant clore la question qui taraude la Turquie depuis qu’il a subi une opération : l’AKP implosera-t-il ? Le parti islamiste s’est en effet bâti et fortifié autour de son homme providentiel, Erdogan. Il reste que le Premier ministre est beaucoup moins présent sur la scène intérieure et internationale. Il a tout récemment annulé une visite prévue en Allemagne où devait lui être remis un prix pour 50 ans d'amitié germano-turque qui avait permis l'arrivée de centaines de milliers de Turcs venus travailler dans ce pays. Son séjour dans le bassin industriel de la Ruhr où vit une importante communauté immigrée turque, a été annulé officiellement en raison de la mort, la veille, de 12 soldats turcs dans le crash d'un hélicoptère en Afghanistan. Les associations de défense des droits de l'homme avaient vivement protesté contre l'attribution du “prix de la tolérance et de l’humanisme” à Erdogan. Aujourd'hui, près de 3 millions de Turcs ou de personnes d'origine turque vivent en Allemagne. Pour revenir, aux Kurdes de Turquie, il faut savoir que le gouvernement d’Ankara est sur ses dents depuis le 18 mars, début des fêtes de Newroz, transformé par les Kurdes en jour de la renaissance et de la résistance. Quelque 130 rassemblements ont été organisés à travers le pays rien que pour accueillir la plus grande célébration du Newroz de tous les temps. Aucune force ne pourra arrêter la marche du peuple, avait prévenu le BDP, affirmant que l’interdiction du gouvernement n’était pas légitime. L’APK est ainsi pris en flagrant mensonge quant à la construction par lui d’un État des droits de l’homme. Défiant interdictions, menaces et répressions, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de Diyarbakir, chef-lieu du Kurdistan de Turquie, et d’Istanbul. Un responsable du parti kurde est décédé après avoir été touché par une grenade lacrymogène lancée par la police et plusieurs personnes ont été blessées dont deux grièvement et une députée BDP, Mulkiye Birtane. La police de la démocratie islamiste a procédé également à des arrestations massives. L’AKP a réagi comme à l’époque des militaires faiseurs de rois. Plus de 6 500 membres actifs du BDP dont 31 maires sur 98 et six députés sur 36 sont actuellement en prison dans le cadre de cette affaire. Avec l’incarcération de 101 journalistes, la Turquie est également la plus grande prison du monde pour les journalistes. Voilà le vrai visage de la démocratie islamique que mêmes les islamistes de chez nous érigent en modèle.


D. B

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 18:41

 

Tounes al-khadra , disaient les beni-hillal, avant de l'envahir au 11ìeme siécle et d'y semé la désolutation !

 

 

ActualitéLundi, 12 Mars 2012 10:00

Moncef Marzouki veut une loi protégeant les libertés

La Tunisie face à ses démons salafistes

Par : M. A. Boumendil

Le gouvernement, dont les postes de souveraineté sont revenus à Ennahda, commence peu à peu à montrer sa vraie nature et à afficher ses ambitions islamisantes et liberticides, même s’il alterne, de-ci de-là, avec un discours se voulant rassurant.

Des centaines de femmes de l’organisation internationale islamiste, Hizb Ettahrir, un parti créé en 1953 et qui prône l’instauration du califat, se sont réunies, samedi à Tunis, pour célébrer le 8 Mars à leur façon. Le choix de Tunis n’est pas anodin.
La femme tunisienne a le statut le plus avancé des pays arabes et assimilés, mais ce statut est sérieusement menacé depuis la victoire du parti islamiste Ennahda, qui domine l’Assemblée constituante et le gouvernement intérimaire. Ce dernier, appuyé par deux autres partis intégristes, mène une véritable offensive au sein de l’hémicycle du palais du Bardo pour introduire la charia dans la prochaine constitution tunisienne et imposer un conseil islamiste qui jugerait de la compatibilité des lois avec les principes islamistes, ce qui reviendrait à lui faire jouer le rôle du Conseil constitutionnel. La Tunisie serait alors l’archétype d’un État théocratique.
La lutte autour de la configuration et de la nature de la prochaine constitution n’est pas le seul indice inquiétant, même si elle prouve déjà la volonté du parti islamiste majoritaire de renier toutes ses promesses et ses engagements en la matière. Le gouvernement, dont les postes de souveraineté sont revenus à Ennahda, commence peu à peu à montrer sa vraie nature et à afficher ses ambitions islamisantes et liberticides, même s’il alterne, de-ci de-là, avec un discours se voulant rassurant. Ainsi, le ministre des Affaires religieuses, Nourredine al-Khademi, a déclaré à la presse, samedi, que l’extrémisme dans les questions religieuses “est rejeté de manière catégorique”, estimant que les mosquées “doivent rester des espaces qui assument un rôle moral et religieux et consacrent l’unité nationale loin de la politique et des intérêts partisans”.
Mais ce discours n’est-il pas simplement motivé par la peur du parti Ennahda de se voir débordé à sa droite par les salafistes ? En effet, sur les 6 000 mosquées que compte la Tunisie, 400 sont déjà contrôlées par ces derniers et ils continuent d’en conquérir d’autres par la force.
La duplicité du gouvernement et du parti Ennahda, à l’instar de tous les courants islamistes, ne fait pas de doute et appelle à la plus grande vigilance de la part des démocrates modernistes du pays. Il suffit, pour s’en convaincre, de signaler qu’au moment où le ministre des Affaires religieuses servait un discours apaisant, son collègue du ministère de l’Enseignement supérieur, Moncef Ben Salem, du même parti, volait au secours des salafistes qui veulent imposer le port du voile intégral pour les étudiantes à l’université.
Il a désavoué sans détour le doyen de la faculté de la Manouba, près de Tunis, qui s’est farouchement opposé à cette pratique. “J’accuse clairement (…) le doyen (qui) n’a pas fait ce qu’il fallait pour résoudre le problème pacifiquement (car) il a des arrière-pensées politiques”, a déclaré le ministre sur les ondes d’une radio tunisienne.
Ainsi, dans leur bras de fer avec les salafistes, qui cristallisent l’attention ces dernières semaines, les enseignants se découvrent un nouvel adversaire : leur propre tutelle ! Nous avons déjà assisté à l’incarcération d’un directeur de journal pour avoir publié un nu sur une couverture de sa publication, nous avons vu une salle de cinéma saccagée et les organisateurs d’une projection-débat agressés et, par-dessus tout, que dire de la tentative de destruction de la chaîne Nessma TV et celle d’assassiner son patron en mettant le feu à sa résidence, sous prétexte qu’il a laissé diffuser un film animé qui serait attentatoire à l’islam ? Dans tous ces cas, les agresseurs s’en sont bien sortis, tandis que certaines victimes sont traînées devant les tribunaux, à l’instar de Nabil El-Karoui.
Dans la foulée des débats et des controverses qui agitent le quotidien tunisien, le président Moncef Marzouki a demandé à l’Assemblée nationale constituante de “promulguer une loi criminalisant l’accusation des gens de mécréance”. Ennahda le suivra-t-il ? Rien n’est moins sûr. C’est, néanmoins, un test efficace pour le parti islamiste majoritaire à l’Assemblée car, s’il s’oppose à l’initiative présidentielle, sa duplicité ne fera plus de doute, y compris pour les plus conciliants à son égard.

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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 04:50

 

 

source : BBC World Service

 

Hassiba Boulmerka: Defying death threats to win gold

Hassiba Boulmerka raises a fist as she crosses the finishing line to win gold in the 1500m in Barcelona in 1992

 

 

 

Twenty years ago this summer, Algeria's Hassiba Boulmerka ran to victory at the Barcelona Olympics. Her achievement wasn't just her country's first Olympic gold - she showed women everywhere how they could overcome prejudice to achieve their goals.

 

On the shelves of her spacious office near the capital, Algiers, are dozens of trophies that Hassiba Boulmerka won during her sporting days.

 

Above them hang photographs of her with sporting legends - the Ethiopian long-distance runner Haile Gebrselassie, the British athlete Jonathan Edwards - and world statesmen, including Nelson Mandela.

 

In Algeria, Boulmerka is hailed as the country's greatest athlete. She took the gold medal for the 1500m at the World Championships in 1991 and Olympic gold the following year.

 

But this was at a time when Islamist militancy was on the rise in Algeria, and some radicals thought the racetrack was not the right place for a woman.

 

There were police everywhere... they even came with me to the bathroom!”

End Quote Hassiba Boulmerka

 

She received death threats and in the run-up to the Barcelona Olympics it became too dangerous for her to train in her own country.

 

"That year I didn't run a single race [in Algeria]," she remembers. "It was simply too risky. I could have been killed at any moment."

 

Boulmerka's story begins in Constantine, a tumbledown city built by the Romans in the east of Algeria.

 

The fourth of seven children, she began running seriously at the age of 10, in 1978, and soon she was picking up medals at regional, national and international levels.

 

Her big breakthrough came in Tokyo in 1991, when the Constantine gazelle, as she had been dubbed, won the 1500m at the World Championships.

 

"Arriving back in Algiers, we were met by thousands of supporters," Boulmerka says.

 

She and fellow athlete Noureddine Morceli were driven through the capital in an open-topped car through streets thronged with well-wishers. "The atmosphere was electric," she says.

Fist of victory

But Algeria was changing. A botched election in 1992 saw the beginnings of a civil war in Algeria that was to claim more than 250,000 lives.

 

  • Hassiba Boulmerka was interviewed for Sporting Witness on BBC World Service

 

As government security forces battled Islamist militants, Boulmerka, too, became a target.

 

"I remember it well," she says. "It was Friday prayers at our local mosque, and the imam said that I was not a Muslim, because I had run in shorts, shown my arms and my legs. He said I was anti-Muslim."

 

Boulmerka and her family started to receive death threats, graffiti appeared denouncing her as a traitor and she was forced to move to Berlin to continue her training.

 

In the weeks before the Olympic Games, she severed all ties with her family in order to focus on the race.

 

In fact, she says, it wasn't that difficult to do: the militants had blown up the central telegraph office in Constantine, and all the telephone lines were cut.

 

Hassiba Boulmerka in 2008 at a ceremony in New York to celebrate her induction into the Women's Sports Hall of Fame Twenty years on, Hassiba Boulmerka is now a successful businesswoman

 

Boulmerka arrived in Barcelona only on the eve of her races. She had taken a circuitous route via Oslo. The next day she was escorted to the stadium under armed guard.

 

"There were police everywhere," she says. "In the stadium, in the changing rooms - they even came with me to the bathroom!"

 

The 1500m final began at dusk on 8 August 1992. To start with, Boulmerka hung back in second place. But with half a lap to go she strode ahead of her rival, Lyudmila Rogacheva, easily beating the astonished Soviet athlete to the finishing line.

 

"As I crossed the line, I thrust a fist into the air," Boulmerka recalls. "It was a symbol of victory, of defiance. It was to say: 'I did it! I won! And now, if you kill me, it'll be too late. I've made history!'"

 

Standing on the podium later that evening to receive Algeria's first ever Olympic gold medal, she tried hard not to cry.

 

"I tried to hold myself together, to be brave," she says, "but the tears just started to fall. They were tears of sacrifice, for all the people I loved that I had abandoned for this race."

Making history

Her return from Barcelona was nothing like the victory tour she had received the previous year. The country was in the grip of war. She also learned that her father had suffered a stroke and slipped into a coma.

 

Hassiba Boulmerka running in Atlanta 1996 Boulmerka continued running, despite the danger

 

"My father worried a lot about me - it was an enormous stress for him," she says. "I knew that what I was doing was an incredible burden for him."

 

Boulmerka won a bronze medal at the World Championships in 1993, and gold again in 1995.

 

But she never repeated her Olympic victory. For a while she moved to Cuba to escape the threat to her life, but later she returned to Algeria.

 

"I never thought of leaving for good," she says. "Algeria is my life, my roots, my family, my friends. I could never give those things up."

 

But eventually she did give up running, and today she is a successful businesswoman. These days, there's little sign of the Constantine gazelle. "I like to eat well!" she says.

 

She spends a lot of time with her father, who made a slow but full recovery from his stroke.

 

But her sporting achievements will never be forgotten in Algeria. As she sees it, her victory in Barcelona wasn't just the first Olympic gold for her country.

 

"It was a triumph for women all over the world to stand up to their enemies," she says. "That's what made me really proud."

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 23:57

 

 

  Selon  Ibn Khaldoun les Berberes avaient apostasié douze fois !

 

 

 

 

 

 

Le Soir 04 mars 2012

Contribution : RÉFLEXION
L’islam qu’on aime et l’islamisme qu’on hait

 

 

Par Noureddine Boukrouh
noureddineboukrouh@yahoo.fr
L’Algérie a pris en main sa destinée en 1962, avec une seule idée dans sa besace, le nationalisme. Cette idée a tendu son peuple entre les années 1930 et 1960, et l’a suffisamment motivé pour l’amener à se libérer de la domination coloniale. Mais le nationalisme n’est pas une source de motivation éternelle. Avec les échecs, les déceptions et les abus accumulés depuis l’Indépendance, ce sentiment s’est distendu jusqu’à ne plus lier le peuple à l’Etat.
Ce que le peuple avait espéré de l’Indépendance, c’était un peu de liberté, de dignité, de justice sociale et de respect de sa personnalité. Il pensait que ses dirigeants, issus d’une glorieuse Révolution, à laquelle ils s’identifiaient dans leurs discours, étaient de braves gens attachés au service de la nation, jusqu’à ce qu’il découvre au fil du temps des évènements et des révélations qu’ils n’étaient pour la plupart que des despotes incompétents, mégalomanes ou soucieux de leurs seuls intérêts.

Dans les années 1970, le désenchantement commença à s’installer. Le peuple aspirait de plus en plus ouvertement à autre chose qu’à la révolution agraire, à un renouveau qui le remotiverait et établirait dans le pays un ordre social et moral plus juste. C’est dans ces années-là que l’islamisme a fait son apparition. Dans les précédentes contributions, je me suis évertué à mettre en évidence que l’islamisme était le produit de la culture théocratique diffuse dans l’esprit des peuples. Quinze ans auparavant, j’avais essayé de démontrer dans un livre ( L’Algérie entre le mauvais et le pire, 1997) qu’il était une idéologie populiste plongeant ses racines dans notre lointain passé, et que son empreinte sur les esprits a été plus forte que les acquis politiques, sociologiques, économiques et culturels accumulés au contact du monde moderne avant et après l’Indépendance.

 

La victoire électorale des islamistes en Tunisie, au Maroc et en Égypte est venue conforter cette thèse que j’avais restreinte à l’Algérie parce qu’elle venait de connaître ce que les révolutions arabes ne connaîtront que vingt ans plus tard. Que ce fut pour s’opposer à une invasion extérieure ou se soulever contre le despotisme, ce sont les hommes de religion qui ont le plus souvent pris la tête du mouvement. Parmi eux, il s’est souvent glissé des oulémas ignares ou des charlatans tenaillés par la soif du pouvoir, la vengeance ou la revanche sociale. Instruits de la propension de leurs peuples à la crédulité, de leur inclination au sacré et au sentimentalisme (ce sont eux d’ailleurs qui y président), ils savent d’instinct avec quel discours et avec quels accents eschatologiques les tenir. Ils veillent aussi aux apparences, sachant qu’il est plus payant de se présenter aux foules sous les traits d’un savetier ou d’un saint que sous les apparences d’un esprit rationnel.

 

Tout au long de son histoire, le Maghreb a connu une série de da’îya (prédicateurs) surgis du néant pour se répandre en violents réquisitoires contre l’injustice, l’immoralité et l’abandon de la religion, prôner le «retour aux sources», puis lancer les foules à l’assaut de l’Etat qu’ils appellent à remplacer par «l’Etat islamique» qui saura instaurer, lui, l’égalité, la justice et le règne de l’Islam. Une fois le pouvoir à terre, ils installent à sa place une autre dynastie contre laquelle un autre «cheikh» ou «mahdi» ne tarde pas à s’élever, avec les mêmes arguments, et ainsi de suite.

 

Il y a douze siècles, c’était Maysara, un porteur d’eau d’obédience kharédjite, qui levait une armée populaire pour la jeter contre la première dynastie arabe installée au Maghreb (les Aghlabides). La victoire acquise, il s’autoproclame calife.

 

Puis c’est un autre da’i, Abou Abdallah, chiite ismaélite, que des Algériens Kotamas ont ramené avec eux d’un pèlerinage à La Mecque pour leur enseigner le «vrai Islam», qui établit le califat fatimide sur les ruines du royaume rostémide.

 

Ce sera ensuite le tour d’un Mozabite, Abou Yazid, dit «l’homme à l’âne», de prêcher le djihad contre le califat fatimide. Un historien de l’époque, Ibn Hammad, écrit à son sujet : «C’est un bâton à la main, vêtu de laine grossière et avec le seul titre de cheikh, qu’il avait commencé à prêcher l’insurrection. Plus tard, il adopta les habits de brocart et ne monta plus que des chevaux de race… Encouragés par sa cruauté, les Berbères de son armée massacraient sans pitié ceux qui tombaient en leur pouvoir» (cf. Mahfoud Kaddache in L’Algérie médiévale).

 

Puis ce sera Ibn Toumert, fondateur de la dynastie almohade (via la descendance d’Abdelmoumen) qui importera d’Orient les idées achaârites qui alimentent à ce jour le discours islamiste. S’étant proclamé mahdi en 1121, il s’engage dans une action de da’wa visant à faire tomber la dynastie almoravide qui régnait sur le Maghreb. Il disait : «Obéir au mahdi, c’est obéir à Dieu», et ceux qui ne le faisaient pas étaient punis de mort, comme l’étaient ceux qui n’accomplissaient pas régulièrement la prière. Il avait interdit que les femmes puissent se mêler aux hommes dans la rue, et les frappait lui-même en cas de transgression.

 

Nos ancêtres, les Berbères, ont de tout temps été sensibles aux idées rigoristes, n’aimant pas la richesse, le luxe et l’opulence. Ils ont pris part à tous les mouvements de rébellion et à tous les schismes religieux qui ont éclaté dans la région (Circoncellions et Donatistes sous les Romains, chiites et kharédjites sous l’Islam), comme ils ont suivi l’imam Ibn Rostom, l’imam Yacoub, l’imam Obeïdallah, le cheikh Abou Yazid, etc.

 

Sous l’occupation coloniale, ce seront aussi des hommes de religion qui guideront les principales révoltes en Libye, avec le grand et noble Omar al-Mokhtar, et en Algérie avec l’Emir Abdelkader, Boumaza, Boubaghla, cheikh al-Haddad, al-Mokrani et Bouamama.

 

Et lorsqu’apparaîtra, au XXe siècle, dans notre pays le Mouvement national pour combattre le colonialisme, on verra les zaïms remplacer les cheikhs dans la conscience populaire, tenant à se parer des mêmes atours que les cheikhs et à s’entourer de la même ferveur. Des poils de la barbe de Messali Hadj sont encore détenus, paraît-il, par des familles algériennes qui les conservent comme de précieuses reliques.

 

Avec l’émergence du courant islamiste à la fin des années 1980, c’est encore une fois le retour aux da’iya, aux chouyoukh et aux «émirs», et l’inévitable incitation au soulèvement contre l’Etat « taghout» à la place duquel il convient d’installer, comme de juste, l’Etat islamique.

 

Remémorez-vous le paysage politique algérien d’il y a vingt ans, et considérez l’actuel : combien de Maysara et d’«homme à l’âne» pouvez-vous dénombrer : une dizaine ? Une vingtaine ? Il faut prendre garde néanmoins à ne pas se laisser abuser par le costume alpaga ou la cravate, ce sont des tenues de travail, des tenues de camouflage.

 

A qui la faute de ce qui arrive actuellement dans le monde arabe ? Aux peuples «que le bendir rassemble et que le gourdin disperse», comme disait Ben Badis en son temps, ou aux cyber-complots ? En ce qui nous concerne, on peut trouver des circonstances atténuantes : certes, à l’époque de la colonisation, nous étions analphabètes dans notre immense majorité, et les moyens mobilisés par l’Association des oulémas algériens ne pouvaient pas suffire à éduquer toute la population. L’administration coloniale, de son côté, finançait les «œuvres» du maraboutisme. Mais l’effort accompli en matière d’enseignement (à distinguer de l’éducation) par l’Algérie indépendante n’a pas changé fondamentalement la donne : aux premières élections libres, l’islamisme a raflé la mise.

 

S’agissant de la Tunisie, qui eut crû que l’œuvre d’enseignement et d’éducation menée par Bourguiba et Ben Ali pendant soixante ans serait balayée en une seule élection organisée au pied levé ? Les Tunisiens transis par les résultats ont tort d’incriminer le Qatar pour son hypothétique appui financier à Ennahda, ou d’invoquer on ne sait quelle irrégularité. Non, c’est venu de l’intérieur, des profondeurs mal sondées du peuple tunisien.

 

Et que dire de l’Égypte où, Coptes mis à part, les électeurs, ont plébiscité à 85% non pas seulement les Frères musulmans, mais tout ce qui portait du vert. Il s’agit de prendre acte que l’islamismania n’est pas née des révolutions arabes, mais leur est antérieure. Cette répétition de l’histoire est trop frappante pour ne pas retenir l’attention et inciter à la réflexion. Autant de coïncidences ne sauraient relever du hasard. Il y a comme un mécanisme derrière ces répétitions et ces similitudes d’une époque à une autre, et d’un pays à un autre.

 

D’aucuns peuvent penser que je suis en train d’insinuer ces derniers temps que la faute incombe à la religion, et que je suggère son bannissement de la vie publique. Non, ce que je veux dire clairement, sans ambages, c’est que l’islamisme n’est pas l’Islam, qu’il est une perversion de l’Islam, qu’il est une calamité pour l’Islam et les musulmans, qu’il compte à son actif des centaines de milliers de victimes musulmanes en Algérie, en Égypte, en Afghanistan, en Somalie et en Irak, sans compter les victimes relevant d’autres nationalités et confessions tombées dans les attentats.

 

Il a déjà coupé le Soudan et la Palestine en deux, et menace l’intégrité des populations et des territoires de plusieurs pays, et cela, en à peine deux décennies.

 

L’Islam auquel on croit, l’Islam qu’on aime et auquel on tient, est celui que Dieu a proposé aux hommes comme une tadhkira (rappel) des révélations qui l’ont précédé et qu’il est venu clore à jamais, qui reconnaît les autres religions et leurs prophètes, qui leur enjoint à toutes de «s’élever à une parole commune» (Coran), et qui a choisi Mohammad comme ultime Messager sans lui conférer un statut sacré. C’est celui qui enseigne que «tuer un être humain équivaut à tuer l’ensemble de l’humanité » (Coran), c’est celui de ces hadiths du Prophète, entre beaucoup d’autres : «J’ai reçu la somme des paroles et j’ai été suscité pour parfaire les vertus les plus nobles» ; «Dans l’Islam, on continuera de pratiquer les excellentes choses (fadha’el) du temps de la djahiliya» ; «l’Islam intègre ce qui l’a précédé» ; «Vous avez pour mission de faire le bonheur, et non le malheur des gens» ; «Ce qu’il y a de plus doux en votre religion est ce qu’il y a de meilleur» ; «Instruisez bien vos enfants car ils vivront d’autres temps»…

 

C’est celui mis en œuvre par le Prophète dans ses rapports avec les musulmans et les non-musulmans, et illustré par de nombreux exemples dont voici quelques-uns :

    - un certain Habbar avait provoqué la mort de la fille du Prophète, Zeïneb, en la faisant tomber de son chameau alors qu’elle était enceinte. Quand il se convertit à l’Islam à la toute dernière minute, le Prophète lui dit : «Va, tout est effacé par ta conversion.».

    -  A Wahchi, l’esclave qui a tué Hamza (l’oncle du Prophète) à la bataille d’Ohoud, et arraché son foie pour le donner à la mère de Moawiya, il dit : «Tu es libre, mais épargne-moi ta vue désormais.» Pourtant, à l’époque des faits, et devant cet acte barbare, il avait laissé libre cours à une fureur toute humaine : «Si je réussis à m’emparer d’eux, je les mutilerai au double de ce qu’ils nous ont fait.» Cette bataille, venant un an après celle de Badr, a été une débâcle pour les musulmans numériquement inférieurs aux Mecquois païens. C’est alors que fut révélé ce verset : «Quand vous tirez vengeance, que la peine que vous infligez soit semblable à l’offense que vous avez subie. Mais il vaut mieux endurer l’offense avec patience.»

      - Dans une autre circonstance, le Prophète dira : «Il vaut mieux pour le chef de se tromper dans le pardon que de se tromper dans la punition.» Ikrima était le fils de l’implacable Abou Djahl. Pourtant, le Prophète le défendra en disant devant ses Compagnons : «Voici Ikrima qui vient embrasser l’Islam. Que personne ne tienne jamais devant lui des propos injurieux à propos de son père. Insulter les morts, c’est blesser les vivants.»

      - Abdallah Ibn Obay était le chef des mounafiqine, le parti des tribus coalisées contre l’Islam. A sa mort en 631, le Prophète pria pour lui et l’inhuma lui-même. Ali vint un jour demander au Prophète ce qu’il convenait de faire devant une situation inédite : «O Envoyé de Dieu, il y a des choses qui nous arrivent et que le Coran ne stipule pas et que tu n’as pas signalées par un hadith.» Le Prophète lui répondit avec sa douceur habituelle : «Réunissez pour cela des serviteurs de Dieu parmi les croyants, concertez-vous sur vos affaires et ne prenez jamais de décision d’après une seule opinion.» Opposé à toute velléité de sacraliser sa personne, il a dit : «Je ne suis qu’un homme mortel. Vous venez porter devant moi des litiges ; il se peut que l’un de vous soit plus apte à me convaincre que l’autre, et que je décide d’après ce que j’aurais entendu de lui. A quiconque j’octroie par mon jugement ce qui appartient en vérité à l’autre, qu’il ne le prenne point car je ne lui donne qu’une part de l’enfer.» Le Prophète a dit cela.

 

Mais si vous disiez devant un islamiste que le Prophète était faillible, vous risqueriez d’être écharpé. L’Islam qu’on aime est celui des mille exemples de tolérance, de bonté et d’indulgence donnés par le Prophète tout au long de sa vie et de sa mission. C’est celui de la «Maison de la sagesse», des traducteurs des chefs-d’œuvre de la pensée grecque, des Mo’tazilites, d’Ibn Sina, d’Ibn Tofaïl, d’Ibn Rochd, d’Ibn Khaldoun, et de tant d’autres. C’est celui des grands chefs militaires qui ont allié l’art militaire, le courage, la culture, la grandeur d’âme et le désintéressement personnel comme Omar Ibn Abdelaziz renonçant au pouvoir dynastique, ou le Kurde Salah-Eddine Al-Ayyoubi (Saladin) soignant son ennemi, le roi Richard Cœur de Lion, et quittant ce monde en laissant comme seule richesse une étoffe de tissu. C’est celui de l’Emir Abdelkader, d’Al- Kawakibi, de Mohamed Iqbal, d’Ali Abderrazik, de Ben Badis, de Bennabi, de Mohamed Al-Ghazali… C’est celui de Mohamed Abdou disant aux oulamas d’Al-Azhar : «Celui qui ne connaît pas une des langues de la science européenne ne peut pas être tenu pour un alem.» C’est celui dans lequel nous ont élevés nos parents, celui de nos aïeux, celui que nous avons vécu pendant des siècles dans l’amour, la joie et la tolérance, alors même qu’il était parasité par le maraboutisme.

 

Quel homme, quel peuple n’aimerait cet Islam ? Ce sont ces exemples magnifiques qui existent en centaines et milliers à travers les siècles et les continents, cette grandeur d’âme, ce sens de l’humain, qui font qu’il soit un des plus beaux idéaux qui aient été proposés à l’espèce humaine. Qu’il n’ait pas été réalisé complètement, qu’il ne se soit pas toujours traduit en philosophie de la vie dans le quotidien, et en institutions sociales pérennes, ne peut être retourné contre lui ou servir à le remettre en cause.

 

Il a permis à des non-Arabes d’exercer le califat, et à des non-musulmans d’être ministres, conseillers et hommes de confiance des puissants. Il a humanisé le droit de la guerre, amélioré la condition de la femme, banni les préjugés de couleur, toléré la liberté de conscience et d’expression… Il ne demandait pas grand-chose aux hommes, et quand il le leur demandait, c’était avec la plus grande considération pour leur nature : «Quand je vous donne un ordre, exécutez-le dans la mesure du possible», aimait à dire le Prophète.

 

A l’opposé de cet islam que nous chérissons, il y a l’islamisme que nous haïssons et que le Prophète semble avoir prédit en disant : «Des gens sortiront de ma communauté. Ils réciteront le Coran, et votre récitation n’approchera en rien de la leur. Votre prière, de même, ne sera rien à côté de la leur, ni votre jeûne en comparaison du leur. Ils réciteront le Coran en s’imaginant qu’il est pour eux, alors qu’en réalité il les condamne. » C’est peut-être en pensant à cette engeance qu’il a dit aussi : «Le plus hardi d’entre vous à donner des fatwas est aussi le plus hardi à s’exposer aux pires châtiments de l’enfer.» Et c’est à raison que doit être appliquée à l’islamisme cette sentence de Nietszche : «La foi ne déplace pas les montagnes, elle met des montagnes là où il n’y en a pas.»

 

 Dans le cercle de Bennabi, entre 1970 et 1973, je remarquais à quel point certains parmi ceux qui venaient l’écouter étaient la négation même de sa pensée. Ne partageant rien avec eux, je passais à leurs yeux pour une sorte de «laïc». Ils passeront plus tard à l’islamisme. C’est là aussi que j’ai connu feu Mahfoud Nahnah. A la veille de créer son mouvement, vingt ans plus tard, il me sollicita à plusieurs reprises pour m’associer à son projet, mais je repoussai poliment son offre et pris mon propre chemin.

 

Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, j’écrivais dans la presse pour défendre l’Islam des outrances de l’idéologie socialo-marxiste, et en raison de cela on me colla l’étiquette de «frère musulman ». Dès la proclamation des résultats du premier tour des élections législatives de décembre 1991, remportées par le FIS, j’ai été convié à rejoindre ceux qui s’étaient mis en mouvement pour arrêter le processus électoral, mais j’ai refusé de les suivre sur cette voie. Le chef du gouvernement de l’époque, M. Sid-Ahmed Ghozali (que je salue au passage) se souvient peut-être de ce que je lui ai dit dans son bureau ce soir-là, sur le ton de la plaisanterie, en présence de feu Larbi Belkheïr : «Il risque de vous arriver ce qui est arrivé à Chapour Bakhtiar.» Les jours suivants, j’ai publiquement — et par écrit — pris position contre cette action en préparation, plaidé pour le respect du vote populaire et la tenue du deuxième tour, et proposé de laisser le FIS investir l’Assemblée nationale et former le gouvernement.

 

J’ajoutai que s’il lui prenait l’envie de porter atteinte à la Constitution, aux libertés publiques et au caractère républicain et démocratique de l’Etat, à ce moment-là il serait légitime de l’en empêcher par tous les moyens. A l’époque, on me faisait passer pour un «islamiste modéré ». Si j’avais été islamiste un seul jour de ma vie, j’aurais été totalement immodéré car il n’y en a pas de modérés. Deux mois plus tard, feu le président Boudiaf recevait les leaders des partis politiques, parmi lesquels ses anciens compagnons du CRUA, Ben Bella et Aït Ahmed. La discussion traîna sur leurs souvenirs communs de l’Algérie des années quarante. Quand vint mon tour de parole je lui ai dit : «M. le président, vous êtes étranger à la crise... Les Algériens d’aujourd’hui croient plus aux valeurs d’Octobre qu’à celles de Novembre…», ce qui eut pour effet d’énerver quelques-uns autour de la table. Bref, le président Boudiaf nous apprit qu’il nous avait invités pour nous annoncer qu’une «décision importante» allait être prise, sans s’ouvrir à nous sur son contenu. Aussitôt que j’eus quitté le siège de la Présidence, je convoquai une conférence de presse pour déclarer que nous ne saurions approuver une décision à laquelle on voulait nous associer sans en connaître la nature. Il s’agissait de la dissolution du FIS qui fut annoncée le soir même à la télévision. Je dois préciser, s’il en était besoin, que mes positions envers le FIS n’étaient nullement dictées par une quelconque sympathie envers ses idées, mais par conviction démocratique et par souci de rester cohérent avec moi-même. Je croyais et croirai toujours à la démocratie, sans ignorer la nature non démocratique de larges pans de notre société et l’emprise profonde de l’islamismania sur nos mentalités. Si des élections présidentielles libres devaient se tenir aujourd’hui, c’est le discours le plus haineux, le plus nihiliste et le moins démocratique qui serait installé à El- Mouradia. Tout le monde le sait in petto, mais personne n’ose le dire en public. On joue à se duper les uns les autres, et on croit que c’est cela le summum de l’intelligence politique. Depuis l’agrément du FIS, je n’avais cessé de le critiquer dans des interviews et des communiqués officiels, et non en catimini. Ce que je pense et écris aujourd’hui au sujet des révolutions arabes et des résultats des élections est exactement ce que je pensais, écrivais et défendais à l’époque : l’hypothèque islamiste doit être levée, et l’épée de Damoclès éloignée de nos têtes. Il n’y a pas moyen de faire autrement, de façon efficace et durable, que de laisser les islamistes gouverner quand ils reçoivent l’onction de la majorité, tout en veillant à la protection des libertés publiques et du cadre républicain et démocratique de l’Etat. A ce moment-là, si une guerre civile doit éclater, ce sera pour la bonne cause et nous y entrerions tous le cœur léger. C’est ainsi que se débloquera l’histoire du monde arabo-musulman, et d’aucune autre manière. On voit bien que le problème est dans le peuple, dans le corps électoral, et non dans les pétrodollars saoudiens ou qataris. Au cours des séances du dialogue national ouvert et conduit par le président Liamine Zeroual en 1994, j’étais de tous les participants celui qui s’était opposé le plus fermement au projet de communiqué final, parce qu’il contenait un paragraphe mettant pratiquement sur un pied d’égalité la violence terroriste et la contre-violence de l’Etat. Je me rappelle de l’accrochage que j’avais eu avec feu Abdelhamid Mehri. A un moment il avait dit : «Cette séance me rappelle les débats du CNRA en 1961 à Tripoli.» Je lui ai répondu : «Ya si Mehri, c’est parce que vous n’avez pas réglé les problèmes qui se posaient à l’époque que nous sommes aujourd’hui dans cette situation.» Il y eut un rire général, ce qui détendit l’ambiance. Le mois suivant, je me rendis à Rome à l’invitation de l’association Sant’Egidio. Là, devant la presse internationale, je récusai la tenue d’une telle réunion de l’opposition algérienne à l’étranger, et me démarquai de ceux qui, parmi nos «historiques», venaient de qualifier le terrorisme de «mouvement de résistance». Nahnah défendit la même position que moi. La conférence avorta, et il fallut en convoquer une seconde (à laquelle je n’ai pas été invité) pour aboutir au fameux «Contrat de Rome».

 

Depuis, je ne passais plus pour un islamiste modéré, ni pour un laïc, mais pour un «agent du DRS». Vingt ans après ces évènements, je remercie Dieu d’un côté, et l’Histoire, de l’autre, parce qu’elle a montré que je n’étais pas dans l’erreur. C’est ce qui me permet aujourd’hui d’écrire ce que j’écris, sans craindre d’être confondu par un écrit passé ou une position publique antérieure. Ils ne sont pas bien nombreux ceux qui peuvent s’exposer à un tel défi.

 

Il semble que le Prophète ait honoré les Berbères de quelques belles paroles. Il aurait dit un jour à Omar : «Allah ouvrira une porte du côté du Maghreb : il lui suscitera un peuple qui le glorifiera et humiliera les infidèles. Peuple de gens craignant Allah, qui mourront pour ce qu’ils auront vu, ils n’ont pas de villes qu’ils habitent, ni de lieux fortifiés dans lesquels ils se gardent, ni de marchés sur lesquels ils vendent.»

 

A quelques mois de sa mort, il serait revenu sur le sujet, disant : «Je vous recommande la crainte d’Allah et des Berbères car ce sont eux qui viendront vers vous avec la religion d’Allah du fond du Maghreb, et Allah les prendra en échange de vous.» (Selon Ibn Hammad, cité par Mahfoud Kaddache in L’Algérie médiévale). La prophétie s’est-elle réalisée avec la conquête de l’Espagne, la fondation du Caire, les dynasties almoravide et almohade, hauts faits à mettre à l’actif de nos ancêtres, ou bien est-elle en rapport avec des évènements non encore survenus ?
N. B.

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