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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 00:19

 

 

Voici deux des nombreux poèmes de Mohand Saïd Lechani :

 

 

 

Lemmer d itbir ay lliγ
d aya i ttmenniγ
adrar n lḥeṛṛ at awḍeγ

 

ddeqs aya seg id nfiγ
atma-w ur ten ẓṛiγ
ilaq abrid at aγeγ

 

imi affug ur wεiγ
si lmelzum ğğiγ
tamara aqli ṣebṛeγ

 

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Ay yemma heggi yi aεwin
Heggi yi t id s acwari

 

Nekkini ṛwaḥ ad ṛuḥeγ
Ad nnaγeγ d uṛumi

 

Att naεṛem ay iεessasen
Ad iyi iεawen ṛebbi

 

 

 

 

 

 

Mohand Saïd Lechani

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9 février 2013 6 09 /02 /février /2013 00:15

 

Par DDK |                               

Entretien avec Idir

«La culture kabyle est en régression»
 

 

Fils de berger, né en 1949 à Aït Lahcène, un village de Kabylie, Idir a sorti son premier album en 1975 chez Pathé Marconi. Il contenait une chanson, A Vava Inouva, un succès planétaire, hymne à la vie paysanne des montagnes de l'Atlas, diffusé dans 77 pays et traduit en quinze langues.

Son nouvelle albumNeveo est sur le marché depuis le 4 février dernier.

Vous vous êtes fait rare. Depuis vos débuts à Radio Alger en 1973, vous avez pratiqué un art du retrait et de l'économie...

Neveo est mon sixième album. En quarante ans de carrière, ce n'est pas énorme. J'ai une certaine paresse en moi. J'avais signé un contrat pour trois disques avec Sony, j'ai fait Identités (1999), La France des couleurs (2007), et il me restait celui-ci. J'ai tardé, parce que je ne pouvais pas traiter des mêmes thèmes les identités croisées, abordées avec des collègues chanteurs, Manu Chao, Dan Ar Braz, Akhenaton, Grand Corps Malade, Zaho...] en utilisant de nouveaux mots. Je suis rentré en moi, et j'ai retrouvé les chansons, les ambiances qui m'avaient bercé.

Une chanson, "Ayen i Nessaram", a été retirée au dernier moment, pourquoi ?

C'était une version en kabyle de Behind Blue Eyes, des Who [1971], mais nous n'avons pas eu de réponse quant aux droits d'adaptation. Or je voulais articuler cet album autour d'un tube planétaire, une de ces chansons qui n'est étrangère à personne, même pas aux vieux de mon village. C'est dommage, j'ai perçu un certain déséquilibre dans mon album.

L'album commence par un air de fête en Kabylie. Il y a aussi ces accents de mambo latino, "Ibeddel zzman" (Les temps changent)...

Tout l'album a été fabriqué avec des instruments traditionnels, et avec Ibeddel zzman, je voulais rendre hommage à Ahcène Mezani [1922-1985], précurseur de la chanson d'amour kabyle, qui vivait en France et avait du succès dans les années 1950. Il aimait chanter avec les cheveux gominés dans les bals du samedi soir. Il est mort dans un grand dénuement.

La chanson kabyle a joué un rôle politique important. Vous avez soutenu la reconnaissance de la langue tamazight, participé au "printemps berbère", mouvement né en 1980, qui fut réprimé. Qu'en est-il aujourd'hui ?

La Kabylie va comme elle peut, sa culture est en régression.

Nous avions un sens aigu de la valeur des mots, une tradition orale puissante. Deux poètes de tribus ennemies pouvaient faire cesser un conflit par amour du beau.

L'Etat algérien a inscrit la culture berbère dans la Constitution en 2002, une chaîne de télévision en tamazight, Berbère TV a été créée en 2009, mais elle véhicule une religion, des idées, qui viennent du Moyen-Orient. La langue arabe, qui est magnifique, avance au détriment du kabyle, mais aussi du français, qui est certes la langue du général Salan, mais aussi celle de Victor Hugo. Et ainsi, on meurt à petit feu.

Comment y résister ?

Voici une nouvelle idéologie, que j'appelle "l’arabisme", qui veut faire de nous ce que nous ne sommes pas. Nous y enfermer. Or, l'immense majorité des musulmans n'est pas arabe. Les extrémistes, qui proposent d'adopter la charia, de supprimer le théâtre et la musique qui, selon eux, éloignent de la piété, alors que Mahomet a choisi Bilal pour dire la prière parce qu'il avait une belle voix, arguent du fait que le Prophète était arabe pour affirmer que tous les musulmans le sont. Un bosniaque n'a rien de commun avec un saoudien, ni un philippin avec un malien. Tout cela nous mène vers des territoires aléatoires, où l'on patauge comme dans des sables mouvants. Personnellement, je suis arabophone, mais pas arabe.

Comment l'Algérie traite-t-elle sa culture, selon vous ?

L'Algérie indépendante ne s'est jamais intéressée à la culture. D'abord, les chanteurs ont fait de la propagande, des chants patriotiques. Plus tard, le raï a permis aux jeunes de danser, mais il n'y a pas eu d'identification possible, même avec des interprètes à la forte puissance vocale, comme Khaled. Le raï proposait un contre-modèle, du jeu, de l'alcool, des histoires d'amour. Des chebs, Hasni, Aziz, Rachid, ont été assassinés pour cela par le GIA [Groupe islamique armé], tout comme le chanteur kabyle Matoub Lounès, mais là, pour des raisons plus politiques. Le raï a aussi servi au pouvoir algérien à oblitérer la chanson kabyle revendicatrice. L'Algérie est un pays soucieux de sa souveraineté, ce que personne ne lui conteste, mais c'est aussi un bouchon transporté par les flots.

Géologue, vous deviez travailler à la prospection du pétrole et de l'eau dans le Sahara avant d'être happé par le chant. Vous avez invité, sur "Neveo", le joueur de oud Alla, originaire du Sud algérien. Soutenez-vous la cause des touaregs ?

Les touaregs sont des berbères, je les soutiens dans leurs revendications identitaires et culturelles, qui en principe n'ont rien à voir avec l'islamisme.

Pour être géologue justement, je sais que le monde n'a pas été créé en six jours, avec repos le septième. Imam, prêtre, rabbin se serrent la main autour d'un Dieu unique, puis se querellent sur le Prophète. Trois livres pour un seul Dieu, c'est trop. Sinon, j'adore le ciel bas du Sahara. Je repense à Charles de Foucauld, qui est arrivé à Tamanrasset en 1905 et a rédigé un dictionnaire Targui-Français.

"A chacun son Sud", chantez-vous avec votre fille Thanina. La Kabylie est donc multiple ?

Oui, et libre. Je n'ai pas fait de mes enfants des kabyles, ils l’ont choisi. J'ai du mal à supporter les Algériens par procuration, nés ici, qui sifflent le drapeau français.

Mais il est vrai que l'expression "guerre d'Algérie" a été officialisée en France en 1999, le massacre du 17 octobre 1961 a été reconnu "crime d'Etat" par François Hollande en 2012, et l'on parle encore de colonisation positive. La colonisation procédait ainsi : occupation du territoire, asservissement des populations, puis assimilation.

En 1962, il y avait 98 % d'analphabètes en Algérie. Mais je dois à la langue française mon discernement, et c'est le pays qui m'a accueilli. Propos recueillis pour Le Monde par Véronique Mortaigne

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6 février 2013 3 06 /02 /février /2013 18:44

 

 Le Grand Génie Ibn Khaldoun avait pourtant prévenu tous les Nord-Africains ''qu'un pays qui s'arabise se ruine'', et qu'à son époque à Cordoue ''tous les savants musulmans n'étaient pas des arabes''. Et que dire de Kateb Yacine pour qui les arabo-musulmans ''avaient inventé des fusées (mosquées) qui ne décollent jamais !'' (à moins que la méga-mosquée de ton roi Bouetesrika puisse relever ce défi).

Le phénomène religieux résulterait de l'activité conceptuelle, appelée en biologie, fonction d'abstraction. Or ce déterminisme est incompatible avec les données de la science, qui indiquent que le phénomène religieux n'a pas ses racines dans l'activité mentale réfléchie.
Tu ignores sans doute la structuration du cerveau qui est formé de couches reflétant les étapes de l'évolution: cerveau reptilien, cerveau limbique qui est le siège des émotions, enfin néo-cortex qui est le siège de la parole et du raisonnement, lequel occupe 85% du volume cérébral. Les neurologues en visualisant l'activité cérébrale de quelqu'un qui prie, situent "l'inscription de l'activité religieuse au niveau limbique".

"Entièrement comportementale, faite d'automatismes non réfléchis, cette mémoire limbique a permis l'implantation et la pérennité des gestes et des rites religieux, sans l'aide de la mémoire consciente ni de la transmission verbale. Ce qui permet de comprendre pourquoi toutes les religions ont en commun une gestuelle de base, allant de la prosternation aux rituels d'attitude: joindre les mains pour prier est aussi "naturel" qu'inspirer de l'air pour respirer." Selon le spécialsite A. Gernez.
"Nous pouvons accepter, refouler ou dévier les incitations religieuses mais, ne disposant pas d'une rétro-action sur le cerveau limbique, aucun raisonnement ne peut altérer l'autonomie de l'instinct religieux et aboutir à sa désinscription."
"Au stade primitif, la fonction religieuse [...] ne sert à rien. Et pourtant elle a trait à une survie, sinon il [le Néanderthalien] n'enterrerait pas ses morts. [...] Il le fait sans savoir pourquoi, comme l'animal qui exécute une parade amoureuse ignore que c'est pour procréer."

Il n'est pas nécessaire de faire de longs commentaires. Ce qu'A. Gernez dit de la "fonction religieuse" pourrait s'appliquer à la "fonction d'agressivité": elle s'enracine dans le cerveau limbique voire reptilien, elle est attestée par l'ethnologie, la sociologie et l'histoire, y compris contemporaine, elle est rebelle à la raison. Si elle existe toujours c'est que Dame Nature qui a toujours raison (Gernez dixit) devait la maintenir.

Dans la majorité des cas, nous ne pratiquons une religion que parce que celle-ci nous a été transmise par nos parents. Rarement la choisissons-nous volontairement à l’âge adulte, en toute connaissance de cause. La raison en est fort simple: un enfant est plus facile à influencer qu’un adulte, il est donc plus facile de lui inculquer des croyances et de l’habituer à accomplir des gestes rituels qui deviendront plus tard des automatismes. Les parents ne sont pas mal intentionnés, ils font ce qu’ils croient être le mieux pour leur enfant.

Croire, c’est être persuadé de quelque chose sans avoir de preuve, parfois même en l’absence de validité scientifique. Je sais que la Terre est ronde parce que la science l’a prouvé. Je n’ai pas constaté ce fait de visu mais je trouve cette donnée vraisemblable. Si j’avais des doutes, je pourrais toujours regarder un bateau s’éloigner à l’horizon et constater qu’il disparaît de ma vue en commençant par le bas. Les croyances religieuses ne nous sont pas inculquées comme des connaissances. On nous demande de croire, c’est tout.

Les connaissances font appel à la logique alors que les croyances font surtout appel aux émotions. Dans le cerveau humain, c’est l’hémisphère gauche qui est le siège de la logique alors que l’hémisphère droit est celui des émotions. La communication entre les deux hémisphère est assurée par le corps calleux. Ce dernier ne peut remplir sa fonction de façon optimale chez l’être humain qu’à partir de l’âge de 10 ans (à moins d'être un attardé). Jusqu’à cet âge, ‘hémisphère gauche n’est donc pas en mesure de « contredire » les croyances qui font réagir l’hémisphère droit. C’est ainsi qu’un enfant (ou un esprit enfantin) peut avoir parfaitement assimilé la notion que « Rien ne se perd rien ne se crée » par exemple, tout en continuant à croire sincèrement qu’un homme a voyagé à la vitesse de la lumiere sur un cheval blanc (bourraq).
Il y a les croyances enfantines, comme celle du bourraq. Lorsque l’enfant grandi et découvre le monde, il finit par renoncer de lui-même à ces croyances et personne ne lui en tient rigueur. En revanche, on ne manifeste pas nécessairement la même tolérance envers l’enfant qui remet en question les dogmes religieux qu’on lui a inculqués. L’enfant qui émet simplement un doute sur un aspect de sa religion s’expose dans certains cas à des regards choqués, des remontrances, voire même dans certains cas une punition. À force de subir des pressions pour rentrer dans le rang, il n’est guère surprenant que des personnes intelligentes et instruites finissent par perdre l’habitude de douter et de se poser des questions. Les sectes en sont pleines.

Iflisen Umellil

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 20:56

 

Mardi, 05 Février 2013

REFLET CULTUREL

à qui le tour de tronquer l’identité amazighe de l’Algérie ?

Par : Abdennour Abdesselam

Lors de son passage au forum d’El- Moudjahid, Abdelkader Mahmoudi a déclaré suite à un reproche qui lui a été fait de n’avoir point fait référence à l’amazighité du pays que “l’Algérie n’est pas berbère, mais amazighe, car elle est arabe”, sans pour autant donner une explication historique, morphologique et linguistique du vocable amazigh à sa conclusion très tirée par les cheveux. Il est évident qu’une telle déclaration aussi volontariste, floue que surprenante ne peut passer inaperçue même si l’habitude de la troncation de l’identité du pays est devenue monnaie courante chez quelques personnalités. En effet, depuis cinquante années d’indépendance nous ne cessons d’entendre et de lire de telles “proclamations” des uns et des autres. Ainsi Ben Bella criait en 1962 et par trois fois à qui veut l’entendre que “nous sommes arabes”. Chadli prenait un détour à la transformation de notre identité par la religion. Il déclarait que “nous sommes des Amazighs arabisés par l’islam”. C’est à se demander pourquoi l’islam n’a pas fait de même en Inde, en Tchétchénie, au Bengladesh, en Turquie et que sais-je encore et où les identités sont revendiquées autochtones. Belaid Abdeslam (simple coïncidence d’homonymat) cafouille dans une formulation toute arrangée pour la circonstance du moment en 1993 en disant “je suis kabyle parce que je suis arabe” etc. C’est tout de même assez cocasse de s’inventer à droite et à gauche des “mots-valises” et des exutoires pour être autre et réfuter en même temps qu’on est déjà naturellement et historiquement des Amazighs. L’Algérien ne cesse de tourner en rond malgré lui par tous ces errements des fabricants d’identité à l’emporte pièce. Dans son ouvrage “L’ordre et le désordre” Noureddine Toualbi relève cet étourdissement vertigineux et permanent des citoyens à savoir que: “Bien qu'ils semblent à présent vouloir se ressaisir de leur effroi, ils -les Algériens- demeurent toujours dans la même attente désabusée ; non de quelque prophète à la parole duquel ils ne voudront jamais plus se fier, mais dans la demande anxieuse d'un repère fort qui puisse leur valoir une sorte d'enveloppe affective, protectrice et rassurante”. Dans une contribution au journal le “Quotidien d’Oran”, Dahri Hamdaoui (Q.O) s’interroge de savoir : “Pourquoi aller jusqu'à nier ou renier, parfois violemment, nos racines amazighes par la négation de ce qui en perdure à travers notre parler?”. A qui le tour de s’aventurer à tronquer encore une fois mais en vain l’identité historiquement amazighe de l’Algérie ?


A. A.
kocilnour@yahoo.fr

 

 

 

jeudi 24 janvier 2013

Les Algériens n’ont pas oublié la langue de leurs ancêtres.
«Il nous faut apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir ensemble comme des idiots.» Martin Luther King
La langue parlée en Algérie, communément appelée arabe algérien, est une langue dont la base est l’arabe. Mais c’est aussi une langue qui a beaucoup emprunté aux autres langues telles que le turc, le français, l’espagnol et l’italien en fonction de la proximité géographique ou des rencontres historiques. C’est le propre de toute langue moderne. Il n’existe actuellement aucune langue au monde qui ne contienne des mots empruntés aux autres langues.
Or depuis toujours, notre pays, occupant un endroit stratégique dans le bassin méditerranéen, a été un carrefour, une espèce de passage obligé de toutes les visées expansionnistes et a fait l’objet de toutes les convoitises. La richesse avérée de nos contrées et l’hospitalité de nos ancêtres y ont contribué pour une grande part.
Mais s’il est admis que le parler algérien contient beaucoup de mots venant directement des langues des peuples qui ont occupé notre pays, il est difficile de reconnaître que nous utilisons encore plus de mots amazighs. Beaucoup d’Algériens arabophones reconnaissent aisément, et sans complexe aucun, les emprunts «européens», mais refusent de considérer que le parler algérien est tout aussi truffé de mots amazighs. Pourquoi, sur des dizaines de personnes interrogées par mes soins, une majorité quasi unanime refuse-t-elle de reconnaître ce fond amazigh dans notre parler quotidien ?
Même quand je leur montre que, dans une phrase aussi banale que «ouahed tobsi lubia» («une assiette de haricots») que l’on peut entendre dans toutes les gargotes algériennes, chacun des trois mots qui la constituent a son origine propre :
- le premier « ouahed » est arabe et désigne le chiffre un (1),
- le deuxième est amazigh (de adhobsi, mot encore usité et qui signifie disque ou assiette)
- et le troisième vient de alubia, mot espagnol signifiant haricot.
Ce refus est souvent très vif, d’une violence verbale inouïe, d’une agressivité et d’un dédain ironique si forts que cela m’intrigue depuis des années. «Moi parler kabyle ? ça ne va pas, non ?» Mes amis ne vont pas jusqu’à me traiter de fou mais le regard qu’ils me jettent n’en dit pas moins.
Oui, mais les exemples sont là évidents et têtus : notre langue parlée en Algérie est constituée pour une bonne part de mots amazighs. Et d’abord, les noms de nos chaînes montagneuses du Tessalah aux Aurès en passant par l’Ouarsénis, le Murdjadjo, le Djurdjura, le Hoggar, etc., sont tous amazighs. De même que les noms de plusieurs de nos villes, comme Tlemcen, Oran, Témouchent, Relizane, Tiaret, Ténès, Tizi Ouzou, Sétif, Tébessa, Batna, Guelma, Tamanrasset, de certains villages comme Missserghin, Arzew, Sfisef, Télagh, Frenda, Sougueur, Gouraya, Tigzirt, Azazga, Akbou, Fedj Mzala, Mdaourouch, Guenzet, de toutes nos rivières comme la Tafna, la Mekerra, le Seybouse etc. ne sont pas à l’évidence des mots arabes. Ceci s’explique par le fait qu’on ne peut pas changer facilement l’appellation d’un lieu géographiquement connu (les gens savants disent toponyme). N’importe quel géographe vous le dira_
Nous continuons encore à désigner des animaux par des vocables amazighs même quand nous connaissons leurs équivalents arabes. Personne parmi nous n’oserait dire leqlaq pour parler de la cigogne, ou soulahfat pour désigner la tortue mais nous utilisons plus facilement bellaredj ou fekroun. Et ces mots sont berbères.
Alors que dire des mots : ‘oukkaz (bâton) ‘aaggoun (stupide, bègue), bekkouch (muet), ‘aassas (surveillant, gardien), bouqredj (bouilloire), berrah (crieur public), bzim (broche), charef (âgé, vieux), chayet (excédent), chlaghem (moustaches), cherrek (déchirer), fertas (chauve), guezzana (voyante), guerjouma (trachée artère, gosier), ghemza (clin d’oeil), gourbi (taudis), gmir (borne, frontière), hallouf (cochon, porc), hawwès (se balader), hetref (délirer), jaaboub (nombril), jelleb (sauter), kellah (tromper), negguez (sauter), kerrouch (le chêne), mech’hah (avare), herrès (casser), zebouj (olivier sauvage), etc. ? C’est bien simple : je peux solennellement avancer que tous les mots que nous utilisons dans notre parler quotidien et qui ne sont ni d’origine arabe, ni d’origine européenne sont amazighs. Et ces mots sont nombreux. Trop nombreux pour être occultés.
Tous les Algériens utilisent des mots amazighs, presque toujours sans le savoir, mais ils acceptent difficilement cette évidence. Il y a comme une gêne à admettre cette réalité qui pourtant confirme la part d’amazighité comme une composante essentielle de notre identité. Les textes officiels l’affirment et le soulignent : nous sommes à la fois Arabes, Musulmans et Amazighs. Remarquez en passant qu’on devrait plutôt énoncer ce triptyque dans cet ordre : Amazighs, Musulmans et Arabes. Et même arabophones plutôt qu’Arabes.
Nous ne pouvons être Arabes pour deux raisons :
- La première est que les conquérants musulmans n’étaient pas si nombreux qu’on l’imagine. Le gros de leurs troupes était constitué des peuplades nouvellement islamisées. Ainsi par exemple la conquête de l’Espagne s’est faite par des Berbères islamisés menés par Tarik Ibn Ziad (un Berbère lui aussi).
- La seconde raison est que l’islamisation ne fut pas une colonisation de peuplement car, en ces temps-là, la péninsule arabique ne croulait pas sous une surpopulation qui aurait pu lui permettre de peupler tous les territoires conquis. Ni d’ailleurs en ces temps-ci.
Nos responsables claironnent, à qui mieux mieux, que l’Algérien est un Amazigh arabisé par l’Islam. En d’autres termes, ceci signifie que nos ancêtres ne parlaient pas arabe avant la venue de l’Islam et que nous nous sommes mis peu à peu à l’arabe après avoir embrassé la religion musulmane. Tout simplement, nous sommes des Amazighs devenus arabophones d’abord, puis Arabes ensuite en vertu du commandement religieux qui dit, m’a-t-on fait croire, que «toute personne s’exprimant en arabe dans son quotidien est arabe». Alors pourquoi aller jusqu’à nier ou renier, parfois violemment, nos racines amazighes par la négation de ce qui en perdure à travers notre parler ?
Cette assertion l’Algérien est un Amazigh arabisé par l’Islam sous-entend aussi que l’Amazigh qui ne parle pas arabe, ou qui n’a pas été arabisé, n’est pas musulman ou, pire, il n’est pas algérien. Cette banale petite phrase répétée à tout bout de champ véhicule un déni d’algérianité à tous ceux qui ne parlent pas arabe et, par ricochet, à tous les amazighophones monolingues. L’Amazigh resté amazighophone n’est pas un Algérien puisque l’Islam ne l’a pas arabisé.
Cette négation s’explique, à mon avis, par un faisceau de contraintes (tout aussi bien historiques, religieuses et sociales que politiques). Il est généralement admis que, durant les premières décennies qui ont suivi l’avènement de l’Islam, les «conquérants» musulmans avaient la volonté d’imposer la langue arabe à tous les pays soumis. De plus, l’Islam encourage à la maîtrise de cette langue pour être le plus près possible du texte sacré. Mais cette arabisation ne s’est pas toujours faite avec la même vigueur, probablement en fonction de l’éloignement des différents centres historiques de décision (Médine, Damas, Bagdad puis Le Caire, etc.),. En tous les cas, elle ne s’est pas faite de la même manière et avec la même force partout.
Ceci est un fait historique reconnu. Ainsi, en Asie, les peuples persans, kurdes, afghans, pakistanais, turkmènes, et autres ont, pour la plupart, adopté l’utilisation de la graphie arabe mais ont conservé leurs différents parlers. Un Pakistanais parle pakistanais mais écrit en caractères arabes. (Ces langues ont même créé des caractères capables de rendre certaines de leurs sonorités propres ainsi le son /v/ par exemple comme dans le nom de l’ex-président pakistanais Pervez Mussharaf).
Par contre les musulmans chinois, indiens et indonésiens ne parlent pas l’arabe, ni n’écrivent dans cette langue. Alors que l’Espagne, malgré huit siècles de présence musulmane, n’a pas renoncé à sa langue sous ses formes écrite et orale même si, par ailleurs, elle a emprunté et hispanisé des milliers de mots arabes. Ceci peut aussi s’expliquer par le fait que les commandants arabes qui menaient cette arabisation n’avaient pas la même personnalité, ni la même conception de la chose. Cela dépendait de leur degré d’interprétation de l’Islam.
La contrainte politico-sociale s’explique par le fait que dans les régions islamisées, la maîtrise de la langue arabe était un facteur de promotion sociale en plus d’être une manifestation de bonne foi (c’est le cas de le dire). L’illustre Tarek Ibn Ziad en est une excellente preuve. Ce critère de promotion sociale et, surtout, politique a d’ailleurs été remis à l’ordre du jour dès les indépendances recouvrées de certains de ces pays, comme ceux du Maghreb. Et cette contrainte est toujours d’actualité. La non-maîtrise de la langue arabe est devenue un handicap majeur, aux yeux de la population, pour une quelconque promotion sociale ou, et surtout, politique. Et c’est sans doute pour cette raison que dès qu’un de nos politiciens est désigné à une responsabilité, il s’empresse d’apprendre un minimum vital d’arabe.
Mais, il ne faut pas croire que l’arabisation de ces contrées s’est faite sans oppositions. Des zones, quoique parfaitement islamisées et très pieuses, quoi qu’on en dise, ont toujours résisté à la perte de leur langue. Au Maghreb, de la Libye au Maroc, on parle encore amazigh à côté de vastes régions parfaitement mais non complètement arabisées puisque ses habitants continuent d’employer des mots amazighs jusqu’à nos jours.
De nos jours, aucune personne au monde n’oserait dire que les ancêtres des Egyptiens parlaient arabe. Les Egyptiens, eux-mêmes, assument avec une grande fierté leur histoire antéislamique tout autant que leur arabité acquise après leur islamisation. Sont-ils des païens pour autant ? De même que les populations de la Somalie, du Soudan ou de Djibouti ne peuvent être arabes (au sens ethnique du terme) même si elles sont aujourd’hui considérées comme appartenant au monde arabe parce qu’elles s’expriment en arabe.
Chez nous, nous savons tous que Saint Augustin s’exprimait en latin mais personne n’oserait dire que c’était un Romain et qu’il n’était pas Amazigh. En clair : tout arabophone n’est pas obligatoirement un Arabe. L’arabisation du Maghreb a donc toujours eu la volonté d’occulter la langue et la culture amazighes. Cette exigence a fini par devenir dans notre inconscient collectif une sorte de commandement existentiel.
Comme si on avait peur de réveiller les vieux démons de notre histoire païenne ou chrétienne antéislamique. Comme si dévoiler notre amazighité originelle signifiait un refus de notre islamité. Comme si nous étions victimes d’un quelconque syndrome de la Kahina ou de Kosseïla. Nous avons d’ailleurs si bien intériorisé cet impératif que nous refusons maintenant de reconnaître que nous, Algériens arabophones, utilisons encore des mots de cette langue amazighe, malgré l’évidence. La langue de nos ancêtres, faut-il le rappeler ? D’ailleurs à ce propos, dans nos esprits l’arabité a depuis toujours été si bien accolée à la religion musulmane que pour la majorité de nos vieillards il ne peut y avoir de Chrétiens arabophones. Et pourtant, ils existent.
Les Indiens des Amériques du Nord et du Sud s’expriment en anglais ou en espagnol. Ils n’en sont pas pour autant Anglais ou Espagnols. Ils sont Américains, Canadiens, Mexicains, Colombiens, Péruviens, etc. Nous tolérons aisément qu’un Américain musulman s’exprime en anglais, qu’un Indonésien musulman parle javanais, et nous refusons d’admettre que notre parler contient quelques mots amazighs. Pire, ce rejet se manifeste par un ostracisme latent d’une partie de notre peuple (dont le seul tort est d’avoir conservé courageusement l’usage de sa langue originelle) laquelle, sans doute mue par un sentiment d’exaspération légitime, a fini par réagir avec une grande mais légitime violence (printemps berbères de 1981 et 2001).
Dénier à un peuple sa langue maternelle équivaut à une sorte de mutilation collective. Cultiver ce déni jusqu’à en faire un ostracisme, un rejet d’une partie de notre peuple, voire une partie de nous-mêmes, c’est perpétuer le chaos identitaire et existentiel qui sévit en Algérie. J’ose croire que ce déni et cette culture de la discrimination ne sont pas des actes volontaires, mûris et réfléchis par nos responsables politiques. L’arabisation de l’Algérie est irréversible.
Même nos ennemis nous classent dans le monde arabe. L’Algérie est un pays à majorité arabophone, c’est un fait historique. C’est un pays arabophone aujourd’hui, cela est incontestable. Soit ! Mais, il me semble que nous allons encore continuer à nous débattre dans de faux problèmes tant que la question de notre identité n’est pas clairement discutée. Une bonne partie de nos problèmes sera résolue si une réponse avec des mots simples est donnée à la question : qui sommes-nous ? Qui sont les Algériens d’aujourd’hui ?
«L’Algérien est un Amazigh arabisé par l’Islam». Cette assertion, malgré tous ses sous-entendus relevés plus haut, ne reste évidente que pour une poignée d’intellectuels. L’énoncer ne suffit plus. Il faut tout un courage politique pour oser l’expliquer à notre peuple avec force preuves et pédagogie. Elle doit constituer l’ossature de nos programmes scolaires. Nous avons le devoir de montrer aux générations qui viennent que l’existence de l’Algérie est antérieure à son islamisation. Nous devons en être fiers. Comme les Egyptiens sont fiers de leur histoire pharaonique et des fabuleux vestiges qu’elle leur a légués. Il faut que nos enfants assument pleinement leur identité, toute leur identité et bannir, une bonne fois pour toutes, l’utilisation à des fins politiques de l’une des composantes de celle-ci.
Dans son ouvrage, L’ordre et le désordre, paru en 2006 à Casbah Editions, Noureddine Toualbi Thaalibi affirme (page 120): «mais malgré tout et bien qu’ils semblent à présent vouloir se ressaisir de leur effroi, ils – les Algériens- demeurent toujours dans la même attente désabusée ; non de quelque prophète à la parole duquel ils ne voudront jamais plus se fier, mais dans la demande anxieuse d’un repère fort qui puisse leur valoir une sorte d’enveloppe affective, protectrice et rassurante.» Je partage pleinement avec son auteur cette assertion qui décrit si bien cette expectative angoissée mais qui reste néanmoins optimiste.
Et à ce propos, je suis fermement persuadé que ce repère fort dont il parle doit forcément être un des éléments constitutifs de l’identité de l’Algérien. Et probablement l’élément le plus originel, le socle de notre identité collective : je veux parler de notre amazighité. Si l’on considère que l’identité d’un peuple est constituée de strates superposées et imbriquées au fil des temps par une Histoire commune, ces strates étant la langue maternelle, les coutumes, la religion, un idéal commun, le sentiment d’appartenance à une même nation, etc., l’on comprend que sa destruction lente est plus aisée si sa base, son fondement primitif est érodé. Renier à un peuple sa langue, la langue de ses ancêtres, c’est lui enlever ce fondement originel, le repère de tous les repères. Pire, en perdant ce repère, il perdra tous ses autres repères. Il deviendra un être égaré et malléable à souhait prêt à renier son appartenance à son peuple, à son pays.
Déclarer tamazight langue nationale est un pas important dans notre quête identitaire. Mais ce pas restera insuffisant. Les Algériens, tous les Algériens, arabophones et amazighophones, doivent savoir qu’ils ont les mêmes ancêtres et que c’est l’Histoire de leur pays qui les a linguistiquement séparés. C’est un impératif vital : il nous faut reconnaître que dans le triptyque amazighité, islam et arabité qui fait l’Algérien aujourd’hui, le socle est notre amazighité. L’islam et l’arabité sont venus plus tard. Il n’y a aucun blasphème à le reconnaître.
Notre Histoire ne commence pas avec l’islamisation du Maghreb. Notre histoire est bien plus ancienne et il n’y a pas lieu d’en avoir honte, bien au contraire. L’Algérie est un des berceaux de l’humanité. Nos lointains ancêtres ont laissé assez de traces de leur génie. Les gravures rupestres partout dans le pays en sont un témoignage. Et nos ancêtres plus récents ont bâti des royaumes, construit des villes et des routes et se sont longtemps opposés à l’hégémonie romaine.
Ces ancêtres-là étaient des Amazighs et déclarer qu’ils se sont transformés en Arabes est tout aussi grossier et mensonger que l’était le fameux nos ancêtres, les Gaulois. Et on dira alors Algérien, tout simplement, sans se sentir obligé d’ajouter musulman et parlant arabe ou amazigh comme on dit Brésilien sans lui accoler chrétien parlant portugais et Américain sans y adjoindre chrétien s’exprimant en anglais. Ce qui, vous en convenez, est complètement ridicule.
Les querelles fratricides et les dérives autonomistes cesseront et on connaîtra alors la paix qui nous permettra de construire une démocratie moderne et forte. La paix de l’âme renaîtra dans le coeur de chaque Algérien lorsqu’il saura enfin qui il est. Je reste convaincu qu’en reconnaissant, qu’en acceptant sereinement notre amazighité notre lendemain sera meilleur. Alors émergera une nouvelle vision de penser notre pays, notre nation.
Je ne parle ni chaoui, ni kabyle, ni mzabi, ni semghoumi, ni targui, hélas ! Je parle algérien et je revendique mon amazighité, socle de mon algérianité. Et j’en suis fier.
par Dahri Hamdaoui – Le Quotidien d’Oran – février 2009
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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 20:46

el watan

 

Evocation. «Le fils du pauvre» dans «La misère en kabylie»
Eternel Fouroulou
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le 02.02.13 |

Le fils du pauvre de Mouloud Feraoun (1913-1960) publié en 1950, est un classique de la littérature algérienne, l’un des plus beaux et des plus connus des romans ou récits qui ont émergé avec l’Ecole d’Alger, et qui a obtenu, à juste titre, le grand prix de la ville d’Alger l’année-même de sa publication. C’était bien la première fois que ce prix était attribué à un écrivain indigène.

C’est aussi l’un des premiers romans que la génération algérienne de l’indépendance, encore collégienne ou lycéenne, eut à étudier, en même temps que Nedjma (1956) de Kateb Yacine, La grande maison (1952) de Mohamed Dib et La colline oubliée (1952) de Mouloud Mammeri. Ce fut, bien sûr, pour cette génération, une découverte extraordinaire que cette littérature indigène, méconnue d'elle jusque-là. Ces romanciers qui surgirent subitement dans une culture prodiguée par l’école française, avec les philosophes des lumières, Diderot, Montesquieu, Voltaire et Rousseau, les poètes tels que Baudelaire, Verlaine et Rimbaud et les grands écrivains tels que Victor Hugo, Emile Zola et Stendhal. Si Le fils du pauvre nous interpelle aujourd’hui, plus qu’aucun autre roman de sa période, c’est parce qu’il est un témoignage «vivant» de ce que fut la misère en Kabylie durant la période coloniale, mais aussi parce que son auteur eut une fin de vie des plus tragiques, assassiné par l’OAS le 15 mars 1962, à Alger, à 4 jours du cessez-le-feu, avec cinq de ses confrères, alors qu’ils étaient en pleine séance de travail. Mouloud Feraoun étant, à l'époque, engagé dans les centres socio-éducatifs créés sous l’égide de Germaine Tillon, et dont il était inspecteur.

La fin tragique d’un auteur rend son œuvre encore plus attachante, comme l’est aujourd’hui celle du poète engagé Tahar Djaout, assassiné durant la triste période algérienne appelée «décennie noire». Il est clair qu’on ne peut dissocier une œuvre de la vie de son auteur. Car, que serait l'œuvre d'un Albert Camus par exemple si sa vie fut un fleuve tranquille ? Il est en effet impossible de comprendre La peste, si l'on ne sait pas «qu'arracher» un Algérois de sa ville, comme le fut Camus, c'est lui enlever le souffle nécessaire à sa vie. Et que serait l'œuvre d'un Stefan Zweig sans sa vie de «Juif errant» qui lui permit de donner à l'humanité de sublimissimes nouvelles, telles Vingt quatre heures de la vie d'une femme et Le joueur d'échecs et qui finit suicidé au Brésil ? Et que serait l'œuvre de Soljenitsyne s'il n'avait pas vécu le goulag ? Le vécu de l'écrivain est aussi important que l'œuvre elle-même. Mouloud Feraoun n'a été assassiné par l'OAS que parce qu'il était un symbole de la réussite indigène et qu'il avait dédié sa vie aux membres de sa communauté afin de les sortir de l'ignorance et par là même de la servitude.

Le fils du pauvre est, à n’en pas douter, le récit de l’enfance de Mouloud Feraoun. Et, en redécouvrant cette œuvre avec le recul des ans, on ne peut que mieux comprendre les propos de l'écrivain sur l’indépendance de l’Algérie, lui qui écrivait : «L’idée d’indépendance est devenue pour nous la seule raison de vivre. Nous avons peut-être eu tort de laisser s’incruster en nous cette idée folle, mais il n’est pas question de l’en arracher» (cité par Ferhat Abbas in L’indépendance confisquée, p. 32).

En relisant cet ouvrage, avec donc le recul des ans, assurément cette lecture ne peut être que sensible au poids des mots. Et il n’y a là aussi aucun doute que cette œuvre de Mouloud Feraoun qui témoigne d’un vécu vienne en complément des écrits politiques de ses compatriotes de la période, tel Le jeune Algérien de Ferhat Abbas, dénonçant l’injustice, puisque maints spécialistes de la littérature algérienne, attestent que Le fils du pauvre a été écrit au début des années trente. De ce fait, si dans le domaine littéraire qui est le sien cette œuvre est un témoignage édifiant de ce que fut la misère en Kabylie durant la période coloniale, elle est aussi un engagement politique.
L’enfant Fouroulou (l'auteur, bien sûr) grandit dans une famille nombreuse de six personnes : le père, la mère, les deux sœurs (Titi et Baya) et lui-même, où «le couscous noir» était le repas quotidien, la viande seulement les jours de fête. «La viande est une denrée rare dans nos foyers. Ou plutôt non ! le couscous est la seule nourriture des gens de chez nous», raconte Fouroulou.

Le dur labeur du fellah, en l’occurrence le père, qui trime pour assurer la subsistance de sa famille, sans jamais arriver à la nourrir à sa faim : «Mon père avait beaucoup de soucis pour faire vivre sa famille», écrit l’auteur, qui poursuit : «Mon père réussissait avec beaucoup de vigilance à assurer à sa maisonnée le maigre couscous quotidien. Lorsque les travaux des champs étaient momentanément arrêtés, durant la période qui s'écoule par exemple entre la fenaison et la moisson, ou bien entre la moisson et le battage, il se faisait manœuvre et aidait comme journalier deux maçons qui construisaient pour les riches». Fouroulou était habillé à longueur d’année d’une gandoura défraîchie : «Je me vois ainsi vêtu d'une vieille gandoura décolorée par les mauvais lavages, coiffé d'une chéchia aux bords frangés et crasseux, sans chaussures ni pantalon». Pour se nourrir, il profite de la présence sur un chantier de son père (devenu ouvrier lorsque le travail des champs est arrêté), pour partager sa gamelle, et qui garda longtemps dans la bouche le goût d’une simple soupe à la pomme de terre, comme d’autres garderaient le goût de la crème chantilly : «Devant de telles richesses, la joie prend le pas sur la honte du début. C'est la joie animale de nos estomacs vides».

Ce n'est qu'au sein de la «djemaâ», havre de paix, que les pauvres se sentaient exister comme êtres humains à part entière, Car ces pauvres gens «craignaient l’isolement comme la mort». «La djemaâ, écrit l’auteur, est un refuge sûr, toujours disponible et gratuit».
Avec l’arrivée de son petit frère, prénommé Dadar, sept personnes désormais à nourrir, et une seule qui travaille, le père qui «se démène comme un diable ne perd aucune journée, et ne permet à personne aucun luxe. Il tremble à l’approche des ''aïds'' qui engloutissent les sous. Il tremble à l’approche de l’hiver qui engloutit les provisions.» «Fouroulou, ses sœurs et son frère grandissent comme ils peuvent». Le père qui tombe malade et c’est la tragédie «avec la misère à ses trousses». «Il vendit tout ce qu’il possédait et hypothéqua son champ et sa maison. Plus aucune solution que l’immigration». Il quitte le village pour la France, laissant derrière lui femme et enfants éplorés.
La veille du départ, Fouroulou surprit son père, en pleine nuit, en train de prier Dieu et les saints, «demandant à la providence d’avoir pitié de lui, de venir à son aide, d’écarter les obstacles de sa route, de ne pas l’abandonner. Puis, dans un élan désespéré, il l’implorait de veiller sur ses enfants».

La douleur de son père serra la gorge de Fouroulou et des larmes se mirent à couler silencieusement sur ses joues.
Les pieds glacés de froid de sa tante maternelle (et préférée), Yamina, qu’il appelle «Nana», ne le laissent pas indifférent. Elle n’avait pas de quoi se chausser dans cet hiver givrant des montagnes de Kabylie. Qu’est-ce qu’une paire de souliers dans cette Algérie de l’entre-deux-guerres, où les Européens d’Algérie vivaient dans le chic, leurs maisons bien chauffées et leur table bien garnie, et lorsqu'à Paris c'était l'insouciance des années folles ? Nana qui enfanta d'un bébé mort-né mourut en couches, et c’est là assurément la plus belle partie du texte, où le petit Fouroulou perdant sa tante bien-aimée est confronté à la mort. «Je fus brutalement réveillé par les cris de ma mère et de mes sœurs : ma douce Nana venait d'expirer. Oh ! Je me rappellerai toujours ces cris et la suprême angoisse qui me fit sursauter, m'enleva de ma couchette et me fit hurler d'épouvante. Chaque fois que j'entends les lamentations de nos femmes sur les morts, je frissonne malgré moi car elles me rappellent toujours le déchirant réveil qui m'apprit la mort brutale de ma tante». Et il poursuit : «La mort a tout pris. Elle laisse un masque indifférent, imprévu qu'elle dresse comme une barrière implacable contre laquelle notre douleur vient buter misérablement, sans échos»...

«Pour tous les gens du village, ce qui nous arrivait là ne sortait pas de l'ordinaire. La mort fauche couramment des gens dans la fleur de l'âge. On pleure, on se lamente à s'enrouer la voix pour une semaine, puis on se hâte pour se dire que l'on reste après le disparu et que, malgré tout, le mal est sans remède, puisque rien n'influe sur l'inexorable horloge du destin... Ma mère a vu mourir un frère, des sœurs, sa mère, puis son père. Elle est familiarisée avec la douleur et le silence».

Combien de femmes mortes en couches en Kabylie durant la période coloniale, et combien de bébés mort-nés ? L’écrivain dit lui-même être le premier garçon né viable dans sa famille. Et nous ne pouvons pas ne pas rapporter quelques phrases d’un article publié dans Egalité, journal de Ferhat Abbas, et sur deux éditions, le n° 54 et le n° 55, et intitulé «Le dur destin de la femme kabyle» : «Cette mère admirable, d’un dévouement entier, capable de tous les sacrifices, la mère kabyle ne peut pas être une mère complète. L’ignorance, le manque d’hygiène, les dures conditions de vie, élèvent la mortalité infantile à un taux effrayant. Il n’est pas rare de rencontrer des femmes à qui il reste deux enfants, un, ou pas du tout, alors qu’elles en ont eu dix, douze. Il suffit de si peu de choses pour emporter le petit… Alors, se produit chez les mères qui ont perdu tant d’enfants une lente accoutumance, une adaptation à la douleur…Et dès que s’offre un moment de loisir, la pente naturelle de leur âme les entraîne aux larmes, comme le fleuve va à la mer…» (signé Juba III). Fouroulou sut saisir la chance que lui offrit l’école pour sortir de sa situation de miséreux. Il réussit le concours d’entrée à l’Ecole Normale et devint instituteur. Quelle revanche du destin pour le fils du pauvre !

A la lecture de ce beau récit qu’est Le fils du pauvre, l’on comprend d’autant mieux pourquoi Albert Camus, alors journaliste à Alger Républicain, préféra dénoncer la misère en Kabylie plutôt que celle qui se trouvait à côté de lui, à «Laâqiba», quartier arabe par excellence de Belcourt, mitoyen de sa maison. Car la misère où végétait la population indigène de Belcourt n’avait assurément rien à voir avec celle que décrit Mouloud Feraoun dans Le fils du pauvre. Et c’est parce qu’il avait dénoncé cette effroyable misère dans ses articles intitulés «La misère en Kabylie» qu’Albert Camus se retrouva interdit d'écriture et Alger Républicain suspendu. Albert Camus dit lui-même «qu'il avait été le seul journaliste français obligé de quitter l'Algérie pour avoir défendu les musulmans». Et comme le précise Roger Grenier dans son ouvrage Albert Camus, soleil et ombre : «On s'arrangea pour que Camus ne puisse plus trouver du travail en Algérie.»
Albert Camus et Mouloud Feraoun étaient d'ailleurs amis, ils tinrent une longue correspondance... Mais ils avaient des divergences au sujet de l’indépendance de l’Algérie. Ceci est une autre question qui mériterait à elle seule une longue réflexion, car elle attira au prix Nobel de littérature l'animosité aussi bien de ses frères de sang que de ses amis algériens, qu'il appelait pourtant «mes frères ». Albert Camus se dit victime de l'incompréhension. Pour en revenir à ce classique de la littérature algérienne qu'est Le fils du pauvre, nous pourrions dire que s'il est un témoignage «vivant» de la misère en Kabylie durant la période coloniale, il est aussi un hymne à l'effort et au travail, qui finissent par être récompensés. Malheureusement, l'assassinat de Mouloud Feraoun à la veille du cessez-le-feu l'a privé de vivre l'indépendance de son pays, «cette idée folle» devenue réalité.



Leïla Benammar Benmansour. Diplômée de l’Institut français de presse, Docteur en information et communication, essayiste et auteure notamment de «Ferhat Abbas, l’injustice», Ed. Alger-Livre, 2010.

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 20:25

el watan

 

Boumerdès : Des lycéens bloquent la route à Timezrite et d’autres en grève à Dellys
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le 05.02.13 |

Les insuffisances qui entravent la scolarité des élèves de certaines localités de la wilaya de Boumerdès sont toujours de mise. Ce mardi, des dizaines de lycéens habitant la commune de Timezrite et scolarisés au niveau des lycées des Issers ont manifesté leur colère contre les retards enregistrés pour la réparation du bus qui les transportait vers leurs établissements.

Les élèves ont fermé le CW151 à l’aide de pneus brulés au lieudit Tiboura dès le début de matinée. « Cela fait près d’un mois que le bus est en panne. On nous a dit devait être réparé par une entreprise privée choisie par les responsables de la wilaya, mais rien n’est encore fait à ce jour », déplorent certains d’eux.

«Nous nous pouvons plus supporter cette situation car nous sommes obligés de payer 80 DA/j pour rallier nos établissements », enchainent-ils. À Dellys, ce sont les filles résidant à l’internat du lycée des frères Drif qui ont observé une grève pour protester contre l’absence de chauffage dans les chambres et les classes.

Les grévistes se plaignent également de la mauvaise qualité des repas et des coupures fréquentes d’alimentation en eau potable.

Ramdane Koubabi
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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 20:20

L'Expression

 

19E MAGHREB DES LIVRES À PARIS

Les lettres algériennes honorées
Par
Les lettres algériennes honorées

Organisée par l'association Coup de soleil, cette manifestation à 100% littéraire se tiendra les 16 et 17 février prochains à l'Hôtel de ville de Paris.

Après la Tunisie, place à l'Algérie qui sera mise sous les feux des projecteurs cette année sans doute en raison du 50e anniversaire de l'Indépendance. Organisé par l'association Coup de soleil, cet évènement en est à sa 19e édition.
L'association Coup de soleil est née du désir de rassembler les gens originaires du Maghreb et leurs amis. Elle a pour vocation première de renforcer les liens entre ces populations, quelles que soient leurs origines géographique (Algérie, France, Maroc ou Tunisie), culturelle (arabo-berbère, juive ou européenne), ou historique (immigrés ou rapatriés). Elle a aussi pour objectif de mettre en lumière les apports multiples du Maghreb et de ses populations à la culture et à la société française. Aussi, le Maghreb des livres, c'est une librairie avec tous les livres publiés en 2012, relatifs au Maghreb et à l'intégration.
Des livres d'Algérie, de France, du Maroc et de Tunisie, livres en langues arabe, française et amazighe, 138 séances de dédicaces pour quelque 145 auteurs, que vous retrouverez pour des entretiens et des lectures, différentes des tables-rondes, des rencontres et des cafés littéraires, un espace-revues, un espace-jeunes, un calligraphe, des dessinateurs de presse, des expositions de peintures, de photographies et de B.D, un café maure convivial, ouvert sans interruption durant ces deux journées du Maghreb des livres...
Pour cette année, le programme se veut encore plus riche. L'Algérie sera déclinée sous différentes facettes. Les amoureux des belles-lettres auront l'occasion, entre autres, de découvrir leurs auteurs préférés à travers huit séquences d'entretiens, une trentaine d'auteurs se plieront aux jeux questions-réponses face au journaliste littéraire Yves Chemla pendant quinze minutes.
Quatre rencontres d'une durée d'une heure seront dédiées aux écrivains et militants pour la liberté du pays. On peut citer Mouloud Aounit, militant de la fraternité, Pierre Chaulet, médecin et militant algérien, Tahar Djaoût, écrivain assassiné il y a 20 ans et Mouloud Feraoun, écrivain assassiné il y a 50 ans. Quant aux tables rondes, les conférenciers mettront en relief la position du Maghreb à travers plusieurs volets: l'actualité: «Cinquante ans après, où en est l'Algérie?», l'histoire «Les justes du Maghreb entre 1939 et 1945», l'intégration «De l'écriture au spectacle, une banlieue très cultivée» et la littérature «Cinquante ans d'écriture algérienne au féminin». Outre ces rencontres, le public pourra découvrir des espaces «originaux»: revue et jeunesse, des expositions, spectacles et une librairie contenant quatre mille ouvrages en français, en arabe et en amazighe. Dessinateurs de presse - Menés par l'ami Gyps, ils seront présents à «leur» table dans la librairie. Vous y retrouverez Dahmani, Elho, Halim Mahmoudi et Slim..
Des hommages seront rendus à Mouloud Feraoun, à Pierre Chaulet, mais aussi à l'écriture algérienne au féminin. Parmi les écrivains invités on peut citer Anouar Benmalek, Christriane Chaulet-Achour, Malek Chebel, Daho Djerbal, Hamid Grine, Chaternie Rossi, Habib Tengour, Nouredine Saadi, Amin Zaoui etc. Parmi eux plusieurs écrivains vont dédicacer leurs oeuvres comme Youcef Merrahi, Hamid Grine, Fadéla M'rabet, Wassyla Tamzali, Aziz Chouaki, Amara Lakhous, Maïssa Bey, Waciny Laredj, Benamar Mediène etc. En gros, la salle des fêtes de l'Hôtel de ville va donc se transformer en une gigantesque librairie (5000 ouvrages exposés) où près de 120 auteurs présenteront leurs ouvrages aux visiteurs (5000 personnes environ lors des précédentes éditions) au cours d' entretiens publics, de débats et de cafés littéraires. L'actualité, l'histoire, l'intégration et la littérature algériennes seront au centre des débats qui seront sans aucun doute des plus animés....

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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 23:43

El Watan

 

Wilaya de Boumerdès : le programme PPDRI en souffrance
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le 03.02.13 |

 Le retour des citoyens dans leurs villages dépend de la réalisation des PPDRI.

| © El Watan
Le retour des citoyens dans leurs villages dépend de la...

«La salle de soins et le bureau de poste sont fermés depuis 15 ans», dit un habitant d’un village dans la localité de Sidi Ali Bounab.

Le développement des localités rurales de la wilaya de Boumerdès n’est pas encore à l’ordre du jour. Ceux qui y habitent doivent en effet patienter encore quelques années pour espérer une éventuelle amélioration de leurs conditions de vie. Car les projets inscrits par les pouvoirs publics pour les sortir du cercle du sous-développement avancent à pas de tortue. Plusieurs années après son lancement, le plan de proximité du développement rural intégré (PPDRI) peine toujours à atteindre la vitesse de croisière en matière de réalisation. Les services chargés de son suivi n’ont pas encore consommé le budget de 2010.

Les opérations prévues au terme de l’année 2011 ont atteint un taux d’avancement de 10% alors que celles annoncées durant l’année écoulée ne sont pas encore entamées. La raison de ce retard serait liée principalement aux incohérences contenues dans les modalités d’application du programme, trop complexes eu égard à l’enchevêtrement des actions à entreprendre afin d’inciter les villageois à rester au niveau de leurs terres. Le conservateur des forêts fait état de 200 millions de dinars (MDA) qui ont été consommés durant l’année 2010 sur les 403 MDA dégagés par l’Etat. Aucune opération n’a été réalisée à temps. Même les aides pour les ruchers et les cheptels d’ovins et caprins se font toujours attendre.

«Durant cette période on a pu aménager 140 km de pistes et 40 sources. Comme on a implanté 280 ha d’oliviers et 171 ha d’arbres fruitiers. Cela en sus d’autres actions, telles que l’entretien des puits et celles portant mise en valeur du foncier qui ont nécessité des études approfondies», indique notre interlocuteur. Mais d’aucuns soutiennent que ce genre de projets risquent de ne pas avoir beaucoup d’impact sur le vécu des populations rurales ; elles qui souffrent à ce jour du chômage, du manque de couverture sanitaire et de l’absence d’infrastructures de base. Ces PPDRI doivent donc être accompagnés par d’autres mesures en mesure de stopper l’exode et de repeupler les localités désertées durant la décennie noire à cause de la menace terroriste.

«Nous manquons de tout ici. La salle de soins et le bureau de poste sont fermés depuis 15 ans. L’école primaire n’est pas encore réalisée. Le transport fait défaut à longueur d’année. Nos responsables doivent savoir que ce n’est pas avec le captage d’une source ou l’ouverture d’une piste qu’ils vont changer notre quotidien. D’ailleurs, mêmes les quelques têtes d’ovin, de bovin, et les ruchers…etc, promis en 2010 dans le cadre du PPDRI, ne nous sont pas encore octroyés», fulmine Madjid, un habitant d’Aït Slimane, un village perché sur les hauteurs de Sidi Ali Bounab. Ce sentiment habite des milliers d’autres citoyens de la région, notamment ceux qui manquent des commodités les plus élémentaires à une vie décente.

Les lenteurs constatées dans la concrétisation des PPDRI sont, selon un agronome de la région, la résultante du manque de vision des initiateurs du programme. Les entreprises devant se charger de la réalisation des projets prévus ont été créés en 2010, mais la plupart d’entre elles, à l’instar de l’entreprise régionale de génie rurale Zaccar, installée à Bouira, n’ont pas pu relever le défi en raison du manque de moyens matériels. Une situation qui a poussé les services concernés à décentraliser la gestion et le suivi du programme.

Le conservateur des forêts affirme avoir confié ces projets à l’ERGR Djurdjura, dotée d’importants moyens lui permettant de rattraper le retard accumulé au fil des ans. Notre interlocuteur précise que même le mode d’octroi du cheptel et d’autres aides sera modifié dans les semaines qui suivent. Il a souligné que la liste des fournisseurs sera fixée par la tutelle, ajoutant que les critères de sélection de ceux qui vont en bénéficier ne sont pas encore arrêtée.

Ramdane Koubabi
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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 23:34

Liberte

 

Dimanche, 03 Février 2013

RETOUR à LA LANGUE MATERNELLE

Parlez-vous chaoui ?

Par : Rachid Hamatou

En Algérie, l’usage de la langue amazighe connaît un regain timide, mais qu’il faut quand même signaler. Selon l’Unesco, le pays compte environ 35% de berbérophones avec ses variantes : le kabyle avec 5 millions d’interlocuteurs.

L’Unesco considère que les langues appartiennent au patrimoine culturel immatériel de l’humanité et œuvre pour la diversité linguistique par des programmes de sauvegarde des langues en danger.
L’organisme informe que 50% des langues sont en danger de disparition, qu’une langue disparaît en moyenne toutes les deux semaines, et que si rien n’est fait, 90% des langues vont probablement disparaître au cours de ce siècle. Les linguistes sont préoccupés par ce phénomène, car les langues qui disparaissent sont souvent des langues qui contiennent des phénomènes linguistiques rares, voire uniques, et s’ils n’ont pas été répertoriés, enregistrés, étudiés, ils seront perdus à jamais. En Algérie, l’usage de la langue amazighe connaît un regain timide, mais qu’il faut quand même signaler.
Selon l’Unesco, l’Algérie compte environ 35% de berbérophones avec ses variantes : le kabyle avec 5 millions d’interlocuteurs, ce qui fait du kabyle (taqbaylit) le deuxième parler berbère après le chleuh du Maroc. Cependant, la deuxième variante la plus répandue à travers le pays du berbère reste le chaoui (tacawit). Il est parlé par environs 3 millions de personnes à l’est du pays, surtout dans le massif auressien (Batna, Khenchela, Oum El-Bouaghi, Tébessa, Souk Ahras, extrême sud de Sétif, et une partie des wilayas de Biskra et de Guelma). Batna est auréolée du titre de capitale des Aurès, cependant elle n’a presque rien d’auressien linguistiquement parlant, si l’on compare cette ville à Tizi Ouzou, Béjaïa ou encore Ghardaïa, où les habitants de ces villes s’expriment dans leur majorité en berbère. Cependant, on assiste à un retour à la langue maternelle, comme nous le signale le professeur Fakihani Tibermacine, auteur du premier dictionnaire chaoui-arabe “La clé du trésor, parler chaoui” : “Loin du politique, il y a d’abord un sentiment d’appartenance. Les chanteurs de toute la région des Aurès ont eu le mérite, il y a de cela une vingtaine d’années, de prendre le risque (et je mesure mes mots), car c’était très mal vu et même réprimé de chanter dans la langue de Massinissa, d’écrire des pièces, des expositions, de réanimer certaines fêtes millénaires telles que thamghra n’tmanzouth, thifsouine, yennar. Et vous constatez aujourd’hui que ce rendez-vous, yennar présentement, n’est pas chaoui ou kabyle ou m’zab. Si de nos jours le mouvement associatif montre des signes de faiblesse, c’est parce que des individus et citoyens ont trouvé dans les nouveaux moyens de communication (blogosphère, réseaux sociaux) le moyen de redonner vie et des fois juste un petit coup de confiance (les enseignes des magasins, les prénoms amazighs – même si des fois, et surtout à Batna, l’administration est encore réticente – ; dans les cafés, dans la rue, dans les taxis, on écoute souvent Radio Batna en chaoui), les gens ont repris leur langue. La meilleure preuve reste le classement de l’Unesco pour les Aurès, qui est passé de ‘’en danger’’ à “vulnérable’’ ; il reste maintenant à monter crescendo vers l’officiel, comme c’est le cas chez nos voisins du Maroc.” Un autre indicateur de l’intérêt accordé par les Auressiens à leur langue maternelle (chaoui) à l’échelle ou niveau universitaire, où plusieurs étudiants en fin d’études, et pour la préparation de leur mémoire, cherchent de plus en plus des thèmes et sujets ayant trait avec le patrimoine matériel ou immatériel (géographique ou linguistique). Un autre exemple nous vient cette fois des Etats-Unis d’Amérique, plus exactement de l’université Politzer. L’anthropologue et journaliste d’origine algérienne (auressinne) Yasmine Bendaâs a passé plus de 3 mois dans la région de ses grands-parents, Chemora (36 km à l’ouest de Batna), pour réaliser une étude sur les origines et les différentes significations du tatouage chaoui. L’étude a été publiée par le magazine National Geographic, vu son importance. Beaucoup de facteurs, et d’une manière directe ou indirecte, ont contribué à ce redéploiement linguistique, qui peut être considéré comme phénomène, au vu de ce qui se passe à travers le monde et dans les pays les plus développés (Danemark, Hollande, Australie) où des budgets spéciaux ont été alloués pour sauver des langues en agonie.

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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 23:29

 

21E FESTIVAL DES MUSIQUES DU MAGHREB

Idir en concert à Montréal
Idir en concert à Montréal

Le chanteur algérien Idir participera au 21e Festival international des musiques du Maghreb prévu du 14 au 16 mars prochain à Montréal (Canada), ont indiqué les organisateurs sur leur site Internet. Le chantre de la chanson kabyle prendra part à ce festival qui regroupe généralement des artistes maghrébins connus, avec son nouvel album intitulé Adrar inu (Ma montagne) dont la sortie est prévue le 4 février. Adrar inu, produit en studio par Sony Music, contient 12 titres dont une chanson éponyme choisie comme musique générique de Machaho, un film d'expression kabyle de Belkacem Hadjadj sorti en 1995. L'album contient, en outre, une chanson suggérée par Mouloud Mammeri et puisée du terroir musical kabyle ancien. Le concert d'Idir est, par ailleurs, programmé pour la sortie de l'album et sera suivi d'un autre spectacle à l'Olympia (Paris) le 5 février, avant une tournée dans plusieurs villes de France jusqu'à juin prochain. Connu dès 1976 avec son succès planétaire A Vava Inouva, Idir signe La France des couleurs son dernier album remontant à 2007, précédé en 1999 de Identités et Les chasseurs de lumières. Né en 1949 à Béni Yenni (Tizi Ouzou), Idir, de son vrai nom Hamid Cheriet, n'a plus donné de spectacle en Algérie depuis sa performance de 1997 à la coupole du 5-Juillet d'Alger. Berbanya, un autre groupe algérien de musique kabyle fondé en 2003 à Montréal, participera à son tour à ce festival avec ses sept musiciens algériens établis au Canada. Organisé par l'association Productions Nuits d'Afrique, auteur du festival du même nom à Montréal, le Festival international des musiques du Maghreb se fixe pour objectif de promouvoir la culture nord-africaine, qu'elle soit traditionnelle ou moderne, dans ses dimensions méditerranéenne et sahélo-saharienne.

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