Source: Le Matin
Cela fait des mois que l’Algérie ressasse de juste au demeurant que l’insurrection populaire en Libye allait permettre la circulation d’armes de guerre et surtout le réarmement des groupes terroristes. Aqmi se serait procuré des armes dans les stocks du « guide » chassé du pouvoir, selon plusieurs observateurs.
Soit, Mercredi et jeudi, l’Algérie organise une conférence internationale sur le développement et la lutte antiterroriste au Sahel, L’objectif pour les participants ? Créer une "synergie" entre les quatre pays du champ (Algérie-Mauritanie, Mali, Niger) et leurs partenaires extrarégionaux sur les plans politique, militaire et sécuritaire.
Et voilà que la Libye s’avère la grande absente de ce conclave. Raisonnablement, ce pays, eu égard justement à sa situation actuelle, est le premier concerné par le sujet de la sécurité dans l’espace du Sahel et au-delà. Personne ne peut le nier. Seulement, à Alger on préfère tourner la tête vers le sud. Le malaise est donc encore manifeste sur le sujet libyen.
Il est vrai qu’Alger a très mal géré le dossier libyen, si tant est que même le ministre français des Affaires étrangères a qualifié la position algérienne sur la question d’"ambiguë". Un euphémisme on ne peut plus diplomatique pour dire que l’Algérie a soutenu tacitement Kadhafi.
La conférence d’Alger qui a lieu actuellement pouvait constituer une belle opportunité pour reprendre langue avec le CNT en l’invitant à prendre part aux travaux. Alger et le bras politique des révolutionnaires libyens auraient discuté et désamorcé cette crise qui pourrit les relations déjà assez compliquée par le passé avec le tyran déchu. Non, ce n'est pas le cas.
De part son profondeur territoriale et son influence sur le Sahel, la Libye était tout indiquée pour être présente. Cependant, une question demeure : l’Algérie a-t-elle invité les représentants du CNT ? Celui-ci aurait-il refusé d'y prendre part ? Sinon comment expliquer l'absence de ce pays voisin ?
Outre les quatre pays du champ, 38 délégations représentant le système des Nations Unies, les partenaires bilatéraux, notamment les cinq pays membres du Conseil de sécurité, les bailleurs de fonds et les organisations régionales prendront part à cette conférence, en plus de l’Union européenne et d’autres puissances internationales. Sauf la Libye.
Le Maroc, connu pour être un pays où le trafic de drogue est important aurait pu également prendre part à la conférence. Mais là encore, la possible coopération pour combattre ce fléau est sacrifiée sur l’autel des relations tendues et chatouilleuses des deux pays.
Rien de concret ne sortira des palabres. A l'issue, l'Algérie aura dépensé de l'argent pour accueillir experts et diplomates pour redorer une image quelque peu floutée. Mais pour répondre à la question posée au début, cette rencontre ne sert a priori qu'à remettre en selle un pouvoir largué, dépassé par la formidable accélération de l'histoire.
Yacine K.