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9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 00:18

 

Conséquences de dizaines d’années de guerre
La fracture soudanaise
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le 09.01.11 | 03h00 Réagissez

zoom | © D. R.

Les Soudanais se préparent à la séparation, convaincus que c’est le prix à payer pour que le pays retrouve la paix.

Un nouvel Etat africain pourrait naître au soir du 15 janvier avec la clôture du processus électoral au Sud-Soudan et le démembrement du Soudan. Un tel scrutin est l’élément-clé de l’accord conclu entre le Nord et le Sud de ce pays, à ce jour le plus vaste du continent africain, mais aussi le plus marqué par les guerres. Un conflit n’est pas achevé qu’un autre éclate, et ce qui est à relever, c’est l’intérêt de très nombreux pays de la planète alors que l’Afrique ne manque pas de conflits et de drames. C’est donc en toute connaissance de cause que le gouvernement central soudanais et la rébellion du Sud-Soudan ont conclu en 2005 un accord devant mettre fin à une guerre qui dure depuis 1983.

Mais c’est en réalité un total de trente-huit années de guerres pour un pays indépendant depuis 1956. Il est dans ce cas plus facile de compter les années de paix, et encore, dira-t-on, quelle paix, vu l’état dans lequel se trouve ce pays qui a tous les atouts pour devenir grand. Autant de moyens gâchés, et une unité nationale qui vole en éclats, tout cela par la faute des différents gouvernants – bien peu depuis l’indépendance – qui se sont succédé. La course et la fascination pour le pouvoir sont à l’origine de tous les malheurs de ce pays. L’élément extérieur, bien réel de l’avis de nombreux spécialistes, a été un facteur aggravant, et même si ces mêmes dirigeants l’ont dénoncé, leur gestion lui a ouvert toutes grandes les portes du Soudan, au point que plus rien ne rapproche les deux régions du pays.

Aussi bien au Nord qu’au Sud, les Soudanais se préparent à la séparation, convaincus que c’est le prix à payer pour que le pays recouvre la paix. Encore que là, c’est une vision optimiste, puisque persiste la guerre dans le Darfour. Et depuis peu, ce sentiment tend à se renforcer, comme en atteste l’accélération des retours dans le sud de populations qui en sont originaires. Quatre millions de personnes ont quitté le Sud-Soudan, dont plus de la moitié ont trouvé refuge dans le nord du pays, particulièrement à Khartoum. Ce ne sont plus de simples discours, d’autant plus que la participation sera déterminante. Il faut que le seuil des 60% soit au moins atteint pour que le scrutin soit validé, et cela ne semble poser aucun problème. Pour preuve, relèvent ces mêmes analystes, des responsables politiques à Khartoum, y compris le président Omar El Béchir, ont reconnu qu’une victoire de l’option séparatiste était probable. Ou encore que le Congrès national (parti au pouvoir du président El Béchir) n’a même pas fait campagne au Sud-Soudan pour convaincre les Sudistes de choisir l’unité, certainement persuadé qu’il n’y avait plus rien à faire.

Le dernier vote ?

Lors d’une visite mardi 4 janvier à Juba, la capitale du Sud-Soudan, et qui pourrait être sa dernière à ce titre, le président El Béchir a assuré qu’il célébrerait le résultat du référendum d’aujourd’hui, même s’il débouchait sur la sécession. Pour le sénateur américain John Kerry, ces propos sont «extrêmement encourageants». Et là, on se demande si El Béchir ne cherche pas à régler non pas un, mais plusieurs problèmes, même si c’est au prix de l’unité de son pays, laquelle, il faut bien se rendre à l’évidence, a cessé d’exister. Son pays figure sur la liste noire américaine des pays liés au terrorisme et fait l’objet depuis 1997 de sanctions économiques par Washington. Khartoum a souvent plaidé pour la levée de ces sanctions, le retrait du Soudan de la liste noire et la normalisation des relations entre les deux pays, et lui-même est l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI (Cour pénale internationale) qui l’accuse de crimes de guerre et de génocide.   Assurance des uns, mais certitude des autres, les Sudistes bien entendu, qui sont près de quatre millions à s’être inscrits sur les listes électorales.

3 930 916 très exactement selon Chan Reec, vice-président de la commission référendaire. Signalons que le scrutin se déroulera en présence d’observateurs américains, européens, africains et arabes, mais l’on craint des problèmes aussi bien politiques que logistiques. Bien entendu, il n’échappe à personne que les conditions de déroulement d’un tel scrutin n’ont rien d’ordinaire. Un bulletin et tout change. Un nouvel Etat ? Oui, si les 60% sont atteints, ce dont plus personne ne semble douter. Et que sera ce nouvel Etat sur un continent farouchement opposé à une remise en cause des frontières héritées de la colonisation de quelque manière que ce soit, mais qui entend respecter l’accord conclu par les deux parties ? Et aussi dans une région qui regorge de conflits avec de fortes accusations d’ingérence étrangère ?

C’est cela la région qui s’étend en profondeur jusqu’à la Corne de l’Afrique. Plus qu’un soulagement cette fois, mais une véritable appréhension d’autant que l’odeur de pétrole est assez forte pour susciter toutes les convoitises. 

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