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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 21:16

L'Expression

IL Y A 20 ANS, MOHAMED BOUDIAF REVENAIT EN ALGÉRIE

Les cinq questions des lycéens
Par
Les cinq questions des lycéens

Les lycéens et lycéennes de l'établissement Mohamed-Boudiaf à El Madania ex-Salembier, et ceux du lycée Oum-Habiba de Bab Ezzouar à Alger ont donné hier une véritable leçon de prise de conscience à l'occasion de la célébration du 20e anniversaire du retour du défunt Mohamed Boudiaf en Algérie.
«Mohamed Boudiaf est cher à tous les Algériens dignes de leur pays et qui se respectent», ont-ils dit. Les lycéens ont posé 5 questions aux conférenciers, qui devaient donner des réponses claires sur le personnage central de la Révolution algérienne. Pourquoi Mohamed Boudiaf s'est-il exilé au Maroc? Quand et comment est-il mort? Pourquoi ne pas rouvrir le dossier sur l'assassinat du président Boudiaf? Quelle est la réaction des Moudjahidine sur son assassinat? Et pourquoi nous ne respectons pas l'emblème national? Telles furent les cinq questions qui ont ébranlé la salle et laissé perplexes les conférenciers devant ces adolescents qui ne connaissent absolument rien de ce géant de l'Histoire de l'Algérie? Une autre question a été posée par les lycéens en marge de cette conférence au Cercle des moudjahidine à Alger: «Pourquoi vous ne nous dites pas la vérité alors que vous avez 90 ans?». Pour leur part, les moudjahidine ont expliqué que «l'état-major à l'époque s'est retourné contre le Gouverne-ment provisoire de la Répub-lique algérienne, et ce rien que pour assouvir des intérêts personnels». La salle des conférences était archicomble, les intervenants ont été séduits par l'intérêt que portent les adolescents à l'Histoire de leur Révolution et par le fait qu'ils ne jurent que par la vérité concernant l'histoire de leurs pays. «Je ne peux pas dire tout publiquement», s'est contenté de répondre Tayeb Thaâlibi, dit «Si Allal», âgé de 89 ans, ancien moudjahid. Mohamed Boudiaf est né le 23 juin 1919 à M'sila. Il a travaillé très dur et dignement dans plusieurs villes du pays telles que Bordj Bou Arréridj, Sétif, Jijel et d'autres afin de gagner sa vie dignement. M Boudiaf a commencé son militantisme dans les années 1940. Il a participé à toutes les étapes de la préparation de la Révolution algérienne et continué de lutter jusqu'à l'indépendance du pays, le 5 juillet 1962. Orateur et organisateur hors pair, Mohamed Boudiaf, dit Si Tayeb Al Watani, n'a jamais ménagé ses efforts pour la libération de son pays. Assassiné lâchement le 29 juin 1992 au Palais de la culture de Annaba en plein discours, la mort de Mohamed Boudiaf restera ancrée dans les mémoires des générations post-Indépen-dance. «La guerre actuelle est celle des luttes contre la corruption qui ne peut être gagnée que par la culture des sciences et le savoir», a conclu un des lycéens. Bravo les jeunes!

 

 

 

 

Liberté

ActualitéLundi, 16 Janvier 2012 10:00

Nacer Boudiaf interpelle MM. Ali Haroun, Ahmed Djebbar et Khaled Nezzar

“La vérité rendra un peu d’espoir”

Par : Nacer Boudiaf

 

“Je déteste les victimes quand elles respectent les bourreaux.” J.-P. Sartre

Il y a vingt ans, le 16 janvier 1992, la jeunesse algérienne découvrait Mohamed Boudiaf. Elle venait de le découvrir parce que l’adjudant et le colonel qui ont successivement présidé aux destinées de l’Algérie, dès l’Indépendance confisquée en 1962, ont tout fait pour que le nom de Boudiaf ne soit jamais connu, ni à l’école sinistrée, ni à l’unique télévision du système, ni dans la presse, limitée alors à deux titres.
Ainsi, dès 1962, le système qui avait pris la précaution d’assassiner d’abord Abane Ramdane en 1957 a déployé alors son jeu dans l’objectif de faire de l’Algérien un borné, un barbare et un fanatique :
1- borné, en lui inculquant le “principe” que sa culture est seulement arabo-musulmane. L’Algérien est ainsi amputé de sa dimension culturelle berbère naturelle. Mais Boudiaf, dès son retour, est alors le premier chef d’État algérien à rappeler officiellement que la personnalité de l’Algérien tient de l’amazighité, de l’islamité et de l’arabité ;
2- barbare. Dans la société la plus barbare, il arrive qu’on abatte un arbre pour cueillir ses fruits. Mais, dans l’Algérie indépendante, c’est Boudiaf qui a été abattu parce qu’il a refusé qu’on abatte l’arbre Algérie pour cueillir ses fruits. Il le paye de sa vie parce qu’il a martelé la mafia politico-financière par son slogan “L’Algérie avant tout”.
3- fanatique. Voltaire a parfaitement raison de dire que “celui qui soutient sa folie par le meurtre est fanatique”. Est-ce la folie qui s’est emparée alors du système pour lâchement assassiner Boudiaf, maquiller son assassinat en “acte isolé” et soutenir sa folie par le meurtre. Le système devient alors le pire des fanatiques.
Devant cette ambiance de trahison généralisée par le silence, cette pensée de J.-P. Sartre : “Je déteste les victimes quand elles respectent les bourreaux” me conforte dans mon combat d’interpeller toutes les consciences et particulièrement MM. Ali Haroun, Ahmed Djebar et Khaled Nezzar. Ces trois personnalités ont été très proches de Boudiaf pendant sa mission à la tête de l’État. Elles ont joué un rôle fondamental dans son retour en Algérie. De par la position qu’occupait chacun de ces messieurs, au moment de “l’acte isolé”, soit ils étaient en position de connaître ses bourreaux, soit en position de ne pas les connaître. S’ils ne les connaissent pas, de qui ont-ils peur de demander la réouverture du dossier et de l’enquête. S’ils se taisent et donc connaissent les bourreaux, alors ils deviennent eux-mêmes bourreaux, et donc pas respectables.
MM. Haroun, Djebar et Nezzar, il y a un adage qui veut tout simplement dire que devant une situation complexe, “on est partie du problème, ou partie de la solution”. L’assassinat de Boudiaf est un sérieux problème. Boudiaf était-il aussi fort physiquement pour nécessiter toute une rafale alors qu’eu égard à son âge et à sa santé précaire, une seule balle aurait suffi. C’est là où se situe le problème, votre problème. Car en fait, une seule balle était destinée au Président du Haut-Comité d’État qui commençait à déranger le système. Alors tout le reste des balles du chargeur, voire des chargeurs, n’était pas destiné à la victime de “l’acte isolé” mais à toute personne qui s’imaginait facile de toucher là où Boudiaf a mis le doigt et a commencé à faire mal au système. J’aurais voulu que le ministre de l’Intérieur de l’époque, feu Larbi Belkheir et d’autres responsables de la sécurité de l’État, qui ne sont plus de ce monde, soient aujourd’hui à vos côtés pour répondre à cet adage. Mais ils sont là où aucune pétition ne peut les sauver, ni les soustraire à la justice divine. Avec la justice divine, il n’y a ni faux procès ni “acte isolé”.
Je vous laisse, cependant, toute la latitude de répondre publiquement à cet adage, à cette manière de présenter le mal qui ne cesse de me torturer depuis que j’ai compté le nombre de balles dans le crâne, le dos et même le thorax de mon père.
Soit ! Boudiaf est mort. L’arbre de Novembre a été abattu en juin, mois de sa naissance. Le peuple algérien a été empêché de goûter aux fruits que Boudiaf lui préparait depuis 1947. Mais en mai prochain, en plein printemps, l’Algérien est appelé à choisir de nouveaux représentants à l’Assemblée nationale. Le système est perplexe et sclérosé. Soit il laisse les choses se passer normalement et alors là le printemps va bourgeonner de fruits qui ne seront pas du goût du système, quel que soit le goût de ces fruits. Soit il arrêtera une nouvelle fois le cycle de bourgeonnement et là, l’Algérie manquera pour la énième fois son rendez-vous avec le printemps. Le printemps berbère a été cruellement étouffé dans le sang, comme l’a été Boudiaf. Qu’en sera-t-il du printemps algérien ? Qu’en sera-t-il du système qui n’a plus de Boudiaf à aller tirer de son exil ?
La vérité sur “l’acte isolé” ne me rendra pas mon père, ne rendra pas le président du Haut-Comité d’État à l’État. Mais incontestablement, la vérité rendra un peu d’espoir ; espoir au futur chef de l’État de ne pas finir comme a fini l’homme de Novembre ; espoir aux jeunes soldats de ne pas avoir, dans l’avenir, à recevoir des ordres d’exécuter un homme honnête comme Boudiaf alors que les criminels courent les rues ; espoir enfin à tout le peuple que l’impunité a une fin, comme toute chose dans la vie.
Par ailleurs, on a été informé, il y a quelques jours de la nomination de
M. Abdelmalek Sayah à la tête de l’Office de la lutte contre la corruption. L’intéressé n’est autre que le procureur général du procès qui pense avoir sauvé le système en qualifiant l’assassinat de Boudiaf d’“acte isolé”. Le peuple est alors édifié. Toutes les affaires de corruption dont il a entendu parler seront qualifiées “d’actes isolés”. C’est dire que le printemps de la lutte contre la corruption n’a pas encore entamé la saison, de commencer à bourgeonner.
En ce qui me concerne, le dernier mot prononcé par mon père a été “l’islam”. Pour les croyants, les vrais, c’est là un signe de bon augure annonçant que Boudiaf est parmi les chouhada au paradis. Quel sera le dernier mot prononcé par les hommes du système ? À eux de le dire au peuple. Pour moi, c’est le mot : “vérité”.


N. B.

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