source : Batna info
Batna : Le mausolée des rois numides de Medghassen attend sa restauration.
Parmi, les 17 sites naturels et archéologiques entre ruines, monuments et édifices ayant été classés d’importance nationale ou internationale, l’inestimable mausolée des rois numides de Medghassen, datant de 300 ans avant JC, est perçu comme étant le symbole de l’authenticité algérienne puisqu’il est le témoin vivant de l’époque ancienne où les berbères vivaient en paix au sein de la Numidie. L’importance et la valeur architecturale, historique et culturelle de ce rare site, perçu comme étant le plus ancien monument de l’Afrique du nord, se traduit par le fait qu’il a été intégré en relief pour orner le nouveau passeport biométrique algérien. Le mausolée des rois numides de Medghassen, se trouve dans les environs de la localité de Boumia, à plus d’une vingtaine de kilomètres au nord de Batna-ville. Ce qui est particulièrement troublant et bouleversant c’est le fait qu’il n’y aucune indication routière ou autre élément de base signalant la présence du mausolée, ni au niveau de la route nationale N°3 menant de Constantine à Batna, qui passe à quelques encablures du site, ni ailleurs. Le seul réconfort est celui ressenti grâce au geste salutaire de quelques cadres de la localité de Boumia qui ont permis la réalisation et l’installation d’une réplique du mausolée des rois numides de Medghassen, au niveau de la principale intersection de la localité. En cette année 2011, beaucoup de problèmes se posent pour une conservation tant souhaitée du site qui connaît des dégradations depuis de nombreuses années. Il y a deux années de cela, une opération de restauration a été entamée pour une enveloppe de 4 milliards de centimes mais cette opération a échoué du fait que les travaux gérés par la direction de l’urbanisme, Duch, ont été confiés sans études sérieuses à une entreprise non qualifiée dans le domaine des arts architecturaux. Cette entreprise a été incapable de remettre les pierres qui sont tombées à leur place, d’ou un bâclage du travail. Les infiltrations des eaux pluviales n’ont pas cessé et ont fait en sorte que le monument est plus que jamais menacé dans ses fondements. Des voix se sont élevées et la nouvelle direction de la culture a récupéré au courant de ce mois de mars 2011, tout le dossier pour prendre en charge la remise en état du site à la place de la Duch. Dans la foulée, les officiels annoncent que des travaux de restauration du mausolée des rois numides de Medghassen, sont une priorité pour la wilaya de Batna et qu’il sera fait appel à des artistes, à des architectes et à des entreprises nationales ou étrangères spécialisées et possédant un capital expérience pour une restauration adéquate de cet édifice archéologique, capable de servir de base d’appui pour la relance du tourisme dans la région des Aurès.
Nasreddine Bakha
L’insurrection de l’Aurès en Mai 1879 : Histoire d’un guerrier Chaoui « Mohand Ameziane »
par S .DOUCHMANE
//
Ceux qui croyaient les chaouis des Aurès domptés par la misère furent détrompés par les évènements qui éclatèrent en fin du mois de Mai 1879; au cœur même de l'Aurès.
Le 30 mai 1879, Une bande de 200 à 300 insurgés, Lehalha, Touaba, Beni Bou Slimane se soulevèrent à la voix de mohand Ameziane Ben-Djarrallah alias Bouhkanoucht : Un véritable guerrier né au village de Djarallah, chez les Beni Bouslimane. Comme beaucoup de ses compatriotes, il avait émigré de bonne heure, abandonnant les montagnes arides qui forment la ceinture orientale de l’oued El Abiod, pour venir s’établir au pays des Touaba beaucoup plus fertile. Il devint marabout. Son influence s’étendit sur les Lehalha, les Touaba et les Beni Bouslimane qu’il réunissait en grand secret dans la mosquée d’El Hammam. Ces montagnards se sont révoltés au moment où leurs récoltes étaient encore sur pieds. Les insurgés s’attaquèrent immédiatement aux trois caïds les plus voisins d’eux. C’était indiquer nettement qu’on en voulait surtout aux délégués de commandement français, à la conquête française elle-même. Dans sa première phase du 30 Mai au 7 Juin, que l'on peut appeler phase des Caïds, l'insurrection était incontestablement un succès contre les représentants de la domination française, elle était également une réussite pour Mohand Améziane qui a réussi à soulever la plus grande partie du massif auressien et obtenir même le soutien de certaines tribus qui entrèrent dans le parti des révoltés tel que les Chorfa, Les Ouled Ali ben Flouss des Beni Oudjana de Khenchela enfin les beni Melkem, les Serahna et les Ouled sidi Mohamed de l'Ahmar Kheddou. Le nombre total des insurgés était estimé à 1200.Les autorités militaires s’étaient effrayées et prirent les précautions nécessaires pour ne point redouter un échec. Un mouvement de trois colonnes (Celle de Batna, Biskra et Khenchela) vers le massif en insurrection s’est exécuté de façon à enserrer chaque jour les résistants dans un cercle plus étroit. Les révoltés avaient échoué dans une attaque du 8 au 9 juin contre le caravansérail de Rebaa. Dans ce camp à 35 km de Batna sur la route de Batna à Khenchela; le parti des révoltés avait subi des pertes sensibles, qui mirent un terme à la marche offensive de l'insurrection. C'est le combat livré sur ce point qui avait décidé du sort de la révolte; il précipita l'émigration en Tunisie de Mohand Ameziane et quelques fractions des Aith Lehlouh. Les agents du Bey de Tunis l'arrêtèrent à Gabes chez le Bech Mefti de cette localité il fut livré à la France en Janvier 1880.]
les Auresiens ont toujours su allumer et conserver le flambeau de la liberté, comme en témoigne: Le flambeau de l'insurrection auresienne de 1849 (du leader Si Sadoq) ,de 1859, ( du leader Si Abdelhafid), de 1879 (du leader mohand Ameziane),de 1916 (du leader Ugzelmadh) et enfin le flambeau de la revolte de 1954 (du leader Mustapha Ben Boulaid). Le flambeau de la liberté n'a jamais été éteint en Aurès, et c'est le même qui éclaira l'indépendance de l'Algérie en 1962.
MASSINISSA Le plus célèbre roi amazigh de l’Antiquité, unificateur de la Numidie
Massinissa, dont le nom était transcrit MSNSN sur les stèles libyques -à lire probablement mas n sen “leur seigneur”- était le fils du roi Gaïa.
On connaît très peu de choses de Gaïa mais on sait que sous la direction de ce souverain, le royaume massyle avait commencé à atteindre un haut degré de civilisation, mais Syphax, le roi des Massaessyles rivaux, n’avait pas cessé de le harceler, s’emparant, à chaque fois qu’il le pouvait, de ses villes et territoires. Rome soutenant Syphax, Gaïa s’était allié aux Carthaginois. Il leur fournit, en échange de leur protection, des troupes que le jeune Massinissa commanda en
Espagne, à partir de 212 ou 211 avant J.C. jusqu’à l’automne 206, avec de fréquent: voyages en Afrique. La guerre ne tarda pas à tourner en faveur des Romains. Les Carthaginois, battus à Ilipa, perdirent leurs possessions en Méditerranée. Le général Scipion qui commandait l’armée romaine en Espagne, songeait à porter la guerre en Afrique, mais il voulait, auparavant s’assurer le soutien des royaumes numides. Il avait déjà gagné l’amitié de Massinissa, avec lequel il avait passé accord secret, puis il se rendit en Afrique pour tenter de convaincre Syphax de joindre à l’alliance. Mais le roi massaessyle, ayant eu vent de l’accord avec Massinissa, s’était déjà rapproché de Carthage.
Gaïa mourut cette année là et la royauté passa, la règle de succession des royaumes amazighs, au mâle le plus âgé de la famille, son frère Oezalcès. Celui-ci ne tarda pas à mourir à son tour. Un de ses fils, Capusa, lui succéda un homme sans envergure qui vit aussitôt se dresser contre lui un certain Mazetul qui devait appartenir à une à une branche rivale de la famille. Capusa fut tué au cours d’un combat mais Il ne prit pas le titre de roi. Il le conféra au frère de Capusa, Lacumazes, qui était un enfant. Or le trône devait revenir cette fois-ci à Massinissa, devenu l’aîné des enfants de la famille. Le jeune homme, se sentant lésé, quitta l’Espagne, avec une troupe de cavaliers, décié à faire valoir ses droits.
Lucamazès appela Syphax à son secours. Le puissant roi massaessyle chassa Massinissa mais, en retour, il annexa le royaume massyle.
Massinissa, réfugié dans les montagnes, avec une poignée de fidèles, connut une vie de proscrit. Il ne continua pas moins à harceler ses ennemis et les hommes de Syphax ne réussirent pas à venir à bout de lui.
Son heure arriva quand Scipion, décidé à en finir, avec Carthage, débarqua en Afrique. Le rusé Romain essaya une nouvelle foi, d’attirer Syphax jetant de nouveau l’alliance proposée, il se tourna de nouveau vers Massinissa, Les premiers combats tournèrent en faveur des deux alliés Ces derniers, encouragés par leurs succès, s’attaquèrent à Uttique, place forte carthaginoise, mais l’intervention de Syphax, les obligea à se retirer. ils prirent leurs quartiers d’hiver et Scipion, en cachette de Massinissa, entra de nouveau en contact avec Syphax. Faute de le détacher des Carthaginois, il lui demanda de proposer une solution pour mettre fin au conflit entre Rome et Carthage. Syphax proposa que les Carthaginois évacuent l’Italie, où ils sont en campagne, en échange les Romains quitteraient l’Afrique. Si le général Asdrubal, qui commandait les Carthaginois accepta l’offre, Scipion, qui voulait en fait la reddition pure et simple de la Cité punique, la rejeta.
Massinissa et Scipion reprirent leurs attaques, obligeant cette fois-ci les troupes puniques à se replier sur Carthage. Syphax, lui, ne voulant pas perdre plus d’hommes, se retira dans son royaume.
Les Carthaginois, comprenant que les Romains ne leur laisseraient pas de répit, décidèrent, après avoir adopté une attitude défensive, de passer à l’offensive. Ils levèrent une forte armée qui, rejointe par Syphax, donna l’assaut. Ce fut la bataille des Grandes Plaines (avril 203 avant J.C) qui s’acheva par la victoire des forces coalisées de Massinissa et de Scipion.
Il y eut un répit au cours duquel chaque camp reconstitua ses troupes, puis la guerre reprit. Un combat s’engagea entre Massinissa et Syphax, et ce dernier, entouré par de nombreux soldats, était sur le point de l’emporter, quand l’armée romaine intervint. Jeté à terre, Syphax fut arrêté. On l’enchaîna et on le conduisit sous les murs de Cirta qui, voyant son roi en piteux état, décida de se rendre. Massinissa, après plusieurs années d’errance, put ainsi reprendre le royaume de ses pères.
Carthage, vaincue, fut obligée de signer une paix qui la priva d’une grande partie de ses territoires et de sa flotte. Le retour de Hannibal, qui avait mis fin à la campagne d’Italie, souleva les espoirs de la Cité.Un incident rompit bientôt la paix et la guerre reprit.
Hannibal s’allia à Vermina, le fils et successeur de Syphax et, ensemble, ils envahirent le royaume des Massyles. Massinissa et Scipion les rejoignirent à Zama (soit l’actuelle Souk Ahras, en Algérie, soit Jama, en Tunisie) et une grande bataille s’engagea (202 avant J.C). Le choc fut rude et il y eut des pertes des deux côtés, puis la bataille tourna à l’avantage de Massinissa et de Scipion. L’historien latin Tite-Live fait un récit très imagé de cette bataille :
“Un combat singulier s’engage entre Massinissa et Hannibal. Hannibal pare un javelot avec son bouclier et abat le cheval de son adversaire. Massinissa se relève et, à pied, s’élance vers Hannibal, à travers une grêle de traits, qu’il reçoit sur son bouclier en peau d’éléphant. Il arrache un des javelots et vise Hannibal qu’il manque encore. Pendant qu’il en arrache un autre, il est blessé au bras et se retire un peu à l’écart… Sa blessure bandée, il revient dans la mêlée, sur un autre cheval. La lutte reprend avec un nouvel acharnement, car les soldats sont excités par la présence de leurs chefs. Hannibal voit ses soldats fléchir peu à peu, certains s’éloignent du champ de bataille pour panser leurs blessures, d’autres se retirent définitivement. Il se porte partout, encourage ses hommes, abat par-ci, par-là ses adversaires, mais ses efforts demeurent vains. Désespéré, il ne pense qu’à sauver les restes de son armée. Il s’élance en avant, entouré de quelques cavaliers, se fraie, chemin et quitte le camp de bataille. Massinissa qui l’aperçoit se lance avec son groupe derrière lui. Il le presse, malgré la douleur que lui cause sa blessure, car il brûle de le ramener prisonnier. Hannibal s’échappe à la faveur de la nuit dont les ténèbres commencent à couvrir la nature.”
Carthage fut de nouveau contrainte à négocier. Mais le précédent traité fut révisé et la cité punique dut restituer à Massinissa tous les territoires qui avaient été arrachés à ses ancêtres. Hannibal se révolta et essaya de s’opposer au traité mais menacé d’être livré aux Romains, s’enfuit en Syrie où il se suicida en 143 avant J.C.
Après la bataille de Zama, Massinissa vécut encore de nombreuses années. Il garda sa vie durant l’amitié de Rome mais il ne fut pas son vassal et, contre ses appétits impérialistes, déclara, dans une formule célèbre, que l’Afrique appartenait aux Africains. Il récupéra non seulement les territoires que lui accordait le traité passé avec Carthage mais aussi de nombreuses villes régions sous l’autorité des Carthaginois ou Vermina, le fils de Syphax. De 174 à 172, il occupa soixante dix villes et forts !
L’oeuvre sociale et politique de Massinissa fut aussi grande que son oeuvre militaire. Il sédentarisa les amazighs, il les unifia, il édifia un Etat Numide puissant et le dota d’inscriptions, inspirées de celles de Rome et de Carthage. Il fit une monnaie nationale, entretint une régulière et une flotte qu’il mit parfois au de ses alliés romains.
Massinissa qui était un rude guerrier, encouragera la littérature et les arts, envoya ses enfants étudier en Grèce et reçut à sa cour de nombreux écrivains et artistes étrangers. C’était un homme courageux, qui garda jusqu’à un âge avancé, une grande vigeur. Il pouvait rester une journée entière à cheval et, comme le dernier de ses soldats, supporter toutes les privations. Il avait quatre vingt huit ans quand il commanda une bataille contre les Carthaginois. Le lendemain, Scipion Emilien le trouva debout, devant sa tente, mangeant un morceau de galette, qui formait son repas.
Mais il savait aussi se comporter en souverain raffiné, portant de riches vêtements et une couronne sur la tête, donnant, dans son palais de Cirta, des banquets où les tables étaient chargées de vaisselle d’or et d’argent et où se produisaient les musiciens venus de Grèce.
Massinissa avait combattu les Carthaginois mais il ne dédaigna guère la civilisation carthaginoise, dont il sut tirer avantage. La langue punique fut sage courant dans sa capitale où on parlait également, en plus du amazigh, les langues grecque et latine.
Il eut plusieurs épouses et un nombre considérable dont quarante trois mâles. La plupart disparurent avant lui mais il en resta, à sa mort, une dizaine. Il aimait les enfants et il gardait autour de lui ses petits-enfants. Un marchand grec, étant venu acheter des singes en Numidie, pour distraire les riches, il dit “Les femmes de votre pays, ne vous donnent-elles pas des enfants ?”
Massinissa fut célèbre dans tous les pays de la Méditerranée et l’île de Delos, en Grèce, lui éleva trois statues. Vers la fin de sa vie, il voulut s’emparer de Carthage pour en faire sa capitale. Les Romains qui redoutaient qu’il n’acquière une puissance encore plus grande que celle des Carthaginois et qu’il ne se retourne contre eux, s’opposèrent à ce projet. Caton, attirant l’attention sur le danger que représentait Massinissa, lança sa célèbre formule: “Il faut détruire Carthage! ”
Ce fut de nouveau la guerre en Afrique et, après d’âpres combats, Carthage fut livrée aux flammes, puis au pillage. Les survivants furent réduits en esclavage et la ville fut entièrement rasée (149 avant J.C). Massinissa, mort quelques temps plus tôt, n’avait pas assisté à la chute de la ville convoitée. Ses sujets, qui l’aimaient, lui dressèrent un mausolée, non loin de Cirta, sa capitale, et un temple à Thougga, l’actuelle Dougga, en Tunisie.